Pot-pourri chaotique de questions naïves en période de confinement

Il y a un mois, c’était pas « juste une grippette » qui, de toute façon, n’arriverait jamais en France ?

Plutôt que la promesse de la légion d’honneur pour le personnel hospitalier, pourquoi ne pas lui accorder ce qu’il demande : des salaires décents, un équipement digne d’un pays développé et une gestion humaine ayant pour objectif l’intérêt général et non la productivité ?

Le télétravail avec enfant peut-il devenir une discipline olympique ?

Qui sont les plus utiles à la société : ceux qui sauvent des vies ou ceux qui jouent au casino avec la Bourse ?

Est-ce que 300 milliards d’euros, c’est « un pognon de dingue » ?

D’ailleurs, ils sortent d’où, ces 300 milliards, puisqu’on nous avait dit, au printemps 2018, qu’il n’y avait pas « d’argent magique » pour sauver l’hôpital public ?

Ceux qui se réjouissent, plus ou moins ouvertement selon la taille de leur surmoi, de voir disparaître « naturellement » les plus faibles, ont-ils conscience que leur mantra schumpétérien de la « destruction créatrice » masque mal leur fascisme ?

Entre ma gamine et le télétravail, sans même parler des lessives, du ménage, etc., je n’ai pas eu le temps d’ouvrir un bouquin : sérieusement, vous faites comment, vous ?

Avait-on vraiment besoin de détruire les services publics pour se rendre compte qu’ils sont indispensables ?

Les fous de dieu, les charlatans de l’antiscience et autre obscurantistes qui rêvent d’éteindre les Lumières rendront-ils enfin des comptes pour les milliers de morts dont ils vont être responsables ?

Quel choix sera fait aux urgences lorsqu’arriveront en même temps ma grande-tante de 97 ans et un trentenaire qui a voulu profiter du beau temps au parc et sortir peinard dimanche dernier comme s’il était en vacances ?

Jusqu’où ira l’utilisation cynique de la crise sanitaire pour accélérer encore le saccage du droit du travail ?

Le baby-boom compensera-t-il le nombre d’infanticides ?

Mépriser pendant des mois les soignants qui font grève pour dénoncer l’abandon  du service public de santé et les qualifier ensuite de héros relève-t-il du cynisme ou de la schizophrénie ?

Desproges était-il visionnaire avec son sketch sur le pangolin ?

La distanciation égoïste, la déconnexion à la fois du réel et du commun, caractéristiques de notre société de l’obscène, sont-elles inéluctables ?

Pourquoi ceux qui ne jurent que par l’individualisme et la responsabilité individuelle en appellent-ils systématiquement à la solidarité et à l’État lorsqu’ils en ont besoin ?

Ça veut dire quoi « faire nation » ?

Les gourous du new public management qui se sont acharnés à massacrer les hôpitaux en les transformant en entreprises obnubilées par le chiffre et la rentabilité auront-ils la décence de se couvrir la tête de cendres et, s’ils sont malades, de rester chez eux afin de ne pas encombrer inutilement lesdits hôpitaux ?

La principale caractéristique de la start-up nation est-elle sa sottise ou son arrogance ?

Pourquoi, dès les premières semaines de l’épidémie en Italie, voire en Chine, ne pas avoir commandé massivement des masques et réanimateurs, ne pas avoir réorganisé les hôpitaux, ne pas avoir équipé les médecins généralistes ?

Sommes-nous en guerre ou en pandémie ?

À l’issue du confinement, lequel sera le plus important : le pic des divorces ou celui des grossesses ?

Comment les thuriféraires de la mondialisations ont-ils pu croire que la Chine n’exportait que ses marchandises ?

Des territoires perdus de la République aux quartiers huppés peuplés de monades égoïstes, la bêtise, l’arrogance et la désinstruction ont-elles formé des générations d’irresponsables criminels ?

Enfin conscients de la nature profonde de leur chère progéniture, les parents qui gardent leurs enfants vont-ils lancer une pétition pour que le salaire des professeurs soit multiplié par 10 ?

Dans sa fameuse interview, Agnès Buzyn a-t-elle menti, auquel cas elle appartenait à un gouvernement à l’incompétence criminelle, ou a-t-elle dit la vérité, auquel cas elle appartenait à un gouvernement au cynisme criminel ?

Pourrait-on enfin enfermer les Goupil, Apathie et autres salopards médiatiques ?

Les fonctionnaires sont-ils toujours des parasites privilégiés ?

Peut-on encore sérieusement croire que l’idéologie néolibérale se fiche de quoi que soit d’autre que du pognon et que « rien ne sera plus jamais comme avant » ?

Le macronisme est-il un antihumanisme ?

Quelqu’un a pensé à demander aux pangolins comment il se sont tirés de leur pandémie ?

Les discours ambigus, voire contradictoires, et la succession de demi-mesures relèvent-ils de la « pensée complexe » du « en même temps », ou bien de l’incompétence crasse ?

La pénurie la plus grave qui nous menace serait-elle celle des caddies individuels pour les courses, accessoire auparavant réservé aux petites vieilles en blouse à fleurs, devenu en quelques jours du dernier chic ?

Ceux qui voient dans cette pandémie l’occasion d’un grand soir auront-ils la gueule de bois le lendemain matin ?

Est-ce « alimenter inutilement la polémique » que de continuer de pointer les errements volontaires des gouvernements précédents et les trahisons de l’actuel comme on le faisait avant la pandémie ?

Une économie, ça se redresse, des morts, ça s’enterre : comment appelle-t-on un gouvernement qui déclare préférer sauver son économie plutôt que son peuple ?

Cincinnatus, 23 mars 2020

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Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

Une réflexion sur “Pot-pourri chaotique de questions naïves en période de confinement”

  1. Je ne crois pas qu’il faille utiliser la métaphore de la guerre. La guerre demande un ennemi. Si l’ennemi désigné est le réel ou la nature, il me semble que nous sommes dans l’idéologie
    Le néo-libéralisme appuyé sur la techno-science ou l’inverse n’est pas un humanisme
    Enfin, une fois sortis de cette crise, peut-être faudrait-il revenir à la République et ses principes. Mais alors, que le gouvernement démissionne et que les élus nationaux remettent leur mandat en jeu, parce que formatés au néo-libéralisme rien ne changera en profondeur.
    Merci pour toutes ces questions si peu naïves

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