Les lecteurs de ces carnets connaissent mon affection et mon admiration pour Georges Clemenceau. Il fut, avec De Gaulle, l’un des deux plus grands hommes d’État français depuis deux cents ans. Pour comprendre ce que nous lui devons et ce que nous pouvons apprendre de son œuvre et méditer de sa vie, je propose ici quatre livres abordant, chacun à sa manière, cette immense figure intellectuelle, politique et humaine, en une toute petite sélection parmi la pléthore d’ouvrages qui lui sont consacrés.
Ces livres sur Clemenceau ne sauraient cependant se substituer à l’œuvre écrite de Clemenceau, dans laquelle j’encourage chacun à se plonger avec la délectation que procure l’exceptionnalité de l’intelligence, de l’humanité et du style : de La Mêlée sociale à Grandeurs et Misères d’une victoire, en passant par Le Grand Pan, Démosthène, Au soir de la pensée, sa correspondance et tous les articles qu’il a publiés tout au long de sa vie, tout est à lire !
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Clemenceau le combattant, Samuël Tomei, La Documentation française, collection Tribuns, 2008
Le livre en deux mots
Samuël Tomei réussit le tour de force de rassembler les quatre-vingt-huit années de vie de Clemenceau en une petite centaine de pages. Cette biographie a ainsi le mérite de la synthèse et de l’acuité : faisant fi du superflu, l’essentiel est écrit et bien écrit. Plus encore, pour faire bref, l’auteur aurait pu se contenter de la simple narration distanciée des faits sans s’encombrer de citations ni de détails. Il fait le choix inverse et dispense généreusement de longs extraits de discours, lettres et confidences, aussi pertinents que savoureux : le verbe clemenciste, cinglant, offre souvent de belles leçons de rhétorique (ce n’est pas pour rien que l’ouvrage est publié dans une collection intitulée « Tribuns »).
Où j’ai laissé un marque-page
Le récit circonstancié des grèves de 1906 et de l’action de Clemenceau montrent quel homme d’État il était, loin de l’image de violent « briseur de grève » et d’« ennemi de la classe ouvrière » : un responsable politique, héritier de la Révolution plutôt que sectateur du marxisme ou de l’anarchisme, soucieux du respect de la loi et de l’ordre parce que défenseur des plus faibles.
Un extrait pour méditer
[À propos de l’Affaire Dreyfus]
Écrits dans l’urgence, dans la fièvre d’une affaire complexe aux multiples rebondissements, les articles de Clemenceau témoignent de son énergique obstination, traduite en un style parfois, certes, intriqué, le plus souvent percutant, toujours roboratif. À travers ses articles, il montre autant d’aisance à suivre de très près les moindres détails de l’Affaire, qu’à s’élever au niveau des grands principes. Il se passionne pour la recherche de la vérité, pourfend l’antisémitisme déchaîné, défend la République de toutes ses forces.
S’il n’est pas tendre avec ses ennemis, il ne ménage pas plus les républicains. Clemenceau raille la « sorbonnifique grandiloquence » de Léon Bourgeois, ancien président du Conseil, grande figure du radicalisme, futur prix Nobel de la Paix (1920), qui « a le cerveau d’un chef et le cœur d’un suivant ». Plus par dépit que par détestation, il flétrit jusqu’à Henri Brisson président du Conseil du 28 juin au 1er novembre 1898 vieux dignitaire franc-maçon, à l’honnêteté et au républicanisme indiscutables. Mais Clemenceau le trouve trop faible : « Qu’en dire de celui-là ? Plus bête que lâche, ou plus lâche que bête ? Les deux » ; s’il lui sait gré d’avoir engagé la révision du procès de Dreyfus, il ne lui pardonne pas son incapacité à soumettre la caste militaire au pouvoir civil : « Déjà Brisson n’existe plus, agenouillé sous le sabre. » Les différents ministres en prennent pour leur grade : Charles Dupuy, « sans autre idéal que le gonflement démesuré de lui-même, est un accident de force déréglée » ; Freycinet, « serviteur du mensonge et de l’iniquité ne tue pas, c’est trop grossier. Sans fusils ni canons, il coupe nuitamment toutes les sources de vie qui alimentent l’organisation de justice et de liberté ». Enfin, il broie ce « tartuffe épais » de Félix Faure, adversaire sournois de la révision, Président de la République dont la « pauvre cervelle bouffie de vanité bourgeoise n’eut de place que pour une pensée : il faut venir au secours des violateurs de la loi. » Clemenceau le place « au-dessous de l’inintelligence ».
