
Le peuple serait doué d’une forme de morale intuitive lui permettant de distinguer « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas » [1]. Telle est la thèse, ainsi outrageusement résumée, derrière la notion de « décence commune », chère à George Orwell et reprise par Jean-Claude Michéa. Toute l’œuvre du premier est parcourue par cette conviction que le peuple – au sens, ici, des classes laborieuses, singulièrement les ouvriers – possèderait cette capacité viscérale de s’orienter et de choisir entre le Bien et le Mal, entre le juste et l’injuste, entre, surtout, le décent et l’indécent – capacité que les classes supérieures auraient, quant à elles, perdue. Orwell, le socialiste antitotalitaire, increvable défenseur des plus misérables, irréprochable humaniste, défend toujours et partout la dignité humaine – c’est à travers ce prisme, je pense, qu’il faut comprendre cette notion de « common decency » : la dignité pour seul horizon et seul combat [2].
Michéa, fin lecteur d’Orwell, reprend à son compte la notion. Comme l’auteur de Dans la dèche à Paris et à Londres et du Quai de Wigan, il cherche cette « décence commune » chez les plus humbles, chez les oubliés, chez les invisibles, chez « ceux qui ne sont rien ». Et, à force de chercher, il trouve. Dans la France des laissés-pour-compte de la mondialisation, il perçoit cette « décence commune », seule force de résistance possible à la phase contemporaine du capitalisme et à son idéologie, le néolibéralisme [3]. De ce point de vue, il s’approche des analyses d’un Christophe Guilluy à propos de ce que ce dernier a dénommé la « France périphérique » : les fractures sociales et territoriales se croisent de manières certes complexes mais suffisamment nettes pour faire de toute une partie du peuple les grands perdants de notre sacro-sainte modernité ; et c’est là tout particulièrement que subsisterait la décence commune qu’Orwell trouvait, lui, dans la classe ouvrière.
Une telle synthèse frôle, bien entendu, la caricature et les pensées et écrits des auteurs cités montrent une profondeur et un jeu de nuances infiniment plus riches que l’esquisse que je viens d’en faire. J’invite tous les lecteurs à se frotter à leurs textes : ils n’en sortiront pas indemnes – tant mieux !
La question n’est toutefois pas là. L’intuition d’une décence commune, qu’elle fût pertinente ou non à l’époque d’Orwell, qu’elle existât vraiment ou qu’elle ne fût qu’un mythe réconfortant, peut-elle être légitimement défendue aujourd’hui ? Malgré mon désir sincère de trouver chez mes contemporains une forme de morale intuitive, j’avoue avoir quelques doutes quant à sa validité.
Toutes les qualités humaines auxquelles la décence commune fait référence implicitement ont-elles été expulsées de nos vies ? Noblesse d’âme, honneur, vertu civique, justice, gratuité, beauté, désintéressement, altruisme… autant de principes pouvant nous servir de guides pour nos actions et comportements, relégués dans l’oubli ou rendus aux railleries des sots, tant paraît évidente leur non-congruence avec notre modernité à la tyrannie si peu remise en cause [4].
Les mots ont perdu leurs sens. Celui de démocratisation se voit employé en lieu et place du moins glamour massification. Parler de démocratisation « de la culture », « de l’éducation », etc. fait bien plus rêver que ce que ces slogans de pubards cocaïnés masquent volontairement : le rabaissement systématique au plus vile plutôt que l’élévation de tous au plus sublime. Bien que cela semble aujourd’hui incompréhensible, la démocratisation n’est pas censée être le synonyme de la destruction de tout esprit de noblesse mais, a contrario, la fin de sa confiscation par certains et son ouverture à tous ; ensuite, ceux qui veulent s’en saisir sont libres, comme ceux qui préfèrent n’en pas faire l’effort. L’échelle existe, chacun doit pouvoir y monter, quelles que soient ses origines sociales, génétiques ou autres – s’il en a la volonté et s’y emploie. Mais tout cela vole en éclats avec la massification qui préfère détruire l’échelle au prétexte que toute hiérarchie est par essence illégitime, discriminatoire, ou que sais-je encore. Dans sa démagogie criminelle, ce nivellement emporte les nuances et les subtilités en même temps que toutes les distinctions, au prétexte que tout se vaut, que tout est légitime du moment que « tel est mon choix » ou que « tel est mon goût » [5].
