2027 : la dernière chance

Le Pandemonium, John Martin (1841)

Le scénario de la prochaine élection présidentielle semble écrit d’avance avec la victoire annoncée de Marine Le Pen. En tout cas, tout est fait pour que les prédictions sondagières deviennent réalité. Certes, nous pouvons nous attendre à ce qu’un trublion quelconque à la popularité aussi subite qu’artificielle sorte opportunément du chapeau de nos prestidigitateurs médiatiques pour épicer quelque peu une histoire bien plate. Faire monter la sauce tout en connaissant la conclusion : tout cela a pourtant un furieux air de déjà-vu !

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Amateurs ou professionnels de la politique ?

Le Ventre Législatif, Honoré Daumier (1834)

Soyez fiers d’être des amateurs !
Emmanuel Macron, 11 février 2020

Le cri du cœur (on ignorait qu’il en eût un) du Président à « ses » députés moins de trois ans après sa première élection sonnait déjà faux à l’époque. Le « renouvellement » de la classe politique par le macronisme se prétendait la version « gendre idéal » du dégagisme mélenchonien. Or les Français se sont vite aperçus que les promesses n’étaient pas tenues et qu’à la fraîcheur et à la nouveauté s’était substitué un rattrapage (comme au bac) de tout ce que les autres partis possédaient de tocards à la carrière en cul-de-sac, auxquels s’ajoutaient nombre d’opportunistes arrivés là par hasard ou copinage. De ce gloubi-boulga peu enthousiasmant surgissait une telle quantité de bourdes que, pour sauver les apparences, en un tour de passe-passe aux ficelles bien connues, les communicants de l’Élysée eurent cette idée de transformer l’incompétence en qualité. La question du recrutement du personnel politique mérite néanmoins mieux que ces entourloupes à la petite semaine : pour le bien de la Cité, nos dirigeants doivent-ils être des amateurs ou des professionnels de la politique ?

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École : la tentation du privé

Une leçon de dessin, Jean Geoffroy (1895)

Cher lecteur, l’actualité me force à tremper ma plume dans la plaie tant qu’elle demeure vive. Aussi dois-je reporter la publication du deuxième épisode du feuilleton de politique-fiction qui tient toute la France en haleine depuis la semaine dernière. Je sais parfaitement la frustration qui s’empare de toi alors qu’en ouvrant ce matin ce blog tu pensais enfin trouver des réponses à toutes les questions que tu te poses : qui a tiré sur Emmanuel Macron ? ce dernier est-il en vie ? que vont faire les phares de la pensée mondiale que sont Vladimir Poutine et Bruno Le Maire ? Ne t’inquiète pas, cher lecteur, le prochain épisode de la série « Une bonne guerre ! » paraîtra lundi prochain… si tout va bien. En attendant, je t’invite à lire ce billet sur l’école qui, encore une fois, me permettra sans doute de me fâcher avec tout le monde.

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Qui ?

Le Voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich (1818)

Cher vous,

C’est avec une réticence certaine que je vous sollicite aujourd’hui. Nous partageons la même aversion pour le césarisme, pour le pouvoir solitaire, pour les mensonges rouges sang des hommes providentiels et des sauveurs charismatiques. En bons républicains, nous leur préférerons toujours la collégialité, la discussion, la délibération.

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L’État en lambeaux

Dessin à la plume du frontispice du manuscrit du Léviathan, offert par Thomas Hobbes à Charles II en 1651

À la fois cause et symptôme de la très grave crise dans laquelle notre pays s’enfonce, l’État subit les attaques répétées de nombreux ennemis ; son action et jusqu’à son essence sont contestées ; ses agents sont méprisés ; ceux-là mêmes qui devraient l’incarner s’ingénient à en saper les fondations. Or l’histoire de la France a ceci de propre que l’État, symboliquement mais aussi très concrètement par l’action de son administration et de ses services publics, est au cœur de la construction nationale française – affaiblir le premier revient immanquablement à fragiliser la seconde, déjà mal en point.

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Les lectures de Cinci : les régionalismes contre la République

La France en miettes : régionalismes, l’autre séparatisme, Benjamin Morel, Les Éditions du Cerf, 2023.

Le livre en deux mots

Le constitutionnaliste et politiste Benjamin Morel a livré en tout début d’année un ouvrage majeur sur un sujet qui, quoique capital, n’intéresse guère les médias ni l’opinion publique. L’ethnorégionalisme, « l’autre séparatisme » comme le désigne le sous-titre du livre, déchire la France à suffisamment bas bruit et en s’entourant d’une telle image de sympathique folklore que cette balkanisation ne fait réagir personne. Car l’ethnorégionalisme – ou plutôt : les ethnorégionalismes – n’est finalement qu’un identitarisme comme les autres qui cherche à détruire la nation, l’État et la République qu’il souhaite remplacer par des communautés artificielles fondées sur des identités fantasmées.

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Les parasites de l’administration

Les Tricheurs, Le Caravage (v. 1595)

Ils ont été sous le feu des projecteurs pendant quelques jours, puis en ont été naturellement chassés par une nouvelle actualité – le manège du divertissement informationnel tourne à grande vitesse. Ils ? Les cabinets de conseil auxquels l’administration verse « un pognon de dingue », comme dirait notre Président. Ces dernières années, le recours au « consulting » (c’est plus chic que « conseil ») a littéralement explosé. McKinsey, par qui le scandale est arrivé, mais aussi les fameux Big four – Deloitte, PwC (PricewaterhouseCoopers), Ernst & Young et KPMG –, mais encore le Boston Consulting Group, Capgemini, Soprasteria, Accenture, Havas, Publicis, etc. sont appelés à la rescousse dès qu’il s’agit de concevoir des politiques publiques, de gérer une crise quelconque, de reconfigurer des services et administrations, de créer une nouvelle usine à gaz informatique… En matière de stratégie, de management, de ressources humaines, d’informatique, de communication, de « conduite du changement », il semble devenu impossible de faire quoi que ce soit sans eux. Ils ne sont toutefois que la face la plus visible du racket que subit la fonction publique.

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Le viol des mots

La Tour de Babel, Pieter Brueghel l’Ancien (v. 1563)

La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire.
Romain Gary, Europa

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À quelle sauce manger les riches ?

La parabole du serviteur impitoyable, précédemment Crésus réclamant le tribut à un paysan de Lydie, Claude Vignon (1629)

L’idée revient aussi régulièrement que les marronniers journalistiques sur le classement des hôpitaux ou les réseaux secrets des francs-maçons : taxons les riches ! Pour financer les retraites, la transition écologique, le remboursement de la dette ou le sauvetage des services publics, ponctionner les plus riches paraît à certains intellectuels, militants et dirigeants politiques la solution à tous les maux de la société – ceci dit, pour d’autres, c’est la suppression pure et simple des impôts ou encore le développement d’applis… personne, visiblement, n’a le monopole du simplisme.

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Une tragédie française

Dante et Virgile dans le neuvième cercle de l’Enfer, Gustave Doré (1861)

Il était une fois un pays qui ne voulait plus s’aimer.

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