Les parasites de l’administration

Les Tricheurs, Le Caravage (v. 1595)

Ils ont été sous le feu des projecteurs pendant quelques jours, puis en ont été naturellement chassés par une nouvelle actualité – le manège du divertissement informationnel tourne à grande vitesse. Ils ? Les cabinets de conseil auxquels l’administration verse « un pognon de dingue », comme dirait notre Président. Ces dernières années, le recours au « consulting » (c’est plus chic que « conseil ») a littéralement explosé. McKinsey, par qui le scandale est arrivé, mais aussi les fameux Big four – Deloitte, PwC (PricewaterhouseCoopers), Ernst & Young et KPMG –, mais encore le Boston Consulting Group, Capgemini, Soprasteria, Accenture, Havas, Publicis, etc. sont appelés à la rescousse dès qu’il s’agit de concevoir des politiques publiques, de gérer une crise quelconque, de reconfigurer des services et administrations, de créer une nouvelle usine à gaz informatique… En matière de stratégie, de management, de ressources humaines, d’informatique, de communication, de « conduite du changement », il semble devenu impossible de faire quoi que ce soit sans eux. Ils ne sont toutefois que la face la plus visible du racket que subit la fonction publique.

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Au boulot !

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Travailleurs de retour à la maison, Edvard Munch (1913-1914)

On se bouge, bande de feignasses ! Il y en a marre de cette mentalité capitularde d’enfants gâtés, incapables de bosser cinq minutes sans venir pleurnicher que c’est trop dur gna gna gna, que le chef est méchant gna gna gna, qu’ils ont besoin de faire une pause pour poster une photo d’eux sur instagram gna gna gna… Cette démocratie décadente encourage la paresse sur fond de boursouflure égotique. Les Chinois, par exemple, c’est clairement pas des bras cassés, eux. Et c’est pour ça qu’ils conquièrent le monde.
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Cinquante nuances de républicains

990px-22the_school_of_athens22_by_raffaello_sanzio_da_urbinoTroisième et dernier billet d’entomologie-très-scientifique-des-idéologies-contemporaines-et-de-leurs-représentants-idéaux-typiques : après les identitaires et les néolibéraux, il est temps de se pencher sur quelques spécimens de la famille républicaine.
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Cinquante nuances de néolibéraux

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Après avoir débuté mon travail d’entomologiste par une première expérience de description très-scientifique des nombreuses espèces d’identitaires, voici le tome 2 : l’abécédaire des néolibéraux !
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Un « spoils system » à la française ?

In memoriam – our civil service as it was
In memoriam – our civil service as it was / Thomas Nast, Harper’s weekly, 1877 April 28

De Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron, en passant par Arnaud Montebourg, les politiques sont nombreux à vouloir nettoyer la haute fonction publique pour façonner l’administration à leur main. Sarkozy l’a fait tout en pleurnichant qu’il ne pouvait pas le faire ; Montebourg a été traumatisé par son passage à Bercy et, depuis, ne rêve que de se venger des énarques qui ont torpillé ses réformes ; Macron est allé plus loin que tout ce que les autres osent à peine imaginer et considère encore que ce n’est pas assez. Des petites étoiles dans les yeux, tous regardent en direction des États-Unis et ce qui s’appelle là-bas le « spoils system ».
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Rénover la fonction publique ? Chiche !

République-française-825x510Nous recevons sans cesse des leçons, à défaut de moyens. Fonctionnaires, nous devons subir chaque jour commentaires et réflexions quand ce ne sont pas tout simplement des insultes gratuites. Chacun prétend savoir mieux que nous comment nous devrions faire nos métiers… alors qu’il ne viendrait à l’esprit de personne d’expliquer à son boulanger comment faire son pain. Que les citoyens aient un avis quant aux services publics, rien de plus normal. En revanche, que nous soyons les boucs émissaires pour tous les maux de la société, non merci. Mêmes les dirigeants politiques, qui s’appuient sur les administrations pour mener leur action, même les ministres qui sont censés protéger les agents de leurs services, n’hésitent pas un instant à nous livrer à la vindicte, à attiser le feu et à nous faire porter le chapeau de tous leurs échecs. Le pire : les élections. À ce moment de la vie démocratique, la course à l’échalote est ouverte à celui qui promettra le plus grand nombre de suppressions de fonctionnaires – entendons bien : pas de « postes de fonctionnaires » mais bien de « fonctionnaires », lapsus extraordinaire qui ne dérange personne, on n’attend plus que la guillotine ou le zyklon B – pour se faire élire en flattant les plus bas instincts des électeurs, trop heureux qu’on tape ainsi comme des sourds sur ces « feignasses de fonctionnaires ».

Et pourtant !

Et pourtant, il y aurait tant à faire pour améliorer réellement les services publics, les administrations, la fonction publique ! Alors, chers éditorialistes planqués, chers politiciens démagogues, chers néolibéraux statophobes, chers oligarques pognonlâtres, chers piliers de comptoir, tous toujours prêts à nous dégueuler dessus votre trop-plein de haine, vous voulez vraiment que les services publics fonctionnent mieux ? Chiche ! Voici quelques exemples très concrets, que je mets gratuitement à la disposition de tous les dirigeants politiques en manque d’idées.


Sommaire :
1. Répondre aux besoins
2. Arrêter le massacre
3. Résoudre les vrais problèmes


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La République à chaque coin de rue

Devise républicaine

Partout où l’État s’est retiré, les mafias identitaires et/ou criminelles se sont installées, encouragées par les dévots du saint-marché. Face à l’extension du domaine du caïdat, mais aussi, plus généralement, pour sortir la France du marasme dans lequel l’ont plongée des décennies de néolibéralisme (les deux sont liés), une seule politique sérieuse et digne est possible : un réinvestissement massif de la République et de l’État. Pour cela, les politiques dites de la ville et de l’aménagement du territoire doivent être reprises en main avec ce seul objectif : « la République à chaque coin de rue ». Lire la suite…

Pot-pourri chaotique de questions naïves en période de confinement

Il y a un mois, c’était pas « juste une grippette » qui, de toute façon, n’arriverait jamais en France ?

Plutôt que la promesse de la légion d’honneur pour le personnel hospitalier, pourquoi ne pas lui accorder ce qu’il demande : des salaires décents, un équipement digne d’un pays développé et une gestion humaine ayant pour objectif l’intérêt général et non la productivité ?

Le télétravail avec enfant peut-il devenir une discipline olympique ? Lire la suite…

Ma première grève

Pour la première fois, jeudi 9 janvier 2020, j’ai fait grève. Non que l’envie m’en ait manqué auparavant, ayant eu moult occasions et bonnes raisons de participer à d’autre mouvements de protestation contre des mesures gouvernementales iniques ou pour manifester une colère civique à l’encontre d’évolutions qui me semblaient néfastes. Trois raisons m’ont conduit à débuter ainsi l’année, trois écœurements qui ont justifié ce geste symbolique : la réforme des retraites, la destruction des services publics et la politique menée par le pouvoir actuel.
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Un républicanisme économique ?

Le républicanisme est une pensée politique, pas une doctrine économique. Et pourtant, de sa vision du monde cohérente – sa Weltanschauung –, peuvent se déduire des principes en matière d’économie.
Penser l’homme, le monde et la société conduit à penser les rapports économiques réels et souhaités : observer l’être et imaginer le devoir-être sans toutefois chercher à déduire le second du premier, ni légitimer le premier par le second, fautes logiques trop répandues. En d’autres termes : construire un idéal régulateur, un horizon désirable, qui doit servir à fois de boussole et de pierre de touche à la critique du réel [1].
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