Et si c’était… Cinci ?

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Mes chers compatriotes, mes chers concitoyens,

Ce quinquennat s’achève. Dans quelques mois se tiendront des élections cruciales. Elles ne doivent pas vous être confisquées. Alors que les deux favoris des sondages se démènent pour nous faire croire qu’il n’existe aucune alternative en-dehors de leur tête-à-tête, les différents partis politiques se montrent incapables de leur donner tort.

Comment peut-on encore parler de démocratie quand l’offre électorale est à ce point affligeante ?
Comment peut-on encore parler de république quand la souveraineté nationale est à ce point bafouée ?

Loin des mensonges néolibéraux qui détruisent depuis des décennies notre modèle de société, loin des folies identitaires qui menacent la cohésion de notre nation, une autre voie existe – juste, cohérente, sérieuse, conforme aux besoins et aux aspirations de l’immense majorité d’entre vous : la République.

Je suis candidat à l’élection présidentielle.

Parce que deux questions m’obsèdent :

Quel monde laisserons-nous à nos enfants ?
Quels enfants laisserons-nous à ce monde ?

Dans les deux cas, l’avenir qui se dessine m’inquiète terriblement.

C’est pourquoi ma priorité absolue est l’école. Refonder ensemble l’école de la République, notre école, une école qui instruit, qui transmet des savoirs, parce que l’émancipation ne peut être que le résultat de l’exercice de la raison, et ainsi en finir avec l’enseignement de l’ignorance et l’école-garderie. Nos enfants doivent y trouver un sanctuaire à l’abri des tumultes de la société, afin de devenir, sous l’autorité incontestable et incontestée des maîtres, des adultes libres et éclairés. Tous les démagogues profitent de l’effondrement de l’école : la réinstituer est un devoir impérieux pour les mettre hors d’état de nuire. La Cité ne vaut que ce que vaut son école ; c’est donc à la fois un enjeu pour chacun de nous, et un enjeu de civilisation.

Et puis, au-delà de l’école, nous devons retrouver, collectivement, le chemin de la raison, le goût de la connaissance et l’autorité du savoir. Nous sommes une nation scientifique, la patrie de Descartes et de Pasteur, or cette identité collective est mise en danger par l’offensive des multiples obscurantismes. Bien sûr, il faut douter ; le doute est à la base de toute démarche scientifique ou philosophique – mais le doute doit être méthodique, appliqué avec raison, et non pas manipulé dans des perspectives complotistes ou obscurantistes. C’est pourquoi promouvoir la science et l’exercice de la raison est si nécessaire.

D’autant plus au moment où notre Université et notre recherche sont au plus mal, gangrénées non seulement par des idéologies contraires à leur tradition rationaliste et universaliste, mais aussi par des logiques technocratiques et managériales étrangères à leur ethos. Le rayonnement scientifique d’une nation n’est pas réductible à des classements truqués ! Nos chercheurs, nos professeurs sont écrasés par une concurrence internationale folle et contreproductive qui délaisse la recherche fondamentale pour ne s’intéresser qu’aux applications immédiatement rentables d’un point de vue économique. La République a besoin de savants ; nous avons besoin de renouer fermement avec une culture scientifique solide, à tous les niveaux, chez tous les citoyens.

Ce qui va de pair avec la méfiance à l’égard des prophètes d’un progrès technoscientifique aux promesses illusoires. La science ne peut pas tout ; asservie à la finance et à la technique, elle ne peut rien… ou le pire. Il faut rompre avec l’idée que toute nouveauté est forcément bonne en soi, que le présent est en tout meilleur que le passé et moins bien que l’avenir, que nous vivons sous la protection magique d’un Progrès linéaire assurant un avenir radieux comparativement à un passé calomnié. La plupart des maux qui s’abattent sur notre monde – tant des points de vue économique qu’écologique – viennent de cette idée naïve ou cynique. Ainsi de notre vénération pour ce mot magique sur lequel se fonde notre économie : la « croissance ».

Dans un monde aux ressources finies, la quête insensée d’un accroissement infini du profit est une folie suicidaire. Elle justifie le pillage de la planète, bien au-delà de ce que celle-ci, la seule sur laquelle nous puissions vivre, peut produire. L’activité humaine a bouleversé bien trop de phénomènes environnementaux de manière irréversible. Il est toutefois encore possible d’éviter la catastrophe et d’atténuer la crise climatique. Si nous voulons laisser un monde vivable à nos enfants, un monde dans lequel ils puissent avoir eux-mêmes des enfants, nous ne pouvons pas continuer ainsi. Seules deux voies s’ouvrent devant nous : soit nous nous engageons volontairement, de manière raisonnée et en répartissant le poids des efforts de manière juste et équitable, dans un important – peut-être le plus important de l’histoire – mouvement de transition ; soit nous subirons, de toute façon, une bascule violente, brutale et dont nous sortirons tous perdants et perdus – les plus faibles surtout.

