Il n’est plus doux moment que celui où l’on ouvre un nouveau livre

La Liseuse, Jean-Jacques Henner (entre 1880 et 1890)

On se laisse aller à la douce flânerie dans les rayons d’une librairie, que l’on soit entré au prétexte d’un ouvrage particulier à quérir ou simplement pour profiter d’un moment suspendu. La compagnie des livres rappelle celle d’amis fidèles, accompagnés de la cohorte de ceux que l’on ne connaît pas mais que l’on aimerait rencontrer ; les Romains avaient raison : la culture c’est l’art de se faire des amis parmi les morts. Lire la suite…

L’inculture plastronnante

Nous avons sans doute sous les yeux les générations les plus stupides de l’histoire. Et les plus incultes. Il y en aura toujours pour me rétorquer que c’est ce qu’on disait déjà dans l’antiquité et que tous les misanthropes ont jugé leurs contemporains avec la même sévérité. Certes. Peut-être, après tout, les deux propositions sont-elles vraies simultanément – ce qui rendrait plus dramatique encore la première. Quoi qu’il en soit, un phénomène bien caractéristique de notre sinistre « modernité », « postmodernité » ou que sais-je encore, tient probablement dans cette fierté de la sottise, dans cette arrogance de l’inculture qui s’étalent et s’affichent partout et tout le temps. Non seulement aucune honte n’est plus attachée à ce qui, hier encore, était considéré comme des défauts dignes de raillerie ; mais on assume et on se rengorge même de sa propre connerie, devenue valeur positive. S’il existe encore, dans deux ou trois siècles, quoi que ce soit qui fasse office d’historiens, si la raison humaine n’est pas, alors, enfouie dans les abysses de l’idiocracie, pour reprendre le titre d’une pochade américaine, alors quel regard porteront nos descendants sur nous ?

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Les créateurs d’univers

swiat-dyskuJe n’ai jamais su écrire de fiction. Sans doute est-ce pourquoi j’admire à ce point les romanciers. Parmi eux, une espèce particulière me fascine : les créateurs d’univers qui œuvrent dans la science-fiction et le fantastique.
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« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue »

Phèdre, Alexandre Cabanel (1880)
Phèdre, Alexandre Cabanel (1880)

Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.

Pourquoi le vers 274, cet alexandrin que Racine pose sur les lèvres de Phèdre à la scène 3 du premier acte [1], est-il, en toute subjectivité, le plus beau – le plus sublime, devrais-je plutôt écrire – de toute la littérature en langue française ? Lire la suite…

L’empire du moche

Rond point Malraux Pontarlier
Le « rond point Malraux » (Pontarlier), régulièrement élu « pire rond point de France »

Merci.
Du fond du cœur, je vous remercie.
Vraiment.
En quelques décennies, vous m’avez élevé au rang de valeur suprême ; vous avez fait de moi, le moche, l’emblème de votre modernité – mieux encore : sa quintessence ! J’imprègne tant vos vies et vos esprits que je suis devenu le nouveau mètre-étalon de votre inesthétique. Des jouets pour enfants aux doudous technologiques pour adultes mal grandis, des bagnoles aux vêtements, de la novlangue à l’urbanisme, de l’art contemporain à l’industrie du loisir et du divertissement que vous appelez pompeusement « culture de masse »… je suis partout.
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Comment on réécrit les livres

Molière, par Coypel
Molière, par Coypel

Quelle accumulation en quelques jours ! L’éditeur du Club des Cinq, dont les aventures ont titillé l’imaginaire de tant de jeunes lecteurs, décide que ces récits doivent être réécrits et privés du passé simple ; Molière est considéré comme trop compliqué pour les nouvelles générations par… France Culture qui concurrence de plus en plus Cyril Hanouna ; une enseignante se vante sur Twitter de faire revisiter La Cigale et la Fourmi à ses 6e et trouve surtout leurs âneries « tellement mieux que l’originale ». Après le déboulonnage de statues, voici donc l’iconoclasme littéraire en pleine forme.
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On achève bien la culture

« Tendre souci » pour les choses du monde, la culture crève. Rien de nouveau, dira-t-on… et « on » n’aura presque pas tort : Arendt, toujours elle, l’avait déjà bien observé et analysé dès les années 1960. Et pourtant, combien l’acuité de la grande philosophe semble juste aujourd’hui, plus encore qu’alors ! Les « philistins cultivés » ont imposé leur utilitarisme mortifère, la marchandisation de la culture et sa réduction à une simple valeur d’usage triomphent dans la société de masse, le processus vital de la société consomme toutes les œuvres culturelles pour alimenter nos désirs de loisirs et de divertissement. Lire la suite…

La culture se fiche des progressistes

Les manipulations des barbares du Progrès, l’accaparement avaricieux du commun au profit d’appétits privés et l’engloutissement dans les divertissements de masse achèvent la destruction de la culture. Devant ces ruines qui furent notre plus précieux héritage et notre plus grande responsabilité, notre ricanement nous interdit de nous prétendre humain. Lire la suite…

Langue, école, art : les barbares du progressisme culturel

Qu’il en coûte de constater l’appauvrissement de la langue, le naufrage de l’école et l’enlaidissement de l’art ! « Réac ! », « rétrograde ! », « ringard ! », « facho ! ». Les noms d’oiseau pleuvent comme à Gravelotte dès que l’on ne se prosterne pas dans le culte aveugle et niais du Progrès en ces matières. Une petite clique d’autoproclamés « experts » règne ainsi par la terreur intellectuelle, au nom de la Démocratie et d’autres gros mots dont ils ne maîtrisent guère les définitions. Il faut dire que ces tartuffes et autres gourous sectaires on fait leur gagne-pain médiatique de la barbarie et supportent mal que l’on dévoile leur démagogie criminelle. Lire la suite…

Le cinéma de Chaplin

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Rire

Penser à Charlie Chaplin, c’est esquisser un sourire. Viennent à l’esprit la silhouette de Charlot, sa démarche, une de ses innombrables cabrioles et, comme un réflexe de la mémoire, les éclats de rire de l’enfant qu’on était lorsqu’on a découvert ce drôle de petit bonhomme la première fois. Éclats de rire qui se sont répétés toutes les fois suivantes. Lire la suite…