Dans le culte généralisé du moi, l’idiosyncrasie non seulement devient critère absolu du jugement mais, surtout, s’exhibe partout, tout le temps. L’exposition de soi dans l’espace public, devenu un tout-à-l’égo invivable, anéantit les limites posées par la politesse – ensemble des règles de survie dans le milieu hostile que constituent toujours les autres. La discrétion et l’attention à la tranquillité de ses congénères apparaissent dorénavant comme l’apanage de vieux cons moralisateurs incapables d’accepter le nouvel impératif de l’expression de soi – où je veux, quand je veux, aussi fort que je veux. Et peu importe que ce que j’ai à exprimer soit complètement stupide : mon occupation de l’espace public, au détriment des autres, tire sa légitimité de mon pur désir et de mon droit à le réaliser hic et nunc. Dans ces circonstances, le rapport aux autres s’inverse : ce n’est pas à moi de limiter les effets de ma présence pour ne pas gêner les autres, mais aux autres de supporter ces mêmes effets de ma présence afin de ne pas me contraindre.
Il n’y a qu’à voir, pour s’en convaincre, les mines contrites de tous ces passagers de transport en commun subissant le bruit grésillant d’une « musique » agressive transmise par un appareil nasillard. Non seulement personne n’ose faire remarquer à celui qui s’impose ainsi aux autres qu’il a le droit d’écouter de la merde mais qu’il ferait bien de ne pas l’infliger à tout un wagon ou tout un bus, mais surtout chacun se sent à la fois agacé par le bruit et coupable de ne rien oser dire. Pire : la transgression de ce statu quo entraîne condamnation – refuser de se plier à ce diktat de la satisfaction immédiate des désirs puérils au mépris de la vie commune signifie se soumettre aux procès en mal-pensance : « réac », « facho »… les noms d’oiseaux pleuvent. Rien ne doit s’opposer à la jouissance individuelle. Le nouvel avatar de l’homo festivus décrit par Philippe Muray empoisonne la vie de tout le monde ; la fabrique du ressentiment tourne à plein régime.
Si encore il y avait dans ces dégueulis publics de soi quelque chose d’original, d’authentiquement personnel. Mais tous ces moi qui envahissent l’espace public ne sont que des mises en scène formatées de clones tristes. Tout, jusqu’à leur vulgarité markétée, se montre d’une conformité navrante. Des copiés-collés de modèles formatés. De l’« influenceuse » sur instagram au trublion démagogue en passant par le joueur de baballe millionnaire décérébré et exilé fiscal, les « fans » de ces « modèles » se réjouissent du lavage de cerveau et du bourrage de crâne qu’ils subissent volontairement. René Girard a parfaitement décrit le phénomène du désir mimétique mais je doute que le philosophe ait pu imaginer que son concept finirait par prendre de telles formes : il serait fasciné. La singerie atteint ici le niveau où, s’il y avait une justice, le ridicule devrait tuer. Comme en deux miroirs en vis-à-vis, le vide se reflète à l’infini. La communion se consomme dans le culte onaniste à Narcisse.
Le miroir aux alouettes des réseaux dits sociaux porte son reflet bien au-delà des écrans et transmet son ethos de guerre civile paresseuse à toute la population. Barricadés en des forteresses d’entre-soi, réduits à des identités rabougries et monolithiques, les individus infatués de leur propre image vaine ne voient en l’autre, au mieux, qu’une entrave gênante à leurs pulsions – au pire : un ennemi. Les ricanements de hyènes devant le buzz le plus crétin ou le plus ignoble forment une mélodie criarde. En basse continue, les prêches des prêtres ascétiques instillent avec succès leurs idéaux de pureté dans les esprits vidés de toute pensée. Ces nouvelles figures d’autorité allient vulgarité spectaculaire et idéologie fanatique ; l’efficacité de ces exécrables crapules en est d’autant plus redoutable. L’abandon de territoires entiers aux entrepreneurs identitaires et autres prédicateurs de haine fabrique à la chaîne des petits voyous décervelés. Dès lors que l’État et la République abdiquent leur responsabilité, les mafias criminelles et/ou religieuses – souvent la même chose – s’empressent d’occuper le terrain.