La priorité est d’abord et avant tout de réduire drastiquement, à l’échelle mondiale, nos émissions de gaz à effet de serre. Et donc de nous sevrer de notre dépendance au pétrole et autres énergies fossiles. L’énergie, de sa production à sa consommation, est sans doute le problème majeur qui se pose à nos générations. Mais il faut être honnête : il n’y a pas de solution parfaite à notre servitude énergétique. Les « énergies propres » n’existent pas, ce sont des fables inventées par des lobbies qui jouent avec la peur et la bonne conscience mais qui participent outrageusement à la pollution de la planète. Nous sommes face à trois grands devoirs : la réduction des besoins en énergie, l’établissement d’un équilibre global des sources dans lequel l’énergie nucléaire ne peut que continuer d’avoir une part majeure parce qu’elle est la seule à combiner efficacité et non-émission de gaz à effet de serre, et la recherche scientifique pour développer de nouvelles sources dont l’exploitation doit être plus respectueuse de notre planète.

L’intérêt général ne s’exprime en nulle question plus vivement, plus dramatiquement, qu’en ce qui concerne l’environnement. Une réponse républicaine ne peut qu’être ambitieuse, c’est-à-dire à la hauteur des enjeux ; scientifiquement fondée, c’est-à-dire éloignée de tous les charlatanismes et de toutes les manipulations idéologiques ; et juste, c’est-à-dire avec pour objectif de préserver les plus faibles et de s’attaquer aux causes réelles de ce bouleversement planétaire qui met en danger l’humanité toute entière. Il faut en finir avec la moraline : ce n’est pas en culpabilisant les citoyens qu’on sauvera le monde si, parallèlement, on laisse les plus gros pollueurs continuer leurs affaires comme si de rien n’était.

Un changement profond de nos modes de consommation est nécessaire. Je n’essaierai jamais de vous vendre une utopie puérile : l’écologie conçue in vitro dans les centres urbains des grandes métropoles, l’écologie vue par le petit bout de la lorgnette par des gens qui ne connaissent ni la science ni la ruralité – cette écologie-là n’est pas la mienne. De telles escroqueries ne sauvent pas la planète mais elles pourrissent la vie des gens. En revanche, la crise climatique impose des changements profonds : moins de consommation, moins de surproduction, moins de gadgets, plus de temps long. Et tout le monde doit y participer… à hauteur de ses moyens et de ses responsabilités : pourquoi les mesures écologiques devraient-elles frapper plus durement les plus pauvres ? J’en ai assez de cette double peine : ce sont les plus précaires qui subissent le plus fortement la crise environnementale et, pour la juguler, ce devraient être encore les mêmes qui en supporteraient le poids ? Je refuse cette injustice.

Alors que le monde s’effondre, le peuple n’a pas à crever pendant que les ploutocrates sauvent leur peau. La confiscation du pouvoir réel par les puissances d’argent nous laisse des miettes : le divertissement produit industriellement pour nous occuper et nous faire taire. Du pain et des jeux ; des gadgets et des écrans. Et peu importe ce que vous pouvez penser ou dire, vivre ou ressentir. L’oligarchie s’en moque. Ou, vous fait taire violemment lorsque vous parlez trop haut. Ceux d’en bas doivent retrouver la parole. Vos inquiétudes et votre colère sont légitimes : votre sentiment de déclassement, comme votre impression de vivre une guerre de chacun contre tous à armes inégales, sont fondées. Vous avez raison. Les dirigeants politiques qui vous prennent de haut et vous disent que ce que vous vivez n’est pas réel vous insultent ; ceux qui prétendent vous comprendre et vous vendent des « solutions » qu’ils s’empressent d’oublier en arrivant au pouvoir vous mentent pour vous séduire.

Nous sommes si nombreux à nous sentir floués par un système dans lequel nous pensons jouer selon les règles et pourtant perdons à chaque coup alors que, sous nos yeux, les tricheurs, petits et gros, s’en sortent et gagnent toujours. Comment supporter une telle injustice ? On m’accusera de verser dans le populisme : est-ce être populiste que de parler au peuple, que de parler du peuple ? Je pense à tous ceux qui sont sérieux ; à tous ceux qui bossent durement pour gagner leur vie honnêtement et qui préfèrent l’amour du travail bien fait à l’appât du gain et à l’argent facile ; à tous ceux qui subissent les affres du chômage, de la vieillesse, de la maladie, de la précarité, de la souffrance, à tous ceux que la vie a cabossés, et qui survivent grâce à la solidarité nationale, non par choix mais parce qu’ils n’ont rien d’autre ; à tous ceux qui se sentent oubliés par la marche du monde, laissés-pour-compte de la technique, inadaptés aux nouveaux standards de la « modernité » ; à tous ceux qui sont fiers de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils font, de ce qu’ils sont, et qui voudraient que leurs enfants en soient fiers aussi ; à tous ceux qui démontrent que la décence commune, la responsabilité morale personnelle, l’honneur et la dignité sont des valeurs partagées évidentes que l’on n’a pas besoin de justifier, pour lesquelles on n’a pas à s’excuser.

