Profs

En mémoire de Samuel Paty et Dominique Bernard

Quel beau métier que celui de professeur en France !

Lire la suite…

Les offensés professionnels

Tintin au pays de l’or noir, Hergé (1950)

La chouinocratie gangrène notre démocratie. Étudiants traumatisés parce qu’on leur a montré un film de Kubrick (odieuse pornographie patriarcale, comme chacun sait) ou par la lecture d’un roman de Mark Twain (dans lequel le mot « nègre » apparaît sans qu’ils aient été dûment prévenus par lettre recommandée avec accusé de réception ni reçu un doudou et un bonbon pour apaiser leurs émois), croyants qui exigent péremptoirement le respect de leur religion et l’instauration d’un nouveau délit de blasphème, activistes menaçant de mort toute personne qui oserait affirmer qu’une femme est une femme… des individus à la sensibilité à fleur de peau, exaltés contre tout ce qui ne leur ressemble pas, sombrent dans la complainte victimaire et s’imaginent à la fois les plus malheureux et les plus vertueux de l’histoire de l’humanité. Le monde entier doit se mettre au diapason de leurs caprices et de leur sensiblerie autoritaire, et protéger leurs nerfs fragiles contre tout ce qui pourrait venir les contrarier. Fiers de leur « déconstruction », ils s’estiment avoir atteint le plus haut sommet de l’évolution humaine, depuis lequel ils peuvent juger l’ensemble de leurs semblables – passés et présents – à l’aune de leurs obsessions.

Lire la suite…

L’intelligence sous-traitée

Metropolis, film culte de Fritz Lang (1927)

Nous sommes de plus en plus cons. C’est pas moi qui le dis, c’est statistique, scientifique, quantifié, sourcé et démontré : le QI moyen s’effondre. En même temps©, le nombre de « hauts potentiels intellectuels » (HPI) autodiagnostiqués – parce qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même – explose : preuve irréfutable de l’extension du domaine de l’imbécillité !

Lire la suite…

La vertu destructrice

Condamnés par l’Inquisition, Eugenio Lucas Velázquez (1862)

Il souffle, en France et ailleurs, comme un vent mauvais, un vent de destruction, sur les arts et les savoirs, sur la discussion et la contradiction. Les esprits semblent emportés par une volonté de salir, d’éliminer, de censurer, de faire disparaître, purement et simplement, ce qui les contrarie ou les contraint. Ce qui ne leur ressemble pas, surtout.

Lire la suite…

Le Parlement profané

Une séance à la chambre des députés, René Achille Rousseau Decelle (1907)

Nos représentants ne représentent plus rien ni personne. Plus grave encore : ils déshonorent le Parlement, ils avilissent leur fonction, ils anéantissent le politique.

Lire la suite…

L’inculture plastronnante

Nous avons sans doute sous les yeux les générations les plus stupides de l’histoire. Et les plus incultes. Il y en aura toujours pour me rétorquer que c’est ce qu’on disait déjà dans l’antiquité et que tous les misanthropes ont jugé leurs contemporains avec la même sévérité. Certes. Peut-être, après tout, les deux propositions sont-elles vraies simultanément – ce qui rendrait plus dramatique encore la première. Quoi qu’il en soit, un phénomène bien caractéristique de notre sinistre « modernité », « postmodernité » ou que sais-je encore, tient probablement dans cette fierté de la sottise, dans cette arrogance de l’inculture qui s’étalent et s’affichent partout et tout le temps. Non seulement aucune honte n’est plus attachée à ce qui, hier encore, était considéré comme des défauts dignes de raillerie ; mais on assume et on se rengorge même de sa propre connerie, devenue valeur positive. S’il existe encore, dans deux ou trois siècles, quoi que ce soit qui fasse office d’historiens, si la raison humaine n’est pas, alors, enfouie dans les abysses de l’idiocracie, pour reprendre le titre d’une pochade américaine, alors quel regard porteront nos descendants sur nous ?

