Et maintenant ?

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Photos : AFP

La campagne

La campagne pour le premier tour fut spectrale. Exclusivement animée par les outsiders, les deux principaux candidats ont délibérément choisi de la snober en refusant le débat afin de verrouiller leur « qualification » [1] pour le second tour. Dans un parfait numéro de duettistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont confisqué l’élection. L’espace public n’a bruit que de polémiques médiocres et de buzz infantile.

Il faut dire que l’offre politique elle-même n’est guère à la hauteur. La démocratie est bien malade lorsque les candidats qui s’offrent au suffrage universel ressemblent à des clones produits en série. Certes, on trouvera toujours des nuances entre tel et tel programme, tel et tel prétendant à l’Élysée. Et l’on fera passer ces subtiles différences pour des clivages irréconciliables afin de mieux faire croire que l’électeur a un choix. En réalité : entre les thuriféraires plus ou moins assumés ou complexés du néolibéralisme [2] et les promoteurs des identitarismes alliés objectifs [3], il ne nous a été proposé que des variations sur les mêmes thèmes. Seuls les proportions les distinguaient.

Nous étions en droit d’attendre que tous évoquassent des récits nouant intimement l’histoire de notre nation et la proposition d’un avenir commun dans une vision du monde engagée [4]. À tout le moins, nous aurions pris quelque plaisir au spectacle de joutes oratoires entre tribuns enflammés. Même pas : le verbe a déserté la politique à mesure qu’une génération de petits gestionnaires s’y est imposée. Cette formule de Max Weber revient régulièrement dans mes carnets, parce qu’elle dit si bien le mal dans lequel nous sommes plongés, parce qu’elle décrit si bien ceux qui nous gouvernent :

les spécialistes sans vision et voluptueux sans cœur – ce néant s’imagine avoir gravi un degré de l’humanité jamais atteint jusque-là [5]

Et comment ne pas être frappé par l’acuité de la prédiction wébérienne, lorsqu’on subit les numéros désolants de ces douze candidats médiocres [6] ?

Je l’ai répété suffisamment ici : le vote et la démocratie ne sont pas des synonymes exacts et les confondre par paresse ou ignorance revient à dévaluer l’un comme l’autre et à nier les liens forts et complexes qui se nouent entre eux [7]. Lorsque l’offre électorale sombre à ce point dans le néant, la démocratie devient un simulacre et l’élection un prétexte. Légitimité et légalité s’opposent, ouvrant un gouffre béant entre des élus persuadés de recevoir un pouvoir qu’ils sont libres d’exercer comme bon leur chante, et une fraction très largement majoritaire du peuple imprégnée de l’idée qu’elle s’est fait arnaquer. De ce gouffre surgissent un ressentiment et une colère justes mais délétères.

Les manipulations

Cette fausse campagne n’a pu faire illusion que par l’action des médias et leur utilisation des sondages. Comme après chaque élection, ils subissent un procès en erreurs et errements : ils donneraient une image erronée des rapports de force, les sondeurs raconteraient n’importe quoi, etc. Et puis on oublie. Et puis on recommence. Ces accusations, je pense, manquent leur cible. Les sondages ne se trompent pas : leur objectif n’est en rien de « donner une image à l’instant donné des intentions de vote » comme ils le prétendent. Ils ne sont pas là pour « informer » les citoyens. Au contraire : ils jouent un rôle actif, performatif, dans les dynamiques électorales. Pour le dire plus crûment, ils sont un outil de manipulation antidémocratique.

J’ai déjà longuement expliqué pourquoi leur « scientificité » est un mensonge [8] et combien leurs intérêts sont liés à ceux des médias et des politiques eux-mêmes [9], je ne recommencerai pas ici. Je préfère plutôt pointer aujourd’hui leur pouvoir usurpé. Ils ne décrivent pas ; ils commandent. Le scénario de la campagne électorale est écrit au fur et à mesure que celle-ci se déroule par les médias classiques et les réseaux dits sociaux, avec l’aide active des politiques eux-mêmes avides de (mauvais) coups, et en fonction des besoins en buzz des uns et des autres. Les sondages servent à fabriquer de toute pièce « l’opinion publique », objet central de la société spectaculaire-marchande, aux antipodes de la volonté générale démocratique [10]. Sont ainsi inventés artificiellement des candidats et des polémiques déconnectés du réel, permettant un récit divertissant qui rend inaudibles les narrations politiques que pourraient formuler d’éventuels candidats réellement démocrates.

La construction de l’histoire d’une campagne se calque sur les techniques cinématographiques conçues pour la fiction et qui débordent sur le réel. Les rebondissements cousus de fil blanc, à coup de « troisième homme », d’« incertitude sur la qualification du favori », de « croisement des courbes »… tiennent autant de la course de chevaux que de la série netflix. Or les effets de ces histoires sont terribles puisqu’elles imprègnent les esprits et guident les décisions politiques. C’est en fonction des sondages que s’est développée cette notion monstrueuse du « vote utile », comme si le politique était régi par ce critère de l’« utilité » qui, partout où il s’installe, rabougrit l’humain sur ce qu’il a de plus détestable [11]. Il n’y a rien de plus étranger au politique que l’« utile ». Aucun vote n’est « utile », aucun n’est « inutile ». Un vote ne peut qu’être sincère et libre.

