Petite missive adressée à mes amis gaullistes

Chers amis,

Vous le savez, je partage votre admiration pour le Général – sans aucun doute, avec Clemenceau, l’un des deux plus grands hommes d’État que la France a connus depuis deux siècles. Et si je n’aime guère les étiquettes, on me classe parfois dans les catégories « gaulliste de gauche » ou « gaulliste social », qualifications qui m’honorent. C’est donc sans arrière-pensée ni ironie que je lance aujourd’hui cet appel désespéré : gaullistes, où êtes-vous passés ?

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Cet encombrant clivage gauche-droite

Hémicycle de l'Assemblée nationale
© Assemblée nationale

Que faire de ce machin qui nous semble si suranné ? La gauche, la droite… tout cela dit-il encore quoi que ce soit de notre monde ? La Guerre froide est officiellement terminée – depuis plus de trente ans déjà ! – et, avec elle, aurait cessé l’affrontement des deux blocs idéologiques… qui n’ont d’ailleurs jamais été vraiment monolithiques puisque, même à l’époque, toute la gauche ne vénérait pas les soviets et toute la droite ne se réfugiait pas sous le parapluie protecteur des États-Unis. Aujourd’hui, les couleurs de l’éventail arc-en-ciel paraissent bien fanées par les fausses alternances de partis autoproclamés « de gauche » ou « de droite » mais dont l’exercice du pouvoir et les politiques menées ne varient guère. Alors : le paysage politique doit-il encore se réduire à un alignement sur un axe horizontal allant de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, parcouru par des illusions de frontières ?


Sommaire :
Une manière de se situer
« Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent »
L’éclatement du politique
Dans la tenaille idéologique
Faut-il sauver le clivage gauche-droite ?


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L’universalisme n’est pas une idéologie comme les autres

déclaration dh 1789Aussi bien selon ses détracteurs que certains de ses défenseurs (qui, hélas, lui font peut-être plus de mal encore que tous ses adversaires réunis), l’universalisme devrait être assumé comme une identité, une culture, une idéologie, une vision du monde (occidentales) comme les autres, ni plus ni moins légitime que ses concurrentes. C’est une erreur ou un mensonge [1].


Sommaire :
Le relativisme comme lâcheté
Universalisme et idéologies
Universalisme et cultures
Universalisme et laïcité


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L’écriture excluante

Les membres de l'Académie venant offrir au Roi le Dictionnaire de l'Académie
Les membres de l’Académie venant offrir au Roi le Dictionnaire de l’Académie (1694) / La preuve du complot !

L’écriture dite « inclusive », sous toutes ses formes – féminisation anarchique des titres et professions, épuration de la langue de toutes ses scories misogynes fantasmées, invention délirante de nouveaux termes aussi laids qu’inutiles, destruction des mots et de l’étymologie par le point médian, etc. –, multiplie les exemples de manipulations de la langue à la diagonale de l’inculture et de l’idéologie [1].


Sommaire :
Précieux ridicules
Scientifiques en carton
Idéologues militants
Violents manipulateurs
Tartuffes du féminisme
Destructeurs du monde commun


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L’universalisme républicain dans la « tenaille identitaire » ?

Marianne par Benjamin Régnier
Marianne par Benjamin Régnier

Une thèse, actuellement discutée avec âpreté dans quelques cénacles où se croisent des défenseurs sincères de la République et de l’universalisme, décrit l’état des forces idéologiques en France sous l’image de la « tenaille identitaire ». Aussi séduisante soit-elle, elle doit être discutée sérieusement tant les enjeux sont cruciaux.


Sommaire :
Pour : la République sous les feux croisés des identitaires
Contre : un équilibre de pure apparence
Les impensés du débat : la République a d’autres ennemis !
L’universalisme par-delà les identités


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Quel monde pour toi, ma fille ?