Lire la suite…

L’effondrement de l’instruction

1024px-jean_geoffroy_-_en_classe2c_le_travail_des_petits-1
En classe, le travail des petits, Jean Geoffroy (1889)

L’école. Encore l’école. Comme si je n’avais pas déjà tout dit à ce sujet [1]. Eh bien non. Parce que, pour un républicain, l’école sera toujours la matrice de toute réflexion politique.
Lire la suite…

La culture de l’avachissement

jove_decadent
Jeune Décadente, Ramon Casas (1899)

Il est parti tôt et a sauté dans son Uber pour être chez lui au plus vite. Effondré sur son canapé, les yeux rivés sur une série Netflix dont il absorbe une saison entière d’affilée en la commentant sur Twitter, il attend son Deliveroo. On sonne à l’interphone, il grommelle, contraint de faire une pause au milieu de l’épisode – bah, il en profitera pour aller pisser – et va ouvrir. Hélas, ce n’est pas l’arrivée tant espérée de sa pitance toute prête qui lui réclame cet effort physique difficilement surmontable, ni le colis Amazon contenant le précieux nouveau gadget qu’il attend depuis deux jours (il va leur mettre une mauvaise note, ça leur fera les pieds), mais la livraison de ses courses, depuis le supermarché à deux cents mètres de chez lui. Il récupère les sacs, dans un échange minimal avec le livreur, les dépose au milieu de la cuisine et retourne à son épisode et à ses followers – il pissera plus tard.

*

La culture de l’avachissement est le soubassement anthropologique qui permet l’épanouissement de la « société de l’obscène » que j’ai décrite ailleurs. Elles forment les deux faces de notre modernité. Alors que l’esprit de grandeur fut vanté comme idéal de noblesse humaine, dorénavant, l’esprit de petitesse domine en tant que modèle de la vie bonne.
Lire la suite…

L’écriture excluante

Les membres de l'Académie venant offrir au Roi le Dictionnaire de l'Académie
Les membres de l’Académie venant offrir au Roi le Dictionnaire de l’Académie (1694) / La preuve du complot !

L’écriture dite « inclusive », sous toutes ses formes – féminisation anarchique des titres et professions, épuration de la langue de toutes ses scories misogynes fantasmées, invention délirante de nouveaux termes aussi laids qu’inutiles, destruction des mots et de l’étymologie par le point médian, etc. –, multiplie les exemples de manipulations de la langue à la diagonale de l’inculture et de l’idéologie [1].


Sommaire :
Précieux ridicules
Scientifiques en carton
Idéologues militants
Violents manipulateurs
Tartuffes du féminisme
Destructeurs du monde commun


Lire la suite…

Quel monde pour toi, ma fille ?

Tu viens d’avoir trois ans, ma fille. Dans quel monde en auras-tu trente, vers le mitan du siècle ? Ce siècle dans lequel je suis entré à déjà vingt. Enfant du vingtième et homme du vingt-et-unième, je me sens surtout millénaire. Frémiras-tu, toi aussi, au souvenir de cette mer Égée qui porte les vaisseaux des Achéens vers l’Est et l’immortalité ? Ou toutes ces histoires qui me constituent vous seront-elles étrangères, à toi et à tes compagnons temporels ? Je sens aujourd’hui survenir la rupture du fil ténu qui relie les vivants aux morts, les présents aux passés. L’augmentation des fondations, conception romaine de la culture qui m’est parvenue non sans mal, signifiait un respect critique et cette volonté de transmission que je t’assène dans mon effroi devant son obsolescence. Le monde commun semble s’anéantir sous nos yeux, à mesure que la culture s’éteint. Nous avons dilapidé notre héritage, faute de nous y intéresser, de chérir ce patrimoine comme il se doit. Que vous lèguerons-nous, sinon un monde amnésique – le contraire d’un monde, donc ? Fin de la transmission [1]. Lire la suite…