L’individu sort de l’ombre et du confort du privé pour entrer dans la lumière du public en s’élevant à la puissance du citoyen [12]. Ce faisant, il s’abstrait de ses intérêts privés afin de raisonner à l’échelle de l’intérêt général. La seule question qu’il doit se poser et à laquelle il doit s’efforcer de trouver une réponse est : qu’est-ce qui est bon et juste ? Et non pas : qu’est-ce qui (m’)est utile ? L’élection ne s’asservit pas à l’utilitarisme ; participer au politique en tacticien, c’est nier celui-ci. Les injonctions au vote « utile », c’est-à-dire la menace qu’un vote serait gâché ou ne servirait à rien, sont un chantage ignoble… qui fonctionne, hélas !, très bien. Ainsi vote-t-on contre ses propres convictions – trahison de soi-même et du corps politique [13].

Les votes tactiques ont offert aux trois principaux candidats des scores très élevés et condamné les autres, sans lien réel avec les opinions et volontés des citoyens. On a voté contre tel candidat en choisissant qui semblait le plus à même de l’éliminer au premier tour. Évidemment, il n’est jamais possible de trouver un candidat qui incarne exactement notre propre vision du monde et le choix se fait en général par défaut – phénomène qui montre, une fois de plus, que vote et démocratie ne se confondent pas. La différence est toutefois immense entre voter pour le candidat qui nous semble le plus proche de nos convictions et de nos conceptions du bien et du juste, et choisir, sciemment, un tiers candidat pour la seule raison qu’il paraît avoir plus de chances d’en évincer un troisième. Le « moindre mal » est un argument du désespoir que je peux parfaitement comprendre – mais ce n’est jamais un argument politique [14].

Parce qu’il procède d’une logique qui détruit fondamentalement le politique. Si l’élection oblige des visions du monde à s’incarner dans des individus, c’est pour elles que l’on doit voter, non pour eux. Ils n’en sont que les véhicules. Or le renversement cul par-dessus tête de cette évidence nous a fait depuis longtemps basculer dans un domaine dont le politique est absent. On vote pour des personnes, pour ce qu’on imagine qu’elles représentent ou, plus encore, contre les autres. On vote contre Macron, contre Le Pen, contre Mélenchon. Sans même savoir exactement ce qu’il y a derrière, sans même connaître leurs programmes ni leurs idées ni leurs visions du monde, de la société et de l’homme. On vote pour des personnages de fiction, des projections de ses propres fantasmes, aspirations et espérances. Le vote n’est que réactif.

Certes, me dira-t-on, goguenard, mais tout cela n’est guère nouveau, c’est toute l’histoire de l’élection et l’on n’a pas attendu cette formidable modernité qui est la nôtre pour voter en fonction de la trogne des démagogues et de leurs beaux discours. Vanitas vanitatis, nihil novi sub sole, etc. etc.
Sans doute, je le concède. Mais c’est un peu court. Deux réflexions peuvent démontrer l’inanité de ce sophisme.
D’une part, une petite digression sur le bon usage de l’idéal. L’impossible réalisation d’un idéal ne doit pas conduire au rejet de celui-ci – au contraire, il doit demeurer un horizon pour l’éthique, un guide pour la décision et un aiguillon pour l’action [15]. Son abstraction a précisément pour but de juger le réel à son aune. Il ne s’agit donc en rien de calomnier le réel au nom d’un idéal inaccessible, ni de railler tous les principes supérieurs en (mauvaise) raison de leur inaccessibilité, mais, au contraire, de mesurer que le réel est à tel point éloigné de l’idéal qu’il ne peut plus prétendre s’en réclamer. Lorsque les principes directeurs sont si corrompus, on ne peut arguer d’une quelconque nécessité d’adaptation aux contraintes du réel pour s’excuser de ses trahisons. Bien sûr, il faut reconnaître l’imperfection du réel – mais pas s’en servir pour justifier l’injustifiable.
D’autre part, l’emprise du récit médiatique qui annihile la narration politique ne fait que renforcer les manipulations de masse, de telle sorte que le changement d’échelle implique un changement de nature [16]. L’industrialisation de la démagogie, de Calliclès à Hanouna [17].

Le processus électoral se voit tant vicié qu’il en perd toute valeur… bien que le respect de son apparence formelle lui assure une application inchangée, et donc des conséquences considérables.