Tu viens d’avoir trois ans, ma fille. Dans quel monde en auras-tu trente, vers le mitan du siècle ? Ce siècle dans lequel je suis entré à déjà vingt. Enfant du vingtième et homme du vingt-et-unième, je me sens surtout millénaire. Frémiras-tu, toi aussi, au souvenir de cette mer Égée qui porte les vaisseaux des Achéens vers l’Est et l’immortalité ? Ou toutes ces histoires qui me constituent vous seront-elles étrangères, à toi et à tes compagnons temporels ? Je sens aujourd’hui survenir la rupture du fil ténu qui relie les vivants aux morts, les présents aux passés. L’augmentation des fondations, conception romaine de la culture qui m’est parvenue non sans mal, signifiait un respect critique et cette volonté de transmission que je t’assène dans mon effroi devant son obsolescence. Le monde commun semble s’anéantir sous nos yeux, à mesure que la culture s’éteint. Nous avons dilapidé notre héritage, faute de nous y intéresser, de chérir ce patrimoine comme il se doit. Que vous lèguerons-nous, sinon un monde amnésique – le contraire d’un monde, donc ? Fin de la transmission [1]. Lire la suite…

L’universalisme dans le piège des racistes

Aucun vaccin n’existe contre le racisme, aucun gène n’immunise contre l’abjection. Une nouvelle bouillie pseudo-conceptuelle, directement importée des campus américains, fait actuellement fureur et imprègne les esprits mal instruits, les entrepreneurs identitaires, certaines universités qui préfèrent les militants aux scientifiques, les partis politiques en panne d’idées et jusqu’à de vénérables associations de défense des droits de l’homme. Les moyens de son succès ? Une rhétorique efficace qui ne repose que sur des sophismes démagogiques, la désignation de victimes par nature et de bourreaux par naissance, une réécriture de l’histoire qui élève l’anachronisme au rang de méthode, l’utilisation des réseaux sociaux comme caisse de résonnance… Tout ce que la mauvaise foi, la bêtise, l’inculture et la haine produisent de plus hideux, tout cela se croise au foyer de ce mouvement d’humeur qui fait craindre les ravages d’une nouvelle « Révolution culturelle ». Lire la suite…

Le jour d’après sera pareil à la nuit d’avant

Tous s’y mettent : le pouvoir actuel qui essaie de faire oublier que, par son incurie et son cynisme, il est coupable de milliers de morts ; ses zélés prédécesseurs qui nous ont conduits à l’abyme en appliquant consciencieusement depuis quarante ans les dogmes du néolibéralisme ; les vieilles gloires retirées qui tentent encore un come-back plutôt pitoyable après avoir tant de fois montré leurs limites que personne ne peut les prendre au sérieux ; les opposants épidermiques qui se réjouissent ouvertement de la crise et feignent d’ignorer que le problème avec l’ivresse du Grand Soir, c’est toujours la gueule de bois du petit matin. Tous entonnent en chœur l’air ampoulé du « rien ne sera plus jamais comme avant ! » Qui peut les croire ?
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« Ta gueule, t’es pas concerné »

Au sommet de l’arrogance recuite, l’interdit de parole par culpabilité d’essence, résumé dans cette formule rabâchée comme un leitmotiv totalitaire : « ta gueule, t’es pas concerné » [1]. Cette censure diablement à la mode repose sur deux postulats très simples mais intrinsèquement faux qui se cumulent : d’une part, seule une personne ayant subi quelque injustice, vécu quelque situation, aurait le droit de s’exprimer à ce sujet ; d’autre part, on naît victime ou bourreau. Conséquence : seules les femmes sont légitimes à évoquer le sexisme parce que tous les hommes sont des porcs, seuls les « racisés » peuvent s’exprimer sur le racisme parce que tous les blancs sont racistes [2], seuls les homosexuels ont le droit de s’élever contre l’homophobie parce que tous les hétérosexuels sont homophobes, etc. etc.
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Un républicanisme économique ?

Le républicanisme est une pensée politique, pas une doctrine économique. Et pourtant, de sa vision du monde cohérente – sa Weltanschauung –, peuvent se déduire des principes en matière d’économie.
Penser l’homme, le monde et la société conduit à penser les rapports économiques réels et souhaités : observer l’être et imaginer le devoir-être sans toutefois chercher à déduire le second du premier, ni légitimer le premier par le second, fautes logiques trop répandues. En d’autres termes : construire un idéal régulateur, un horizon désirable, qui doit servir à fois de boussole et de pierre de touche à la critique du réel [1].
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