[…]
« Rien à attendre du peuple, oublieux de son idéal, désenchanté de ses espérances. Rien à attendre de ses représentants occupés à se disputer les bénéfices du pouvoir. Rien à attendre que de la conscience humaine révoltée. Rien de possible que l’insurrection de l’individu. Par son gant jeté à la face de toutes les puissances qui sont, Zola, superbement rebelle, a fait l’acte sauveur. »
Il exhorte la jeunesse à se méfier d’une apparente sagesse qui n’est que lâcheté déguisée, pensant comme Victor Hugo : « Quand l’impuissance écrit, elle signe : sagesse. » Pour Clemenceau, « une heure de donquichottisme pour expier la vie bourgeoise qui vous tentera demain ! […] Soyez déraisonnables tout un jour. Vous aurez, pour la triste raison, tout le reste de la vie ».
L’Affaire dépasse de loin son principal protagoniste : « L’iniquité envers un seul, c’est l’iniquité envers tous », répète sans cesse Clemenceau. Il inscrit l’action des dreyfusards dans le long combat qui a commencé avec la Révolution française et tend à assurer le règne du droit humain contre celui des castes théocratiques et militaires. Ses détracteurs ont accusé Clemenceau de s’être servi de l’Affaire comme d’un marchepied pour mieux réintégrer la vie politique. La lecture de ses articles montre qu’il n’en est rien. D’ailleurs, qui pouvait affirmer, en 1898, que le dreyfusisme triompherait ? C’était plutôt une lâche prudence qui devait assurer l’avenir des hommes politiques : « Le courage, qui jette les combatifs au premier rang, trop souvent les fait choir en pleine mêlée, avant le coup final du triomphe, dont le profit demeure aux sages qui se sont réservés. » (p. 40-41 et 43)
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Clemenceau, Michel Winock, Perrin, 2011
Le livre en deux mots
La biographie rédigée par Michel Winock choisit, en volume, le parti inverse, et parfaitement complémentaire, de la précédente. Solide, roborative, avec ses presque sept-cents pages, elle prend son temps pour dresser un portrait détaillé du Tigre. On suit ainsi la ligne accidentée de sa vie exceptionnelle à travers une analyse fine et précise de sa pensée et de son action. En le rendant à sa complexité et à sa grandeur, Winock fait rendre gorge aux mensonges, perfidies et vilénies dont Clemenceau a été l’objet de son vivant comme après sa mort, tout particulièrement, hélas !, par la gauche elle-même.
Où j’ai laissé un marque-page
La description terrible de l’expérience traumatique que fut la Commune pour le jeune maire de Montmartre : bousculé et menacé par la foule aveugle qu’il tente de protéger, Clemenceau risque sa vie, en vain, pour éviter le bain de sang qu’il voit arriver, lucide.
Un extrait pour méditer
Face au danger des communautarismes et des fanatismes religieux, il nous rappelle l’idéal laïque qui rend possible, dans une même nation, mieux que la coexistence des religions : leur union dans une égale soumission à la loi commune. Son patriotisme rappelle à la gauche que les trois couleurs et la fierté nationale ne doivent pas être abandonnées à l’extrême droite et au nationalisme xénophobe. Enfin, l’échec dans le monde du socialisme collectiviste pourrait faire méditer les anciens révolutionnaires sur les vertus du réformisme.
Clemenceau aura donc incarné une certaine idée de la gauche, mieux accordée à l’héritage de la Révolution française qu’inspirée par le marxisme. Cette gauche-là, majoritaire dans l’opinion et au Parlement jusqu’à la Grande Guerre, s’est vue peu à peu concurrencée puis fossilisée par la gauche socialiste et communiste. Dans les faits, pourtant, c’est bien le réformisme[1] de Clemenceau qui a triomphé, cette révolution par la loi comme certains disaient au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La vieille ganache laïcarde, patriotarde et anticollectiviste peut encore servir.
Le hasard a voulu que Clemenceau fût porté deux fois au pouvoir dans une conjoncture qui l’a opposé frontalement au mouvement ouvrier et socialiste : l’intensité de la lutte des classes en 1906, l’année qui suivait la fondation d’un Parti socialiste sur les bases marxistes et l’année même où la CGT réaffirmait solennellement en son congrès d’Amiens ses buts révolutionnaires. En d’autres temps, un homme de gauche réformiste aurait pu faire alliance avec les « rouges » – comme on le vit au moment du Bloc des gauches –, mais les années 1906-1908 l’en empêchèrent en raison d’un mouvement social chauffé à blanc. Son sens de l’État interdisait au chef de gouvernement et au ministre de l’Intérieur qu’il était de composer avec la rue dépavée et la grève d’allure insurrectionnelle. Assumant le titre de « premier flic de France », il devenait l’ennemi dénoncé de la classe ouvrière. La seconde fois, reprenant le pouvoir à l’automne 1917 après trois années d’une guerre inhumaine, Clemenceau opposa une volonté farouche de vaincre au désir organisé de brandir le drapeau blanc. Il devenait l’ennemi dénoncé de la paix.