La pulvérisation

La France est profondément fracturée entre ceux dont la situation est catastrophique et ceux qui bénéficient des bienfaits de la mondialisation. Le peuple, cet obscur objet de nos délires [18], se fragmente en factions incapables de se voir, de s’entendre ni de s’écouter. L’arrogance cruelle de ceux qui ont tout envers « ceux qui ne sont rien » ne s’explique que par l’incompréhension sincère qui les saisit. Comment imaginer ce que vivent des millions de Français déclassés, appauvris, subissant insécurités financière, culturelle et physique, lorsque soi-même on profite pleinement de la douceur de vivre des hypercentres-villes avec leur confort illusoire et que l’on baigne dans la culture de l’avachissement [19] ? Le mépris qui a saisi toute une partie de la France envers la révolte des premiers gilets jaunes, prenant prétexte des violences qui ont suivi pour réduire le peuple au lumpen [20], persiste et s’amplifie à l’encontre de ces électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen. Comme l’a récemment exprimé de manière limpide Anne Rosencher, de L’Express :

une partie des élites pense que les gens qui votent pour les extrêmes ne sont pas assez intelligents pour savoir ce qui est bon pour eux.

Quels ingrats de s’opposer ainsi au président sortant qui paraît avoir tant fait pour les Français ! Ce que manquent les petits marquis poudrés et les veinards à vue courte, c’est qu’Emmanuel Macron a beaucoup fait, certes, mais pour certains Français seulement. Beaucoup d’autres souffrent réellement d’une politique de destruction des services publics, d’écrasement des plus faibles – une politique de classe et de casse. Mais cela, les thuriféraires du macronisme, ne peuvent pas le voir. Cette cécité de la France qui va bien explique qu’elle traite comme des enfants gâtés ceux qui vivent dans une autre réalité – pas moins réelle.

Car les fractures du corps social français sont graves et éminemment inquiétantes. Comme je l’ai longuement développé il y a à peine un mois, fractures sociales et territoriales se confondent [21], dessinant une France déchirée en camps retranchés, dont les éructations entre les deux tours de l’élection témoignent de ressentiments indépassables qui confinent à la haine. Les insultes à l’encontre des jeunes imbéciles qui n’ont pas voté Macron concurrencent celles dirigées contre ces vieux cons qui lui ont donné leurs voix. La fracture générationnelle semble s’ajouter aux autres [22], prenant la forme d’une bêtise d’une grande violence, comme le montre le nombre de messages réclamant un âge limite pour le droit de vote !

Pour le second tour, la corruption civique atteint des niveaux inouïs. Il n’est question que de tactique et de culpabilité. Le politique est mort et enterré, la vertu civique une incongruité surannée [23]. L’esprit de troupeau l’emporte sur la recherche de l’intérêt général. La haine et la peur dirigent les esprits – or, si la colère peut être un sentiment politique, la haine et la peur ne le sont jamais. Elles motivent aujourd’hui les actions et décisions de beaucoup de citoyens, sans doute, pour partie, par notre propre faute : il ne faut pas exonérer les individus de leurs lâchetés ni de leur responsabilité dans l’état déplorable de notre corps civique. Nous sommes tous responsables mais incapables de l’assumer [24]. Il ne faut pas plus exonérer le système médiatique de son rôle actif dans le délabrement de nos institutions et de notre espace public – je l’ai amplement dit plus haut. Enfin, le personnel politique lui-même ne peut se dédouaner : aucun candidat n’a su offrir une voix sincère aux nombreuses colères qui animent le peuple français. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen les ont confisquées et en ont usurpé la représentation avec une démagogie consommée.

Le second tour

Que faire le 24 avril, jour de mon anniversaire ?

Voter Le Pen ?

La stratégie de Marine Le Pen, particulièrement depuis le 10 avril, vise à récupérer les voix de tous les opposants et victimes du macronisme, tout en effaçant l’image déplorable d’amateurisme forgée contre son gré il y a cinq ans. D’où le discours du soir du premier tour aux accents socio-gaullo-populistes ; d’où les diverses interventions médiatiques. L’exercice de séduction fonctionne-t-il ? Le rejet du président sortant est tel que ce n’est pas du tout exclu. De même, l’entreprise de « dédiabolisation », c’est-à-dire de normalisation du parti et de rupture avec l’étiquette infamante d’extrême-droite, est si avancée que les attaques actuelles fondées sur des considérations obsolètes s’avèrent contreproductives.

Il faut vraiment en finir avec les épouvantails, croquemitaines et autres Pères Fouettard ! Les accusations en « fascisme » envers Marine Le Pen et son parti sont ridicules et absurdes. Elles montrent seulement que ceux qui les emploient n’ont aucune culture historique, aucune capacité d’analyse, aucun sang-froid et propagent, volontairement ou non, les clichés les plus crétins (d’autant plus lorsqu’ils osent, pour (se) faire peur, des rapprochement ignobles et des raccourcis mensongers, du type « regardez : Hitler est arrivé au pouvoir démocratiquement ! Marine Le Pen, c’est la même chose ! » Tout est faux là-dedans ! [25]). Ils insultent les victimes des véritables fascismes, phénomène ancré dans l’histoire et dont les définitions, précises, fouillées et argumentées, ne s’appliquent pas au cas en question. Il s’agit seulement de réveiller des réflexes pavloviens et de se sentir bien en diabolisant l’adversaire politique… sans se rendre compte qu’on se décrédibilise soi-même et qu’on rend donc un fier service à celui qu’on pense attaquer. Tout cela est confondant de stupidité.