Votre colère est légitime, de voir les escrocs, les arnaqueurs, les tricheurs, les fraudeurs, les voleurs, les petits délinquants qui terrorisent les quartiers ou les grands délinquants qui profitent de l’État et de la nation, donc de l’honnêteté de l’immense majorité des gens ordinaires : de votre honnêteté. Vous savez que le véritable assistanat est celui de cette élite de l’argent-roi, de ces ultrariches qui ne doivent rien à leurs talents mais tout à leurs parents, qui vivent dans un monde « connecté » mais connecté à rien, en apesanteur, détaché de ce tout ce qui fait la vie réelle, tellement « mobiles » qu’ils ne comprennent même plus ce qu’est une frontière, une borne : qu’elle serve à définir les limites d’une patrie ou celles de la décence. Si loin de ce peuple dont les souffrances paient leur train de vie et leur entre-soi.

Il n’y a rien que l’humain fait qu’il ne peut défaire : en politique, seule compte la volonté. Et le politique doit primer sur l’économie, l’intérêt général sur les intérêts privés. La désindustrialisation, le chômage de masse, ne sont des fatalités hors de notre pouvoir que pour ceux qui y trouvent leur compte : des solutions existent, elles exigent seulement ce que notre classe politique a depuis longtemps perdu : du courage. Pas celui qu’elle impose au peuple en sabrant chaque jour un peu plus dans les droits des travailleurs, dans les conquis sociaux obtenus de haute lutte par nos aïeux, dans notre modèle social hérité de générations autrement plus conscientes de l’intérêt général. Non : ce dont ils sont dépourvus, c’est du courage d’assumer leurs responsabilités devant la nation française qui leur a prêté le pouvoir.

L’économie française ne s’est jamais mieux portée, dans l’histoire, que lorsque l’État assumait son rôle dans le cadre d’un pacte clair entre le public et le privé. Artisans, commerçants, petites et moyennes entreprises, salariés et entrepreneurs, public et privé : nous sommes tous solidaires au sein de l’économie nationale. Nous devons rompre avec les dogmes néolibéraux qui vantent la concurrence sauvage et crée de toutes pièces des boucs émissaires livrés à la vindicte générale. Ces idées suicidaires nous ont menés dans le mur. Nous devons, au contraire, renouer avec les intuitions qui ont présidé aux périodes de vaches grasses. Alors que tous nos champions nationaux, ces grandes entreprises qui ont fait notre fierté, ont été privatisés avant d’être revendus à la découpe à des entreprises étrangères, permettant au passage à leurs fossoyeurs d’empocher de confortables magots en récompense de leurs forfaitures, nous devons réorganiser notre économie autour de grands groupes publics ou privés qui s’appuient sur un réseau dense de solides PME, en encourageant, par tous les moyens, l’investissement et le travail, plutôt que les rentes du capital, en bâtissant ensemble les conditions d’un développement serein des entreprises par une planification raisonnable (n’est-il pas étonnant, d’ailleurs que ce mot fasse hurler les néolibéraux lorsqu’il vient de l’État, alors même que les grandes entreprises transnationales n’aiment rien tant que la planification et la centralisation dans leur organisation interne ?).

Contrairement à ce qu’ils prétendent, le chômage n’est pas une fatalité. Le chômage de masse se montre une situation bien commode pour le patronat puisqu’il permet de tirer les salaires vers le bas et de faire jouer la concurrence entre les travailleurs. Il n’est pas inéluctable ! Ceux qui affirment qu’on n’y peut rien, qu’on a tout essayé, que c’est « la loi de l’économie » comme il y a les lois de la physique et qu’on ne peut aller à l’encontre ni des unes ni des autres : ceux-là sont des menteurs. Les politiques qu’ils préconisent et mènent depuis des années ne peuvent, dans le meilleur des cas, qu’espérer une croissance sans emploi… ce qui les arrange bien ! Des menteurs… et des faussaires lorsqu’ils se gargarisent d’annonces spectaculaires pour quelques points de baisse dans des statistiques nationales biaisées. Ce ne sont là que des tours de passe-passe qui cachent des hausses de la pauvreté. La précarité comme solution au chômage : telle est la recette miracle des néolibéraux. Sans jamais penser à ceux qui la subissent : en quoi est-il positif et valorisant d’enchaîner des petits boulots, souvent à temps partiel, sans aucune assurance de pouvoir les garder le mois suivant, voire la semaine suivante, et, surtout, qui ne permettent pas de vivre dignement ? Paysan et artisan, travailleur indépendant et profession libérale, employé du public et du privé, entrepreneur et petit patron : chacun doit pouvoir vivre de son métier – et s’il ne peut en exercer à cause de l’âge, de la maladie, ou d’un accident de la vie, la solidarité nationale doit lui donner les moyens de vivre décemment.