Ces deux moments ont cristallisé l’opposition entre deux gauches plus qu’entre la droite où l’on voudrait le consigner et la gauche éternelle. Or, en ces deux occasions, Clemenceau montra sa véritable appartenance : par son refus, en 1908, de dissoudre la CGT, comme le réclamait la droite ; par son refus, en 1918, de poursuivre la guerre dès lors que l’Allemagne acceptait les conditions d’armistice du président Wilson.
La fin de sa vie passée dans sa « Bicoque » de Saint-Vincent- sur-Jard où, après avoir été couvert de gloire, il se consacre à l’étude et à l’affection des siens, achève l’image d’un « Athénien », pénétré de sagesse et méprisant les honneurs. L’ingratitude des Français l’avait laissé de marbre : il attendit la mort en cultivant son jardin. (p. 661-662)
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Clemenceau : dernières nouvelles du Tigre, Jean-Noël Jeanneney, CNRS éditions, 2016
Le livre en deux mots
L’originalité de l’ouvrage de Jean-Noël Jeanneney tient à sa clef d’entrée : les écrits de Clemenceau. La plume révèle l’homme. L’idée de bio-graphie acquiert un sens nouveau. En prenant ce prétexte de suivre le fil de ses œuvres, Jeanneney reconstruit le parcours personnel, intellectuel et politique de l’auteur-Clemenceau : on l’approche par ce qu’il a à la fois de plus intime et de plus public, par l’empreinte qu’il a lui-même tracée. Par conséquent, point ici de récit exhaustif de la naissance à la postérité mais une trame lacunaire qui repose sur la respiration régulière d’un aller-retour entre le fait vécu et les mots du Tigre, le tout présenté et mis en perspective par un Jeanneney toujours aussi érudit.
Où j’ai laissé un marque-page
Le rappel par Jeanneney d’un épisode oublié mais ô combien significatif de l’engagement de Clemenceau pour les plus pauvres : son combat contre la céruse. Le médecin des misérables de Montmartre affleure sans cesse chez le politique qui lutte pour l’amélioration concrète de leurs conditions de vie.
Un extrait pour méditer
On l’accuse souvent d’avoir démantelé l’Empire austro-hongrois, facteur de stabilité en Europe centrale, et parfois salué comme une quasi-prémonition d’une Europe fédérée, de nos jours. Mais imagine-t-on un instant que le Tigre ait pu résister au principe de l’autodétermination des peuples, fils de notre Grande Révolution, porté par le printemps de 1848, écrasé après lui, principe à présent défendu par Wilson, président des États-Unis ? Et laisser Autrichiens et Hongrois dominer les autres avec tant de violence latente ? Cela n’était concevable ni moralement, ni politiquement.
Un autre grief concerne le traitement trop dur que Clemenceau aurait imposé à l’Allemagne. Qu’il s’en méfiât intensément, certes, et sa génération avait quelques raisons pour cela. Mais la majorité de la gauche qui estima ensuite, avec une générosité digne d’un meilleur sort, qu’on pouvait jouer la réconciliation dans le cadre de la Société des Nations, qui fit reproche au Tigre de n’y avoir pas cru et qui du coup le raya de la liste de ses références et de ses admirations, n’a pas pris en compte une donnée capitale : c’est Clemenceau qui a joué un rôle décisif pour résister à ceux qui réclamaient haut et fort – tels Poincaré et Foch, précisément – que l’on détachât la rive gauche du Rhin de l’Allemagne pour en faire un protectorat français, au risque de créer une Alsace-Lorraine à l’envers, gage assuré d’affrontements futurs.
Or, voici qu’après un siècle, ou presque, émerge une vérité. La manière dont la France gâcha les chances d’installer une paix durable ne fut pas, pour l’essentiel, l’effet de Versailles. Elle tint, pour ce qui dépendit d’elle, aux contradictions d’une politique étrangère qui, dans les années 20, ne sut pas choisir entre la coercition et la confiance, zigzaguant de l’une à l’autre, incarnée d’un côté par l’occupation de la Ruhr voulue par Poincaré et de l’autre par la main tendue à la République de Weimar à l’initiative de Briand. Ainsi avons-nous perdu, hélas, sur les deux tableaux. (p. 16-17)
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Clemenceau au front, Samuël Tomei, éd. Pierre de Taillac, 2015
Le livre en deux mots
Samuël Tomei (encore lui) nous offre là un beau livre (dans tous les sens du terme) sur le Clemenceau chef de guerre. Suivant, jour après jour, les voyages du Tigre au front, on réalise l’incroyable courage dont a fait preuve le vieillard. Sa force et sa volonté sourdent des documents présentés : rapports, lettres, notes personnelles et photographies. Les témoignages dessinent un homme exceptionnel, capable, à près de quatre-vingts ans, de marcher des heures dans la boue, sous la mitraille et des pluies d’obus, pour tout savoir du front, assumer son devoir et accompagner les poilus dans leurs conditions dramatiques. On comprend alors combien le titre de « Père la Victoire » est mérité.