Le FN a été fondé par des anciens nazis, par des partisans parmi les plus violents de l’Algérie française, par les franges les plus extrémistes des catholiques traditionalistes, par d’anciens boulangistes et par tout un tas d’autres individus et groupuscules plus ou moins fréquentables, rassemblés en un parti hétéroclite par Jean-Marie Le Pen. Depuis, tant la composition que la ligne politique de ce parti ont beaucoup évolué, notamment à l’occasion des sécessions successives et des purges commandées par le père et la fille – mais aussi par les ralliements temporaires ou permanents. Le RN de Marine Le Pen n’est plus le FN de Jean-Marie Le Pen.

Il n’y a là rien d’original. L’histoire des partis est celle de leurs trahisons.
Qu’a encore de gaulliste LR, parti supposément héritier de celui fondé par le Général ? à peu près rien !
Qu’a encore de socialiste le PS, parti de Jaurès et Blum ? tout à fait rien !
Dans la plupart des cas, les fondateurs et grandes références historiques de chacun des partis politiques, s’ils revenaient, renieraient immédiatement leurs autoproclamés descendants et s’empresseraient de leur botter le derrière !

Non, ni le RN ni Le Pen ne sont « fascistes »… ce qui n’empêche pas de s’opposer à eux – mais il faut le faire intelligemment.

Le programme présidentiel de Marine Le Pen mélange promesses intenables parce qu’inconstitutionnelles, illusoires ou mensongères, et annonces antirépublicaines. Outre son programme, qu’on peut et doit critiquer sérieusement, l’entourage de Marine Le Pen, renforcé par les soutiens d’Éric Zemmour [26], a largement de quoi inquiéter quant à la politique qui serait menée sous sa présidence. Il est d’ailleurs cocasse de voir les anciens du FN, partis rejoindre le polémiste parce qu’ils s’opposaient à ce que le RN devenait, revenir dans la campagne de leur ancienne chef.

Contrairement à ce qu’elle prétend, l’élection de Marine Le Pen marquerait la destruction des services publics en général et de l’institution scolaire en particulier – ses accointances et, plus encore, celle de ses sbires, avec le privé confessionnel en fait une farouche ennemie de l’école laïque et républicaine –, la fin de l’égalité républicaine et du modèle social français, et la rupture avec la conception républicaine de la nationalité et de la citoyenneté. Je ne pense pas que Marine Le Pen soit, personnellement, raciste ni xénophobe ; en revanche, parmi ses proches et ceux qui seront amenés à concevoir et appliquer sa politique, beaucoup le sont et ce ne sont pas des procès d’intention que de craindre sincèrement les conséquences de son élection.

Peut-être plus grave encore, les dépendances avérées de la candidate, de ses proches et de son parti à des puissances étrangères, Russie en tête, sont totalement incompatibles avec l’indépendance de la France et l’exercice de la fonction présidentielle. Je refuse de confier le destin de la nation à quelqu’un d’aussi lié financièrement et idéologiquement à d’autres États, dont les conceptions du politique sont à ce point opposées aux miennes et entouré de nervis au projet politique intrinsèquement antirépublicain.

Voter Macron ?

À son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron a profité du terrain préparé par Nicolas Sarkozy qui avait fait sauter la plupart des digues qui protégeaient encore la république et que Hollande n’avait pas eu cure de reconstruire. Pendant ces cinq années, le président a fait plus et est allé plus loin que tout ce que son prédécesseur et mentor Sarkozy [27] avait entrepris ou même rêvé d’accomplir. Pendant ce quinquennat détestable, nous avons subi l’abaissement de la fonction présidentielle, l’application systématique d’une politique de boucs émissaires et le creusement volontaire des clivages entre les Français [28]. Sous couvert du « en même temps » et du « et de droite et de gauche » que seuls les aveugles volontaires ont pu croire, Emmanuel Macron a mené une politique antisociale, appuyée sur la décomposition des services publics au profit de cabinets de conseil qui volent deux fois les Français en ne payant pas d’impôts et en se servant de manière indue dans les caisses publiques. Si la gestion de la crise sanitaire, il faut le reconnaître, n’a pas forcément été pire que celle des autres pays, elle a toutefois été marquée par une série de mensonges impardonnables envers le peuple [29]. Enfin, peut-être pire encore que tout le reste, les trahisons multiples et répétées de la république en général et de la laïcité en particulier ont émaillé ces cinq années ; malgré les quelques prises de guerre récentes débauchées du camp laïque, Emmanuel Macron déploie explicitement un esprit concordataire contraire à la laïcité française. Dans son racolage vulgaire des religions et surtout des religieux, il joue à un jeu dangereux, y compris avec ceux qui nous ont désignés pour ennemis [30].