Les emplois doivent revenir en France ; la réindustrialisation de notre pays n’est pas qu’une exigence économique : c’est un devoir humain, une nécessité stratégique et un impératif politique. Le chantage aux délocalisations, qui s’appuie sur la concurrence internationale faussée entre les entreprises, entre les modèles sociaux et entre les salariés d’un pays à l’autre, sert de prétexte aux attaques contre le droit du travail, cet ensemble de règles et de normes qui protègent les travailleurs et leur assurent des conditions de travail sûres et dignes. En abaissant les normes, en supprimant des droits, en augmentant toujours plus la pression sur les salariés, la souffrance au travail explose sans qu’aucun des effets bénéfiques promis ne montre son ombre. Ainsi nous a-t-on vanté les mérites des entreprises sans usines, modèle dans lequel les fonctions supposées inférieures – quel mépris pour les ouvriers et leurs compétences ! – pouvaient partir à l’autre bout du monde, tant que les cadres demeuraient en France. Non seulement la fameuse compétitivité de ces entreprises ne s’est pas améliorée, non seulement la qualité de leurs productions a baissé, non seulement cette stratégie mortifère a aggravé le chômage et les conditions de travail, mais en plus, on s’aperçoit benoîtement qu’après les ouvriers, ce sont les fonctions de cadres qui disparaissent aujourd’hui !

Dans la mondialisation, la concurrence est injuste et faussée. L’État doit protéger nos entreprises de la voracité de leurs concurrentes et, surtout, cesser d’appliquer avec un zèle suicidaire des règles du jeu que nous sommes les seuls idiots à respecter. Puisque nous sommes forcés de nous battre dans cette arène, battons-nous au moins à armes égales avec nos adversaires ! Tous les autres États assument une forme ou une autre de protectionnisme de leurs marchés et de leurs entreprises : pourquoi diable n’en ferions-nous pas autant ? Et si, pour cela, nous devons engager un bras de fer avec les petits télégraphistes de l’ordolibéralisme qui, depuis Bruxelles, prétendent dicter sa politique économique et industrielle à la France, qu’il en soit ainsi. Ne jouons plus les paillassons économiques ! C’est une question de souveraineté, d’intérêt général.

Il est grand temps d’en finir avec ce modèle fou de la mondialisation marchande, dans lequel on importe, par containers géants sur des cargos gigantesques qui polluent plus que des villes entières, des marchandises produites à l’autre bout du monde sans aucun contrôle écologique, technique ou de qualité, par des individus réduits au statut de quasi-esclaves – alors même que ces marchandises, lorsqu’elles ne sont pas de simples gadgets inutiles et néfastes pour l’environnement et pour la santé des consommateurs, pourraient être produites en France, par des entreprises et des travailleurs qui reconstitueraient ainsi un tissu économique solide et rendraient vie et dynamisme à ces territoires peuplés d’hommes et de femmes sacrifiés sur l’autel de la mondialisation. Sortons du règne de la marchandise, de l’aliénation consumériste qui étouffe le citoyen sous le consommateur, de l’uniformisation marchande du monde qui détruit toutes les spécificités nationales ou locales pour les remplacer par du folklore markété et du spectacle industriel. La valeur d’échange s’impose sur la valeur d’usage, à tel point que l’humain lui-même devient marchandise.