Mais l’extension du domaine du caïdat ne concerne pas que les « quartiers » : c’est toute une (in)culture qui imprègne les esprits, bien au-delà de ce lumpen qui pourrit la vie de tous ceux qui le subissent [6]. L’agressivité devient la norme des relations entre les individus, l’hostilité le sentiment naturel à l’égard de l’autre. L’état civil laisse la place à une forme larvée d’état de nature hobbesien. Que l’on n’imagine pas qu’il y aurait là un quelconque mépris de classe dans un sens ou dans l’autre : point question de classe sociale, de compte en banque ni de capital financier ou culturel… enfants d’ouvriers, d’intellectuels ou de traders, comme les Animaux malades de la peste de La Fontaine, ils n’en meurent pas tous mais tous sont frappés. Parfois jusqu’à la sauvagerie la plus brutale ; souvent dans l’indifférence générale d’un incivisme funeste. Ce chacun-pour-soi, largement encouragé par des dirigeants politiques traîtres à leurs fonctions, fait sombrer la courtoisie et les règles fondamentales de la civilité (et non pas de cette horreur novlangagière du « vivre-ensemble ») dans la mesquinerie vinaigrée des intérêts particuliers.
L’indécence commune repose d’abord et avant tout sur une inculture profonde. Effondrement de l’instruction et culture de l’avachissement se conjuguent pour produire des générations d’ignares agressifs. Encouragés à haïr leur propre culture par des démagogues experts ès mensonges et calomnies, ils ne maîtrisent même pas leur langue maternelle et se révèlent incapables de concevoir des pensées complexes ou nuancées. Ils se vautrent dans l’irresponsabilité, inconscients qu’il existe quoi que ce soit de supérieur à leur désir, à leur petit moi d’enfant capricieux et tyrannique. La capacité à accepter l’inacceptable devient une qualité à mesure que la déshumanisation de la société et des individus progresse. La « société de l’obscène » ne forme en rien une société : elle n’est qu’une juxtaposition de pantins à la fois serviles et tyranniques [7].
Nous devrions être effrayés de voir ainsi plusieurs générations foutues. Incarcérés dans ce nouvel ethos, nous ne nous apercevons même pas de ce basculement anthropologique dont les autoproclamés « progressistes » chantent les louanges. Au nom d’une version plus bête encore que les précédentes du culte du Progrès, réduit aux seules évolutions divertissantes et spectaculaires de la technique et des gadgets qu’elle produit à la chaîne comme autant de doudous narcotiques pour gamins mal grandis (et tant pis si progrès humains et sociaux passent aux oubliettes), la « modernité » se voit parée de toutes les vertus : par principe, aujourd’hui est nécessairement meilleur qu’hier. Les fils maudissent leurs pères et se font leurs juges – sans imaginer un seul instant qu’ils s’exposent ainsi à la condamnation aussi stupidement véhémente de la part des prochaines cohortes pleines, à leur tour, de leur vaine suffisance. À la diagonale de l’anachronisme et de la misologie, la révolution culturelle balaie la raison et l’humanité en nous et entre nous.
Ne subsiste dans ce champ de ruines que l’homme privé, c’est-à-dire privé de toutes ses autres dimensions, avortées. Le consommateur agressif considère que tout lui est dû ; l’enfant capricieux se confond avec le client-roi. L’individu débarrassé de tout surmoi, réclame pour lui-même un respect élevé en absolu mais se comporte comme une brute épaisse avec les autres, simples objets de consommation. C’est que la consommation fonctionne comme le paradigme de toute activité. Le rapport au monde ne s’interprète plus qu’en termes de processus consommatoires qui détruisent tout ce dont ils se nourrissent : école, santé, culture… leur décomposition vient de ce que leur nature même, en contradiction totale avec les fondamentaux idéologiques de cette modernité consommatrice et utilitariste, ne peut supporter de devenir ainsi matière première pour ces processus et cette vision du monde. Si Midas transformait en or tout ce qu’il touchait, au contact de l’homme tragiquement moderne, tout se transforme en poussière – et plus vite et plus dramatiquement encore ce qui a pour raison d’être d’échapper à cet anéantissement mais que l’on y soumet de force.
