Aux lecteurs

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6 ans.
229 billets.
380 000 mots.
Déjà.

Pour cette nouvelle année qui pointe, il m’a semblé qu’il était temps de rafraîchir un peu ce blog. Changement d’apparence, donc ; changement d’adresse également : cincivox.fr (pensez à modifier vos favoris même si l’ancienne adresse fonctionne toujours) ; fin des publicités que je ne voyais pas, qui ne me rapportaient rien, bien sûr, mais qui pouvaient vous gêner. Tout cela n’est que cosmétique mais j’espère que le passage en ces lieux en sera rendu plus lisible et plus agréable.

Si la forme visuelle change, le fond éditorial, lui, ne devrait pas évoluer – sauf épiphanie subite ! Peut-être, seulement, explorer de nouveaux rivages. Je compte cultiver encore ces paradoxes qui me fondent : républicain convaincu en proie au doute permanent, misanthrope humaniste, peut-être un peu moraliste en essayant de n’être pas trop moralisateur… Et livrer ici mes questionnements et mes coups de sang.

Pour certains, l’écriture est facile, ils ont la plume gracile. Je les envie. Je ne dirais pas que chaque virgule est un tourment métaphysique… mais simplement que pour chaque mot publié, les mots effacés sont innombrables. Faire aboutir un billet, c’est douloureux. Et long. L’obsession menace : écrire dans tous les interstices du temps, entre travail et vie. L’œuvre impose une discipline mais doit s’accorder à l’improvisation. Attraper chaque moment disponible et répondre à la difficile question de son emploi : le consacrer à la lecture ou à l’écriture ?

Tenir un blog est un exercice à la fois très intime et très prétentieux. On a parlé de « journal extime », l’expression est séduisante. Il y a de l’exhibitionnisme, comme dans toute écriture mais sans les filtres de l’édition traditionnelle. L’ego à la dérive.
Parce que le blog est une boursouflure égotique, bien sûr ! Et pourtant, combien peut-il être, aussi, une profonde blessure narcissique, un rappel cruel au réel : il suffit d’un regard aux statistiques, ce cilice de l’écrivant numérique. Je connais des camarades qui les ignorent superbement : leur force est admirable.

Cette année, j’ai réussi à me tenir au rythme hebdomadaire : 50 billets en 52 semaines. Harassant ! Je ne suis pas sûr de pouvoir continuer à publier aussi régulièrement l’année prochaine mais je vais essayer. La contrainte temporelle est un aiguillon qui empêche le relâchement. C’en serait presque oulipien. Le risque demeure toutefois : à trop écrire, ce qui sort en vaut-il la peine ? Écueil difficile à éviter ; cependant, à les relire, j’assume chaque ligne.

Et que faire quand je n’aurai plus rien à dire ? la panne d’inspiration, source tarie, a déjà eu lieu. Plusieurs fois. Le sentiment de vanité de tout cela aussi, entraînant à chaque fois la décision de fermer boutique. Que meure Cinci !
Ainsi le billet numéro 200, « le misanthrope humaniste », publié en juin dernier, devait-il paraître comme une forme de testament philosophique. Sa conclusion originelle en était : « C’est d’abord pour elle que sont ces billets, jusqu’à ce deux-centième. Et dernier. » Pour diverses raisons, il en alla autrement.

Alors je vais continuer d’écrire et de publier des textes comme des bouteilles à la mer que quelques-uns trouveront par hasard. Mon immodestie me pousse même à aller plus loin. Je caresse depuis longtemps le rêve vaniteux de regrouper ces billets, tout ou partie, pour en faire un livre, cet objet délicieusement suranné. Non pour accroître mon illusoire gloriole, mais pour que quelque chose demeure. Parce que le papier vit plus longtemps que les 0 et les 1. Parce que, surtout, j’aimerais que ma fille découvre dans un livre ce que j’ai écrit, et non sur un écran. Réaliserai-je ce rêve ? un éditeur sera-t-il assez inconscient ? on verra.

Il ne me reste plus, chers lecteurs, mes semblables, mes frères, qu’à vous souhaiter une bonne année 2021, pleine de joies et de surprises, de lectures et d’écritures, d’engagements politiques et d’interrogations métaphysiques !

Cincinnatus, 28 décembre 2020

Publié par

Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

5 réflexions au sujet de “Aux lecteurs”

  1. Qu’un peu de temps et d’espace permette à Cinci de nous régaler encore avec son « journal extime » qui me nourrit, m’apprends, m’interroge, me rapproche de lui et de mes frères et soeurs en humanité. En un mot, je ne pourrais imaginer m’en passer.
    Et puis je lui souhaite de réaliser son voeux de compulser en un livre. Le matériau est là et aussi à venir; ne reste plus qu’à trouver le fil conducteur et ce ne sera pas le plus simple ( Essai ou roman pourquoi pas?)
    Merci Cinci et bonne année 2021.

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