Le mouvement d’expansion de la finance, de plus en plus indépendante de l’économie réelle – les entreprises qui produisent des biens et emploient des travailleurs –, s’étend à tous les domaines, à tous les objets, à tous les sujets, entraînant, outre la destruction de l’État-Providence, seul rempart des plus pauvres et des plus fragiles, l’accumulation du capital entre des mains chaque jour moins nombreuses, l’augmentation des profits spéculatifs des plus riches et l’appauvrissement de la population. La finance n’est pas coupée du réel : au contraire, elle le vampirise. Elle crée une illusion de valeur, d’argent, à travers des paris délirants sur l’avenir. Les financiers sont des faux-monnayeurs. Ils importent dans le présent la monnaie qu’ils espèrent voir créée dans l’avenir par une croissance de la richesse qu’ils ne font qu’imaginer et sur laquelle ils n’ont aucun droit. La finance mondialisée n’est qu’une vulgaire mafia. Ce système s’effondre régulièrement, à chaque crise financière, laissant sur le carreau toujours les mêmes victimes : les peuples – jamais les banquiers, les très-grands-patrons ni les dirigeants politiques responsables de ces catastrophes. Pourquoi les dettes des investisseurs privés devraient-elles être assumées par les contribuables ? La responsabilité doit changer de camp : ceux qui jouent avec l’argent des autres, avec l’argent du peuple, avec votre agent, doivent assumer les risques qu’ils courent : c’est eux qui doivent payer les pots cassés, pas vous ! Et ils paieront ! Ils paieront tant, qu’ils ne joueront plus à cette économie de casino bien longtemps.

Et pour cela, l’État doit retrouver toute sa puissance – la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille ! Il est temps de rendre au politique son autonomie, sa volonté et son ambition en le libérant des intérêts privés de la finance ! Que la chose publique, la res publica, redevienne vraiment publique. Il est temps de rendre au peuple son pouvoir ! Vous rendre le pouvoir, cela signifie vous rendre, à vous, citoyens français, la souveraineté qui vous a été dérobée par les adorateurs du pognon-roi, par les technocrates sans cœur ni cervelle, par les dirigeants politiques veules. Souveraineté nationale et démocratie sont synonymes. Certes, nous ne vivons pas dans une dictature – il y a de l’obscénité dans de telles outrances. Mais notre système politique n’est pas non plus celui d’une démocratie saine – loin s’en faut !

Les institutions tournent à vide : la technocratie s’est emparée de tous les rouages et les a verrouillés, à tel point que même vos représentants n’exercent qu’un pouvoir de pure apparence et se contentent de produire à la chaîne des lois inutiles ou dangereuses, parce que mal conçues et vite votées dans l’émotion d’un fait divers. Toutes les fausses solutions qu’on vous fait miroiter pour, soi-disant, vous rendre confiance en notre démocratie représentative, ne sont que des jeux de dupes qui éloignent à chaque fois un peu plus le pouvoir réel de sa seule source légitime : vous, le peuple. Et sape les fondements-mêmes de notre nation politique et de l’État censé la représenter, l’organiser et la protéger.

L’État a pour fonction première d’assurer la sécurité des citoyens ; parce que trop de belles âmes nient ce que vous vivez chaque jour, à savoir l’extension du domaine du caïdat et l’impunité des délinquants dans un nombre croissant de territoires abandonnés aux mafias criminelles et identitaires ; parce que ce n’est pas en distribuant, dans une énième « politique de la ville » inefficace, des milliards à des associations aux amitiés douteuses, que l’on sauvera les quartiers terrorisés par une insécurité qui n’a rien d’un « sentiment » ; la seule solution crédible est « la République à chaque coin de rue » : un investissement massif de l’État, à votre service, afin de rétablir l’égalité de tous devant la loi dans ces territoires urbains victimes de la délinquance organisée. Chacun doit avoir en permanence conscience qu’en France on ne se soumet qu’à la loi commune – celle de la République.

« La République à chaque coin de rue » doit s’appliquer partout en France. Dans les espaces ruraux aussi, pour sauver les petites villes et les villages ruraux abandonnés au profit de métropoles sécessionnistes et d’intercommunalités incompétentes. Que chaque citoyen français, où qu’il vive, ait un accès réel aux mêmes services, aux mêmes chances, aux mêmes infrastructures. Les politiques d’aménagement du territoire ont failli. Après quarante ans de destruction néolibérale, il ne s’agit rien de moins que de reconstruire la France, comme elle a dû l’être au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et comme elle l’a été pendant les Trente Glorieuses : l’ambition est immense – elle est à la hauteur de la situation.

Mais pour que le politique et l’État puissent jouer pleinement leur rôle, ils doivent en avoir les moyens. Ainsi la fiscalité doit-elle être complètement repensée. J’entends les plaintes régulières sur l’air du « je paie trop d’impôts ». Certes, de notre point de vue individuel, nous payons toujours trop d’impôts… quand bien même nous n’en paierions qu’un seul euro. Il faut en finir avec cette manière égoïste de penser. De même, les vindictes catégorielles et les jalousies corporatistes sont des enfantillages à proscrire définitivement. Dans la situation critique que nous vivons, je n’ai que faire des jérémiades des uns ou des autres qui s’estiment moins bien lotis que leur voisin. Seule compte la justice. Car le problème n’est pas le montant des impôts mais qu’ils soient justes et compréhensibles. Ce qui n’est évidemment pas le cas aujourd’hui. C’est pourquoi une remise à plat de tous les impôts, des niches fiscales et du système de redistribution sera engagée dès le lendemain de l’élection présidentielle avec ce seul mot d’ordre : la justice. De telle sorte que l’impôt redevienne véritablement progressif : je m’engage à ce que plus de 90 % de ceux qui paient aujourd’hui des impôts en paient moins ou autant à l’issue de cette réforme et, surtout, que l’intérêt général soit la seule pierre de touche de toute dépense publique, et que l’action publique soit irréprochable.