Tout cela n’est rien en comparaison de ce qui nous attend avec sa réélection. C’en sera définitivement fini du modèle social, de l’école républicaine, des services publics… et même pour les entreprises, la conception néolibérale du président aura pour effet d’arroser toujours largement d’argent public les très gros, les fraudeurs et les start-up fumeuses, sans pour autant aider les petites et moyennes entreprises qui souffrent [31]. Les fractures vont continuer de s’élargir au point de briser la France en morceaux. L’unité et l’indivisibilité de la République vont voler en éclat au profit de baronnies locales dirigées par des petits potentats à l’image du président : pleins de suffisance et d’incompétence. Ils exerceront un droit « adapté aux réalités locales » de telle sorte que selon où vous vivrez, vous serez soumis à des lois différentes ! Avec la politique annoncée pour cinq ans de plus, les plus faibles sont promis à sombrer plus encore dans la misère, condamnés moralement – le fameux « assistanat » craché à la gueule des plus pauvres par des gens qui ne savent même pas commander eux-mêmes leur taxi ! la morgue de cette caste les rend détestables et ils s’en moquent ouvertement – et financièrement par une politique antisociale revendiquée – après tout, « ceux qui ne sont rien » coûtent « un pognon de dingue » et « il n’y a pas d’argent magique »… sauf pour les copains du président.

Quant à l’avenir de nos enfants, l’instruction publique déjà en état de décomposition avancée [32], en partie du fait du gouvernement sortant qui ne rêve que de parachever la longue destruction menée depuis trente-cinq ans [33], est condamnée à la privatisation au profit d’officines n’ayant aucune conscience des principes de transmission ni d’émancipation. La mise sous coupe réglée de l’école par le marché et ses impératifs de rentabilité et de formation d’une main d’œuvre bon marché, malléable et adaptée aux besoins utilitaristes des entreprises finira d’achever la conception humaniste de l’instruction [34]. Dans l’école à deux vitesses qui a déjà commencé à s’installer par l’action délétère des pédagogos de tous poils, idiots utiles du néolibéralisme, seuls ceux qui pourront se payer les services exorbitants de cours et d’écoles privés auront la chance de voir leurs enfants apprendre quelque chose pendant que les autres se contenteront d’une garderie démagogique effectuée par des contractuels incompétents et payés une misère (comme l’ensemble des agents publics paupérisés et méprisés), soumis aux humeurs de petits chefs d’établissement tyranniques adeptes du sacrosaint « pas-de-vague » [35].

Le président sortant lui-même l’a affirmé : le « front républicain » n’existe pas, il attend un vote de soutien et regardera comme tel chaque bulletin à son nom. Quelle boursouflure égotique ! Quelle hybris ! J’ai passé le dernier quinquennat à dénoncer les méfaits de ce président et de ses hommes de mains ; il n’est pas question que je vote pour lui, après l’avoir fait en 2017 [36], alors que, pendant cinq années, il a tout fait pour me pourrir la vie et qu’il promet, dans les cinq prochaines, de détruire tout ce que je défends – promesse qu’il tiendra avec une délectation abjecte. Même le syndrome de Stockholm a des limites !

Voter blanc ?

Les deux candidats sont les héritiers, en des proportions différentes, de l’orléanisme et du bonapartisme. L’un et l’autre ennemis de la république, chacun à sa manière fort différente de celle de son concurrent ; il m’est donc impossible de leur donner ma voix. Mais que l’on m’entende bien : je ne mets pas de signe « égal » entre eux, je ne les renvoie pas dos à dos, je ne les considère pas comme interchangeables, je ne les traite pas de « fascistes » ni de « droite extrême et extrême droite ».

Je ne me résous pas à participer à cette gigantesque et pitoyable mascarade. Pas plus que je ne rejoins aucun des deux camps, il est hors de question que j’accorde plus qu’un souverain dédain à l’égard des petits bourgeois qui hurlent depuis une semaine des slogans puérils à base de « ni Le Pen ni Macron » sans aucune analyse politique autre que celle que peuvent offrir les hormones adolescentes et les frissons de pseudo-révolutionnaires analphabètes. Aussi n’ai-je aucune sympathie pour les imbéciles qui ont saccagé la Sorbonne la semaine dernière, enfants gâtés qui, derrière leurs discours crétins et faussement généreux ne montrent aucune considération pour ceux qui nettoient leurs merdes après eux. La foule n’est pas le peuple [37].

