Le républicanisme, c’est quoi ?

Inscrite dans toutes les typologies classiques des formes de gouvernement, la République représente une organisation tempérée, équilibrée, du pouvoir, en opposition à la tyrannie. Cette opposition dépasse néanmoins la pure abstraction formelle d’un traité de science politique, aussi importante soit-elle. Elle s’exprime par la haine viscérale que portent les républicains contre toutes les confiscations du pouvoir par un groupe ou un individu pour leur seul profit. Le républicanisme est une pensée qui s’actualise dans le combat politique. Malheur des républicains qui ne sont jamais aussi grands que sous le joug du tyran !

L’imaginaire collectif des républicains est plein de ces convulsions historiques, de ces époques symboliques, de ces luttes contre les empires. Les références historiques sont riches de moments mythifiés… mais dont la mythification est reconnue et assumée. Brutus, les Républiques italiennes de la Renaissance, les deux Révolutions américaine et française, la IIIe République… l’émotion que suscitent ces évocations n’est pas celle du fantasme : les républicains connaissent suffisamment leur histoire pour en savoir les complexités et les ambiguïtés. En revanche, mieux que d’autres, ils ont compris et assument la nécessité d’un idéal normatif. Ces morceaux d’histoire et d’histoires, ces narrations dont la part fictionnelle est revendiquée, fonctionnent tout à la fois comme autant de cris de ralliement et comme une asymptote qu’il faut approcher au plus près, un objectif dans les nuées qui encourage à bâtir plus haut, à s’engager pour se montrer digne de ces modèles héroïques.

S’engager. Au cœur du républicanisme réside une conception exigeante de la vie civique et de l’engagement. Le principe, le moteur qui fait vivre la République, c’est la « vertu ». Il ne s’agit pas là d’une morale puritaine qui imposerait le bien et le mal ou qui jugerait des bonnes ou mauvaises mœurs des individus : la République n’en a cure – ce qui se passe dans les chambres à coucher ne l’intéresse pas. La vertu républicaine est vertu civique : c’est une éthique de l’engagement. Comme l’écrit si bien Montesquieu, « on peut définir cette vertu, l’amour des lois et de la patrie. Cet amour, demandant une préférence continuelle de l’intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières ; elles ne sont que cette préférence[1]. »

L’homme ne se réalise pleinement que dans la participation à la vie de la Cité : c’est là l’expression de sa liberté, comme autonomie (auto-nomos : qui se donne à lui-même sa propre loi) et non comme retranchement paresseux dans le confort de sa vie privée, conception libérale d’une liberté au rabais qui n’est qu’un leurre. Le politique demeure, pour les républicains, le lieu où l’homme peut être pleinement humain, par la mise en commun de la parole et de l’action, au service de l’édification d’un monde commun, pour utiliser le vocabulaire d’Hannah Arendt. La discussion entre pairs, la délibération collective, la collégialité doivent toujours être préférées au pouvoir d’un seul. De là l’importance, dans les instances politiques, du Parlement, émanation du peuple et lieu de construction de la loi, expression de la volonté générale. Si le législatif prime toujours sur l’exécutif, ce dernier n’est pas pour autant réduit à un État-croupion. Ce sont les libéraux qui voient dans l’État l’ennemi à abattre. Les républicains, au contraire, sans jamais sombrer dans le césarisme qu’ils exècrent, reconnaissent le besoin d’un État fort qui assure le bien commun et l’égalité des droits contre les intérêts particuliers et leur volonté de s’imposer par la force.

Au fond, le républicanisme, c’est la conscience exaltante et douloureuse du soin à porter sans cesse à la chose publique, la res publica.

Cincinnatus,


[1] L’Esprit des lois, tome 1, livre 4, chapitre 5

Publié par

Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

2 réflexions au sujet de “Le républicanisme, c’est quoi ?”

  1. très clairement, vous réalisez la vacuité absolu de votre texte!!!!!!!!!!
    la république c’est aimer la liberté et l’engagement…. Même Zemmour respecte plus l’idée de république que ça !

    La république, c’est quand les gens sont gentil!!!!!!!

    Je vais relire Joseph de Maistre pour me détendre après le flot de connerie de votre article!!!!!!

    Arthur VILLERS

    Contactez moi, j’aime le débat et l’argumentation
    Et j’aime la république, par comme l ‘autre idiot
    Seulement voila, je l’aime trop pour la voir défendu par des arguments stupides

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    1. Bonjour,

      Vous pouvez ne pas être d’accord avec le résumé que je fais de la pensée politique dite républicaine. En revanche, la mauvaise foi et les insultes ne sont pas les bienvenues. Je ne validerai pas d’autre commentaire posté sur ce ton.

      Cincinnatus

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