Notre État-nation s’est construit historiquement avec une colonne vertébrale publique forte et assumée comme bien commun. Afin de remettre sur pied la France, l’administration et les services publics doivent être profondément réformés. Non pas au sens que le beau mot de « réforme » a pris depuis quelques décennies, celui d’une destruction systématique de tout ce qui fait l’originalité et l’efficacité de notre modèle français, mais bien dans l’objectif de leur rendre toute leur puissance. Plus que jamais, ils doivent être renforcés et mobilisés pour servir l’intérêt général, parce qu’ils sont l’expression institutionnelle de la solidarité nationale, et parce que je refuse l’ignoble « malheur aux vaincus » dans une concurrence de chacun contre tous. Tel n’est pas notre modèle de société.

Un modèle que nous devons défendre. Nous pouvons être fiers d’être français : nous sommes les héritiers d’une longue histoire, avec ses parts d’ombre et de lumière, qu’il faut connaître, reconnaître et embrasser en bloc, avec lucidité et enthousiasme. Nous sommes les héritiers d’une langue, d’une culture, d’un patrimoine, d’un territoire, de paysages, de traditions… auxquels il nous faut témoigner un tendre souci afin de les enrichir et les transmettre plus beaux encore que nous les avons reçus. C’est une responsabilité immense qui nous incombe. Français, nous n’avons pas à rougir d’aimer la France, notre patrie, ses villes et ses écrivains, ses guerres et ses fêtes, ses révolutions et son modèle social, ses défauts et sa devise : Liberté Égalité Fraternité. Sa République, enfin.

Contrairement aux affirmations péremptoires des entrepreneurs de haine et de peur, l’immigration ne met pas en danger notre culture ni notre civilisation. Au contraire, ces dernières reposent sur une longue tradition d’hospitalité et d’asile dont nous pouvons être fiers. En revanche, je ne partage pas non plus les fantasmes d’accueil sans limite de toute la misère du monde et de disparition des frontières ; affirmer de telles billevesées, c’est jouer contre son camp et vivre dans une réalité parallèle : si l’immigration massive est tant appréciée des grands patrons, c’est précisément parce qu’elle a été initiée afin de mettre en concurrence les travailleurs en leur imposant une situation de crise, prolongée et aggravée ensuite par la concentration inhumaine de populations étrangères dans des territoires déjà en proie à de nombreuses difficultés. Fantasme xénophobe de la fermeture et de l’entre-soi d’un côté, ou déni de réalité avec l’idée absurde d’une ouverture faussement généreuse de l’autre – entre ces deux folies aussi illusoires que dangereuses, je préfère la raison, la lucidité et l’honneur. Cette voie de la raison n’est ni simple ni facile, elle exige discernement, subtilité et fermeté. Le pacte passé entre la nation et ceux qui souhaitent la rejoindre devrait apparaître évident. Qu’il s’appelle « assimilation » ou « intégration », peu importe, ces mots ont perdu leur sens à force d’être maltraités. Les critères, pour entrer et demeurer sur notre territoire et rejoindre notre communauté doivent être clairs et cohérents : d’une part, le droit d’asile est un devoir d’accueil auquel nous ne pouvons nous soustraire sans renier ce que nous sommes mais qui doit être appliqué sans démagogie : le droit d’asile, ce n’est pas l’accueil irréfléchi et inconditionnel de tous ceux qui le demandent ; d’autre part, tout individu désirant sincèrement participer à notre nation et ayant à cœur les principes républicains qui la meuvent est le bienvenu et il doit être reçu et accompagné dignement, en particulier dans l’acquisition de la langue française. Quant à ceux qui ne souhaitent pas faire cet effort, qui ne reconnaissent pas que les seules lois qui s’appliquent en France sont les lois de la République, qui rejettent nos principes fondamentaux et non négociables – universalisme, laïcité, égalité en droit des individus… –, ils n’ont pas leur place ici.