Le vote blanc serait une solution civique grave et digne. Hélas, celui-ci, en réalité, n’existe pas. Considéré de la même façon que les votes nuls – symbolique et sémantique terribles ! – il disparaît dans les limbes, sans aucune reconnaissance pour ces citoyens qui ont participé au rituel électoral tout en faisant entendre qu’aucun des candidats proposés ne méritait de recevoir leur assentiment. Au contraire, il devrait être comptabilisé dans les suffrages exprimés et diminuer d’autant le score des candidats. Une élection à laquelle aucun candidat n’atteindrait un seuil à fixer, c’est-à-dire le cas où celui arrivé en tête ne serait même pas capable de rassembler sur son nom par exemple 40 % des suffrages exprimés, devrait être annulée et le processus repris depuis le début (avec éventuellement interdiction aux candidats impliqués de se représenter).

Dans ces conditions, même cette solution m’est donc interdite. Et après, on osera me dire que notre démocratie va bien ? Foutaise ! Nous ne vivons plus en république, nous ne sommes plus en démocratie. Évidemment, ceux qui hurlent à la dictature dès qu’on ose leur imposer des limitations à leur petit confort personnel sont des scélérats [38] ; qu’ils aillent donc expérimenter les douces joies de l’existence sous le joug d’une véritable dictature ! Cela ne signifie pas pour autant que tout aille bien en France et que nous devions nous réjouir béatement d’un régime en décomposition avancée. Dictature, non, évidemment !, même si personne ne comprend plus le sens ni l’origine de ce terme [39]. Mais démocratie non plus : le réel n’est pas binaire ; le politique n’est pas manichéen. Il existe bien d’autres régimes, bien d’autres organisations du social, bien d’autres corruptions du politique. En l’occurrence, il me semble que nous expérimentons une version assez neuve d’un mélange entre oligarchie et ochlocratie [40].

S’abstenir ?

Et puis après tout, qu’est-ce que cela peut faire ? que je vote pour l’un ou l’autre, que je vote blanc ou que je m’abstienne, je vais en prendre plein la gueule pour pas un rond par les donneurs de leçons professionnels. Peu me chaut : je ne crains rien des apprentis maîtres-chanteurs agressifs. Dans la foulée de l’élection, je vais vraiment souffrir – mais bien plus sérieusement que tout ce que pourrait me faire le monde illusoire des réseaux dits sociaux qui ne sont que l’écume fangeuse et nauséabonde à la surface de ce monde de merde – en tant que citoyen, en tant que républicain humaniste, en tant que père d’une enfant qui va devoir passer par une école réduite à une sinistre caricature décérébrante, en tant que fonctionnaire paupérisé et attaché à des services publics dont plus personne n’a cure et jeté en pâture à tous les ressentiments et à toutes les jalousies…

En effet, quel que soit le vainqueur dimanche, qu’Emmanuel Macron ou Marine Le Pen soit élu président de la république, quoi que je fasse dimanche, de toute façon, le prochain quinquennat sera sanglant. L’image du champ de ruines est mensongère : elle suppose que la guerre est terminée et qu’il devient possible de reconstruire quelque chose, dans la sérénité qui succède au carnage. Rien de tel aujourd’hui. Le seul candidat ayant effleuré sincèrement les questions de l’universalisme, du peuple et des pauvres dans son programme et ses discours, Fabien Roussel, a fait à peine 2 %. Il n’y a rien à re-construire, je doute même qu’il y ait quelque chose à construire. Les trois candidats arrivés en tête on obtenu des résultats remarquables en assumant des discours en contradiction explicite avec tout ce que je défends ici.

On m’invectivera, on me renverra à la figure comme un crachat mon « ni ni », qui n’en pas un mais peu importe pour ceux qui ne lisent que ce qui leur plaît et qui interprètent avec une malveillance assumée ce qui ne leur plaît pas. Que les choses soient claires : vu ce que Macron annonce, je comprends que l’on vote pour Marine Le Pen et je ne vouerai pas aux gémonies ceux qui le feront dans un geste légitime de colère et d’écœurement ; sachant ce que Marine Le Pen promet, je conçois que l’on vote pour Emmanuel Macron et je ne critiquerai pas ceux qui le feront avec tristesse ou sincérité ; connaissant l’un et l’autre, il me paraît honorable de voter blanc ; compte tenu de tout ce qui précède, je ne vois pas comment je pourrais mettre dans l’urne un bulletin au nom de l’un ni de l’autre [41], ni, donc, un bulletin blanc assimilé à un vote « nul ».

L’abstention étant devenue la seule expression de la colère et du désespoir – et j’ai bien conscience qu’elle peut être assimilée à l’avachissement civique qui mine notre corps civique [42], risque que j’accepte de prendre – je ne vois, pour ce qui me concerne, pas d’autre issue. Quant à la suite, il n’y a plus guère de lueur en ce monde détestable [43].

Cincinnatus, 18 avril 2022


[1] Je déteste l’application du vocabulaire sportif aux élections. C’est, pour moi, un abaissement méprisant et méprisable du politique au niveau du pur spectacle. Peu étonnant que les journalistes en raffolent.