Tout se passe comme si quelque chose que nous devions avoir en nous était absent… et que nous en ayons une vague conscience mêlée d’un soulagement à peine perceptible. Si certains s’alarment, avec quelque raison, d’un « ensauvagement » de notre société, il me semble plus juste de parler d’une déshumanisation qui entraîne à sa suite l’annihilation du monde commun et jusqu’à sa possibilité même. La simple conscience de ce que nous partageons, de ce que nous avons en commun, nous échappe. Avec cette atrophie de l’humain, plus de peuple ni de nation possibles : seulement les foules, les meutes. L’humaniste sincère sombre dans une misanthropie amère.
Le moraliste se fait moralisateur et cède à la petite voix des Savonarole et Torquemada de l’Histoire, dont l’haleine sent l’autodafé. Si Machiavel n’est pas le premier à révéler combien morale et politique relèvent de champs autonomes, il est sûrement dans l’histoire celui qui l’a le mieux démontré. Or la « décence commune » paraît s’attacher à une conception morale du politique, entraînant ainsi sa disqualification immédiate. Bien sûr, il n’en est rien : au contraire, face à l’indécence commune, la recherche des derniers restes de dignité humaine devient un impératif. Alors que la moraline envahit et empoisonne le politique, et que s’impose l’immoralité des tartuffes maquillée des plus abjects atours du fanatisme idéologique, l’avertissement camusien est inaudible :
Un homme, ça s’empêche.
Cincinnatus, 13 juin 2022
[1] Ce billet peut être considéré comme la troisième partie d’une trilogie consacrée au peuple, après « Au nom du peuple » et « Fractures sociales ; fractures territoriales », même s’il n’est nul besoin d’avoir pris connaissance des précédents pour lire celui-ci.
[2] Il est, en cela, très proche d’un Clemenceau, d’un Camus ou d’une Arendt, entre autres…
[3] « Il n’y a pas d’alternative ? Vraiment ? » et « Misère de l’économicisme : 2. L’idéologie néolibérale ».
[4] J’ai déjà consacré moult billets aux crises qui affectent la plupart de ces notions, par exemple : « Veillée funèbre pour l’honneur disparu », « De la vertu en République », « And justice for all », « L’utile et l’inutile », « L’empire du moche »… inutile, donc, de m’appesantir encore sur chacune. Et au sujet de cette modernité au sourire carnassier : « Le monde merveilleux de la modernité ».
[5] Aussi fan puis-je être, par exemple, de Queen, il me paraît ahurissant de prétendre que Freddie Mercury est musicalement l’égal de Mozart ou que, d’un côté, le rock – genre que j’adore – ou le rap – genre que j’exècre – et, de l’autre, la musique classique, « c’est pareil ». On peut tout à fait, à titre personnel, préférer écouter l’un ou l’autre, ne pas aimer la musique classique, etc. etc. mais considérer qu’artistiquement tout cela se vaut revient seulement à prouver qu’on a des nouilles trop cuites entre les oreilles.
[6] « La République à la reconquête de ses territoires perdus », « Extension du domaine du caïdat » et « La République à chaque coin de rue ».
[7] De ce point de vue, la pandémie a agi comme un révélateur, au sens chimique du terme, des égoïsmes et incivismes. Un révélateur de plus… comme s’il en fallait encore : « De l’égoïsme en milieu confiné », « Une pandémie d’incivisme » et « Passe sanitaire : les vertiges de la déraison ».
Bonjour,
au passage merci et bravo pour votre blog que je lis régulièrement, en plus d’un contenu souvent très intéressant vous avez une belle plume !