Nous devons assumer et porter haut ces principes. Je défends l’humanisme civique et l’universalisme républicain contre tous les racismes (y compris ceux qui se cachent derrière des discours faussement antiracistes) – l’antisémitisme, en particulier, retrouve actuellement une odieuse vigueur et gangrène notre société –, contre tous les identitarismes, contre tous les séparatismes, contre tous les communautarismes. Ce combat s’avère d’autant plus nécessaire que partout les obscurantismes progressent. La laïcité est notre bien le plus précieux en ce qu’elle assure l’absolue liberté de conscience. Contre tous ceux qui rêvent de l’abolir, nous devons la maintenir lumineuse et droite. Les ennemis de la raison et des Lumières, les complices du terrorisme, les fanatiques religieux, les assassins de nos enfants et de leurs enseignants… menacent de couvrir notre modèle de civilisation d’un voile sanglant. La guerre contre la République, contre la raison, contre la liberté nous a été déclarée : nous n’avons d’autre choix que de la mener. Et de la gagner.

Le terrorisme islamiste nous endeuille régulièrement. L’idéologie à sa source progresse insidieusement dans les esprits, de renoncement en complicité, s’opposant à tout ce que nous représentons, à tout ce que nous incarnons, à tout ce que nous chérissons :
contre le politique : une vision criminelle de la religion ;
contre les libertés de conscience et d’expression : les dogmes et la censure ;
contre la raison : la superstition ;
contre l’égalité absolue entre les individus : le marquage des femmes comme êtres inférieurs ;
contre la solidarité nationale et la fraternité : la segmentation de la population et l’apartheid ;
contre le monde commun : la guerre des identités.
La compréhension fine et la connaissance précise de ces mouvements sectaires fondamentalistes, de leurs origines, de leurs fonctionnements, de leurs soutiens… sont nécessaires pour les vaincre, de même qu’une volonté intransigeante : aucune concession, aucun accommodement déraisonnable ne peut être envisagé. Jamais. Nulle part. Notre main ne doit pas trembler, notre détermination de peut pas faiblir. Nous sommes très loin d’en avoir fini avec l’islamisme, d’autres attentats auront lieu, d’autres morts seront pleurés. Mais nous ne cèderont plus rien de nos libertés.

Et quand je vois comment certains de mes adversaires politiques jouent les matamores en public et se laissent séduire par les amis de nos ennemis en privé, pour des places ou de l’argent, je ne peux qu’éprouver du mépris et du dégoût envers ces traîtres. Je pense en particulier à la manière dont ils vendent la France à la découpe à des pays qui servent de base arrière pour ceux qui massacrent nos enfants. Ou bien à qui ils se réjouissent de vendre des armes ou de brader nos technologies. Les intérêts internationaux de la France ne se limitent pas la politique du carnet de chèques. La politique étrangère de la France ne se résume pas à de fausses alliances dans lesquelles nous sommes toujours perdants. La France a occupé une place centrale sur la scène internationale. Oh ! Il ne fait pas de doute que les autoproclamés « grands de ce monde » ne la regardent plus qu’avec mépris. S’ils avaient un peu de culture, ils sauraient qu’elle incarne quelque chose d’unique que beaucoup de peuples voient encore en elle et aspirent à voir s’affirmer de nouveau. Et qu’il ne tient qu’à nous de raviver.

La République est mon seul programme.

Je ne fais pas partie de ceux qui s’agitent nerveusement en invoquant la République à tout bout de champ avec des trémolos dans la voix mais qui ne sauraient même pas la reconnaître si elle se plantait devant eux avec son bonnet et sa cocarde.
Non : vous le savez, je n’évoque la République qu’avec gravité.
Je ne suis pas adepte du funambulisme politique. Je revendique la cohérence d’une vision du monde de laquelle je tire des propositions programmatiques très concrètes. Et bien plus raisonnables que ce que mes adversaires politiques et mes ennemis idéologiques défendent.
Je me fiche des étiquettes ; peu m’importe que mon programme soit « de gauche », « de droite », « progressiste », « conservateur », « populiste » ou que sais-je encore.

La République est mon seul programme.

Je suis toujours étonné par mes adversaires qui passent leur vie à rêver de prendre la tête de l’État et de la République… afin de mieux les avilir. Après tout, c’est la mode aussi dans les grandes entreprises : les diriger pour mieux les vider de leur substance, puis les revendre à vil prix afin d’empocher le pactole. Trop de gouvernants se conduisent ainsi. Or, en matière politique, cela s’appelle de la haute trahison. Je ne partage pas cette conception de l’État, j’ai trop de respect pour la chose publique pour asservir ainsi l’intérêt général à mes intérêts privés.

Quant aux petits boutiquiers qui confondent politique et comptabilité, qui ont une calculette à la place du cœur et des tableaux de chiffres en guise de neurones, qu’ils se rassurent : je répondrai dans une semaine à la seule question qui anime leur piteuse existence – « combien ça coûte ? ».