[2] « Cinquante nuances de néolibéraux ».

[3] « Cinquante nuances d’identitaires ».

[4] « Raconte-moi une histoire ! ».

[5] L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme.

[6] Je dois reconnaître à Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon quelque talent en la matière… mais s’ils paraissent briller, ce n’est que par contraste avec leurs si ternes adversaires.

[7] « Vote = démocratie ? », « Malaise dans la représentation : 5. Élection ».

[8] « Sondages : une cure de désintox, vite ! ».

[9] « Les sondages contre la démocratie ».

[10] « Généalogies de l’état civil – 2. Le contrat social selon Hobbes, Locke et Rousseau » et en particulier, le chapitre « Rousseau : la souveraineté des citoyens. La volonté générale ».

[11] « L’utile et l’inutile ».

[12] « Le monde commun selon Hannah Arendt (2) – L’intime et le monde commun, entre ombre et lumière ».

[13] Et je le répète à l’intention des troupes mélenchonistes : rejeter sur les autres candidats et leurs électeurs l’échec de leur champion est une forfaiture et une faute. Les pourcentages ne s’additionnent pas : le politique n’est pas l’arithmétique ! J’ai voté pour Fabien Roussel et je le referais sans hésiter si c’était à refaire. Et s’il n’avait pas été candidat, je n’aurais pas voté pour Mélenchon pour autant. La seule raison de la défaite de Mélenchon et LFI, c’est Mélenchon et LFI : « Pourquoi je pense voter Roussel ».

[14] Voir, à ce sujet, l’excellente mise au point de la philosophe Marylin Maeso sur les lectures et interprétations fautives de ce que dit Hannah Arendt de l’« argument du moindre mal » : https://twitter.com/MarylinMaeso/status/1514148271043883012?s=20&t=n-TKXDxNwIUlVdYQqj1Pbw.

[15] « Le républicanisme, c’est quoi ? », « L’universalisme n’est pas une idéologie comme les autres ».

[16] « La manipulation des esprits ».

[17] « Le Maître et Hanouna ».

[18] « Au nom du peuple ».

[19] « La culture de l’avachissement ».

[20] « Colère jaune » et « Noires violences ».

[21] « Fractures sociales ; fractures territoriales ».

[22] « Ok boomer ! » et « Les vieux ».

[23] « De la vertu en République ».

[24] « Tous responsables ! ».

[25] « Non ! Hitler n’est pas arrivé au pouvoir démocratiquement ».

[26] « Éric Zemmour : les synthèses impossibles ».

[27] « Macron : Sarko 2.0 ? ».

[28] « Après cinq ans de macronisme ».

[29] « Pot-pourri chaotique de questions naïves en période de confinement » et « Unité nationale : quelle escroquerie ! ».

[30] « Adversaires ou ennemis ? ».

[31] « Il n’y a pas d’alternative ? Vraiment ? ».

[32] « L’effondrement de l’instruction ».

[33] « La mort du bac, l’enterrement de l’école ».

[34] « La vocation de l’école ».

[35] « #Pasdevague ».

[36] « Vae victis ».

[37] « Au nom du peuple ».

[38] « Passe sanitaire : les vertiges de la déraison ».

[39] « De la dictature à Rome ».

[40] « Ci-gît la République ».

[41] Pas plus, au risque d’en faire hurler certains, que je n’aurais pu me résoudre à mettre un bulletin Mélenchon après toutes ses trahisons.

[42] « La culture de l’avachissement ».

[43] « Quel monde pour toi, ma fille ? », « La tentation crépusculaire de l’Aventin ».

Publié par

Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

8 réflexions au sujet de “Et maintenant ?”

  1. Je partage votre réflexion et ce à quoi, logiquement, elle aboutit.
    L’asservissement du peuple par la machine, doublé de la destruction systématique des milieux et des populations de préférence éloignées l’exploitation des milieux riches en métaux rares, l’utilisation de ces mêmes lieux pour se débarrasser des déchets constitue en tout cas pour moi une difficulté jamais abordée.
    Par ailleurs, laïque convaincu, vivant en Alsace je ne suis pas pressé qu’on abolisse le Concordat, les écoles confessionnelles sont nombreuses de bien meilleure qualité que désormais l’école publique. Sans école digne de ce nom, il n’y a plus de République.

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  2. Bonjour. Vous écrivez « il attend un vote de soutien et regardera comme tel chaque bulletin à son nom » : avez-vous une référence pour étayer cela ? Merci !

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  3. Je partage vos analyses quant à la destruction du corps social, l’abandon de la transmission et l’avachissement. Je les fais parfois lire à mes élèves qui trouvent que vous parlez exactement d’eux et de leurs parents quand vous parlez d’avachissement. J’ajouterais même de leurs professeurs (mes collègues) tant ceux-ci se sont progressivement laissé aller à ne plus rien enseigner. Le monde des adultes ne parle que le langage du divertissement grossier, de la consommation vulgaire. De la bouffe, terme odieux. Et les journaux, les télévisions flattent toujours davantage la sombre bêtise, les idées fausses, l’idéologie, la satisfaction primaire.