Pour ma part je suis moins pessimiste que vous quant à la perte irrémédiable de ces valeurs. Pour reprendre votre exemple de la musique dans un wagon, en fait presque tout le monde est outré par ce comportement, et ce qui empêche la plupart des gens de dire quelque chose c’est simplement la peur de la violence, pas du tout une atrophie de la « common decency ».
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Monsieur,
Votre texte est celui d’une désillusion. L’illusion dans laquelle vous vous fûtes bercé étant celle qu’un civisme laïque et républicain, issue de la Raison des Lumières, eût pu remplacer le savoir-vivre de la Cité de l’ancien monde, croisement des valeurs morales et philosophiques de la civilisation chrétienne et des traditions populaires (dont les restes faisaient la common decency des ouvriers d’Orwell).
La vérité, c’est que ce civisme laïque et républicain ne maintenait son illusion qu’en vertu des résidus subsistant encore dans chaque individu – mais s’affaiblissant après chaque nouvelle génération un peu plus imprégnée de votre progressisme positiviste – de cette morale chrétienne reposant sur des messages simples, bons et accessibles à tous. Ces acquis sont aujourd’hui réduits à peau de chagrin par des décennies, des siècles même, d’assauts philosophiques confits d’hubris et de fatuité, déniant au peuple son habitus fondé sur une religiosité régulatrice des rapports sociaux et des pulsions individuelles, sagesse de toute les traditions de par le monde.
Ces ouvreurs de la boîte de Pandore, ces « philosophes », libertins de la haute société, drapés de leur arrogance prométhéenne, se fichaient bien du déluge qui surviendraient après eux. Leurs descendants, dont vous êtes manifestement, peuvent bien exprimer leur amertume et déplorer les travers du narcissisme populacier et de la nouvelle barbarie que vous dénoncez dans ce texte : vous en êtes les principaux artisans. Ne soyez pas dupe cependant, monsieur. Le mépris de classe et les accents élitistes contenus dans vos lignes ne sont que l’expression de la nature véritable de l’éthos de la pensée des Lumières, qui considère la masse populaire comme foncièrement tarée et à rééduquer sans faiblesse, afin de la rendre compatible au grands projets de la « caste philosophique ».
Ce sont ces sentiments qui justifient les coups de menton autoritaristes et la coloration néo-conservatrice des Républicains d’aujourd’hui, qui ont beau jeu de dénoncer la Macronie, eux qui maîtrisent si bien l’art de la posture, tout en la plébiscitant in fine, contre les « populistes », et parce qu’elle représente en vérité la synthèse nue et décomplexée de l’ordre bourgeois et matérialiste dont la République a été le cache-nez pendant tout ce temps .
Nous assistons tous au naufrage de cette modernité là, mais avec divers degrés de lucidité. En conclusion, ce lieu commun de Bossuet semble parfaitement adapté : Dieu se rit de ceux qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes.
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Monsieur,
je vous remercie pour votre commentaire avec lequel, bien entendu, je suis en désaccord profond et total.
Libre à vous de calomnier les Lumières (dont le pluriel est crucial, tant les débats, oppositions, confrontations, nuances et subtilités sont nombreux) et de faire semblant de ne rien comprendre de leur apport à la pensée et à la philosophie.
Libre à vous d’ignorer volontairement leurs racines et de faire comme si elles étaient une espèce de Deus ex machina maléfique apparu dans l’Histoire pour imposer son malin dessein.
Libre à vous de balayer d’un grossier revers de main les concepts de liberté et d’émancipation par l’instruction et l’usage individuel de la raison, leur préférant, si je vous lis bien, l’obscurantisme et la servitude des religions.
Libre à vous, enfin, de lire de travers mon billet et, surtout, de ne pas lire ceux qui le complètent et l’éclairent (par exemple : « Au nom du peuple » et « Fractures sociales ; fractures territoriales »).
Je regrette seulement que l’importante culture et les convictions argumentées que je devine derrière votre prose s’abîment dans ces caricatures.
Cincinnatus
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