Où j’ai laissé un marque-page
Les mots du grand homme sont poignants d’humanité, d’honneur et de dignité lorsqu’il raconte comment il s’est vu offrir un bouquet de fleurs « crayeuses, augustes de misères et flamboyantes de volonté », le 7 juillet 1918, par un régiment sur le point de donner sa vie, et le sachant, pour une mission de la plus haute importance. Clemenceau tiendra sa promesse et se fera enterrer avec ce bouquet.
Un extrait pour méditer
Le nombre des visites bondit après son arrivée au pouvoir. Jusqu’à la signature de l’armistice, à savoir en un peu moins de trois cents jours, il se rend une quarantaine de fois au front proprement dit et autant de fois que QG de Foch à Bombon, aux réunions du Conseil supérieur de guerre à Versailles, auprès des troupes au repos ou à l’entraînement, sans oublier ses quelques déplacements dans les quartiers de Paris bombardés par la Grosse Bertha ou même une excursion à Londres. Aucun de ses prédécesseurs ne s’est donné cette peine, n’a osé frôler de si près les premières lignes ennemies. Il consacre plus du tiers de son temps à ces visites dont on doit rappeler le caractère éprouvant pour ce vieil homme malade. Les expéditions se font par train de nuit puis en automobile sur des routes défoncées et parfois sous les obus, et nécessitent souvent, on l’a vu, de longues marches, parfois dans la neige, dans la gadoue. Selon son secrétaire, il part « énorme, farouche, chargé d’un vouloir à la fois inébranlable et désespéré », rentre fourbu, de la boue jusqu’aux genoux et, après avoir revigoré le front, il lui faut rassurer l’arrière, déjouer les attaques parlementaires sournoises ou frontales – ainsi par la seule force du verbe sauvera-t-il la tête de Foch et Pétain après la catastrophe du Chemin des Dames. L’énergie prodigieuse du Tigre impressionne son entourage, ceux qui l’accompagnent (on lira plus loin le récit du jeune Winston Churchill). Où puise-t-il tant de force ? « Il y a dans le fracas précipité du canon un enivrement physique autant que moral, qui jette l’homme, tout imprégné de sa terre natale, au-delà de l’horizon prochain […]. » Ces lignes du 17 octobre 1916 ne sont pas sans évoquer Orages d’acier d’Ernst Jünger.
Comme le souligne Jean-Jacques Becker, Clemenceau président du Conseil fait de ses visites au front et aux quartiers généraux « un des moyens de son gouvernement ». Elles ont en effet un objectif politique – coordonner l’action des Alliés, veiller à l’exécution de la stratégie – et un but psychologique, moral – il revient au chef d’insuffler l’énergie de la victoire. (p.16)
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Bonus : à propos de Clemenceau et des arts
Une facette peut-être moins connue de Clemenceau demeure cruciale pour mieux cerner l’homme comme le personnage : son rapport aux arts. De son indéfectible amitié pour Monet à sa passion pour l’Asie, de l’expression de son regard acéré dans les critiques qu’il publie régulièrement à la constitution de ses collections personnelles, Clemenceau dépasse le stade du simple amateur éclairé. Voici quatre ouvrages qui abordent ces différents aspects et méritent lecture :
Claude Monet – Georges Clemenceau : une histoire, deux caractères, Alexandre Duval-Stalla, Gallimard, 2010
Cette intéressante biographie croisée dessine l’amitié sincère et lumineuse entre Clemenceau et Monet.
Clemenceau et les arts, Sylvie Brodziak et Matthieu Séguéla (dir.), Centre vendéen de recherches historiques, 2016
Les différentes interventions données lors d’un colloque de mars 2014 montrent l’ampleur des passions artistiques du Tigre.
Clemenceau et les artistes modernes : Manet, Monet, Rodin…, Marie-Élisabeth Loiseau (dir.), Somogy, 2013
Catalogue de l’exposition présentée à l’Historial de la Vendée du 8 décembre 2013 au 2 mars 2014.
Clemenceau : le Tigre et l’Asie, Aurélie Samuel, Matthieu Séguéla et Amina Taha-Hussein Okada (dir.), Snoeck, Musée national des arts asiatiques – Guimet, 2014
Catalogue de l’exposition présentée au Musée Guimet du 12 mars au 16 juin 2014.
Cincinnatus, 6 juin 2017
[1] À une époque où le mot « réforme » n’était pas encore perverti, il signifiait l’amélioration réelle, concrète, des conditions d’existence de tous et, d’abord, des plus modestes, ainsi que l’élargissement de leurs droits et du domaine de la justice. Voir à ce sujet mon billet : Des réformes et des réformistes.