La République est mon seul programme.

Cela signifie que j’ai une haute idée de la liberté comme émancipation et autonomie, comme engagement au service de la Cité et pour l’intérêt général, comme participation à l’édification d’un monde commun. Foin des relativismes nihilistes : le vrai, le juste, le bien, le beau existent, au moins en tant qu’horizons de l’action, qu’objectifs à poursuivre, que critères de décision. Je ne me résous pas à l’idée que la déshumanisation de la société soit inéluctable, que nous devions sombrer dans une version moderne de la guerre de chacun contre tous, ou de sa version atténuée mais guère plus attrayante de la froide indifférence des uns envers les autres. Cette société de l’obscène, de laquelle l’humain est congédié, est la négation exacte de ce pour quoi je lutte depuis toujours : l’édification d’un monde commun véritablement humain.

En finir avec l’enlaidissement de nos vies et renouer avec le beau, valoriser le partage, la solidarité, l’hospitalité, l’entraide, la décence commune, l’honneur, l’engagement, l’intérêt général, l’humanisme… toutes ces notions devenues surannées et ringardes : dans l’état actuel de décomposition avancée du politique, sans doute est-ce curieux. Contrairement à d’autres, je ne vous infantiliserai jamais, je n’essaierai pas de vous influencer par des ruses lâches, nous sommes un peuple de citoyens adultes qui doit être traité comme tel. Mon objectif : réinstituer la République laïque et sociale, renouer avec la vertu civique, cette conception exigeante de la liberté et de la citoyenneté, cette capacité à s’élever au-dessus-de soi, à décider contre soi lorsque c’est nécessaire, contre ses intérêts privés lorsqu’ils contredisent l’intérêt général, à penser en tant que citoyens membres d’une nation politique, avant qu’individus repliés sur eux-mêmes.

La République est mon seul programme.

Mes chers compatriotes, mes chers concitoyens, je me présente à vos suffrages pour la charge la plus importante, pour la responsabilité la plus grave. Parce que je suis convaincu que ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire les adversaires et les ennemis de la République, ma politique étrangère et ma politique intérieure, ce sera tout un. Politique intérieure, la République ; politique extérieure, la République. Toujours la République !

Vive la République. Vive la France.

Cincinnatus, 30 août 2021

Mon programme :

L’école : La vocation de l’école, #Pasdevague, La mort du bac, l’enterrement de l’école, Le Maître et Hanouna
La science et le Progrès : Amnésie béate et illusion du Progrès, Progrès scientifique : Prométhée chez les traders
La recherche et l’université : Comment la recherche meurt de la technocratie et du management, Les crises de l’université, Quelque chose de pourri au royaume des SHS
L’environnement, l’écologie et l’énergie : Écologie : entre tartuffes et idiots inutiles, Écologie : de l’apocalypse à la pensée magique, Écologie : pour une réponse républicaine
L’économie : Un républicanisme économique ?, « It’s the economy, stupid »
La souveraineté et les institutions : Une nouvelle République ?
La sécurité : Extension du domaine du caïdat, La République à chaque coin de rue, Quelle sécurité ?
Les espaces ruraux : La République à chaque coin de rue, Une nouvelle République ?
La fiscalité : Consentement à l’impôt et justice fiscale, L’avarice fiscale
L’administration et les services publics : Rénover la fonction publique ? Chiche !
La culture : Français, halte à la haine de soi !, Langue, école, art : les barbares du progressisme culturel, La culture se fiche des progressistes, On achève bien la culture
L’immigration, l’intégration et la nation : La nation balkanisée
La laïcité et l’universalisme : Dieu est mort, foutez-nous la paix !, L’universalisme dans le piège des racistes, L’universalisme républicain dans la « tenaille identitaire » ?, Mascarades de la pureté, L’universalisme n’est pas une idéologie comme les autres, Les enfants de Torquemada, Moraline à doses mortelles
L’islamisme et le terrorisme : « Islamo-fascisme », vraiment ?, Qu’ils me traitent donc d’islamophobe !, Face à l’horreur : penser et agir, Adversaires ou ennemis ?
La vertu civique : L’édification du monde commun, De la vertu en République

À suivre…

Publié par

Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

5 réflexions au sujet de “Et si c’était… Cinci ?”

  1. Si vous êtes candidat, nous avons besoin de savoir qui vous êtes et/ou pour qui vous roulez. Sortez donc de cet anonymat confortable et dites nous votre nom (ou vos noms) et votre ou vos parcours. Merci.

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  2. Beau programme et idées cohérentes pour une démocratie moderne : vive la république et vive la France ! Maintenant’, vous disposez de 18 millions d’euros et de 500 signatures ?

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