    Je ne parlerai pas ici de la droite, idiote depuis les successeurs de Pompidou. Je parlerai en tant que repentie de la gauche, dont j’ai vu l’action dévastatrice sur l’intelligence : destruction de l’école, de la presse de réflexion, de la culture, de l’idée de beauté, de l’éthique médicale, de l’hôpital, des paysages, de la sécurité, de la cohésion sociale. Je parle en tant que citoyenne désolée par l’islamisation de la France, par l’ultra violence que nous subissons de plus en plus dans les villes et les campagnes, et par les 65 % de jeunes musulmans pro charia qui, démographie aidant, sont au pouvoir demain.
    J’ai voté Zemmour avec espoir, ayant bien sûr des désaccords avec lui car je ne suis pas idolâtre, et vous ai trouvé injuste envers lui. Je n’ai vu aucun racisme en lui, parfois des maladresses ou des erreurs quant au passé, mais toujours un constat lucide quant au présent. Il faut le vivre, ce présent…
    Peut-être, pour comprendre, faut-il avoir vécu de 1981 à 2019 en banlieue, avoir (comme des millions de gens) été obligé de s’éloigner régulièrement sans pouvoir aller assez loin encore : Saint-Denis, Asnières, Fontenay-aux-Roses, Dammartin-en-Goële, et maintenant l’Aube. ( 2 h de trajet quotidien, je vous assure que ça donne une idée du problème). Peut-être faut-il avoir subi comme ma famille en quelques années 10 agressions graves, toutes provenant du même type de personnes, pour admettre qu’il y a un problème culturel, civilisationnel et religieux.

    L’islamisation de la France est une réalité. La désinstruction l’a aggravée. Le mondialisme l’a permise. L’extrême gauche l’a voulue. Oui. Car la montée de l’extrême droite, dit-on, occupe les esprits ?? Erreur : c’est l’extrême gauche, destructrice de la France, qui a partout imposé ses idées depuis 40 ans dans tous les domaines (le nucléaire, le judiciaire, le scolaire, le culturel, l’immigration etc) et c’est elle que l’islamisation ravit, elle qui nous somme d’accepter son idéologie mortelle.

    Alors, à la peur absurde de « l’extrême droite anti républicaine », je répondrai que cette extrême droite, violente, menteuse, anti sémite, raciste, inculte, que nous devrions tous combattre au lieu de la voir où elle n’est pas, est aujourd’hui islamiste et largement soutenue par la gauche et l’extrême gauche.
    L’époque est à l’imposture : il n’y a plus un seul néo nazi dans la rue mais on voit hurler, devant des télévisions complaisantes, beaucoup de pseudos résistants faussement courageux face au danger inexistant. Les mêmes sont en revanche complètement aveugles et timorés face à la vraie extrême droite moderne, islamiste, qui doit se chiffrer par centaines de milliers, probablement par millions.
    Pour ces résistants ridicules, le bon sens : renvoyer chez eux clandestins, fichés S, terroristes et condamnés, est considéré comme facho.

    Je ne suis pas au RN, ne l’ai jamais été. Je voterai cependant MLP pour refuser Macron et toutes ces politiques destructrices de la France.

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    1. Chère Marie,
      votre témoignage est terrible… et d’une grande justesse. J’ai publié, il y a maintenant plus de sept ans, un billet racontant le parcours jusqu’à 2012 d’une amie – parcours qui ressemble beaucoup au vôtre : « Au secours, ils n’ont rien compris ! ».
      Il n’y a rien détonnant à ce que le peuple vote pour ceux qui lui parlent et parlent de lui.
      Cincinnatus

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  4. Voter Le Pen ou Macron, ou ne pas voter?
    Ne pas voter, c’est probablement voter pour Macron.
    Voter, c’est en somme, dans la situation actuelle, choisir entre la peste et le choléra. Que faire?
    En fait, choisir la maladie pour laquelle on a les meilleurs défenses immunitaires (c’est de circonstance)!

    Malheureusement, Macron serait plutôt le VIH (défenses immunitaires éliminées en bonne et due forme. Voir le billet de Régis de Castelneau sur FrontPopulaire.fr, avocat tendance communiste appelant à voter Le Pen. En phase avec et en appui du pouvoir macronien: Corruption de la haute magistrature, parquet, des hauts fonctionnaires, McKinsey, Conseil d’états, conseil supérieur de la magistrature, députés godillots, etc…; la charge de de Castelneau est sévère et justifiée), alors que Le Pen serait un variant de peste brune de fin d’épidémie… Là, les défenses immunitaires existent encore…

    Sur tout autre chose par ailleurs, on peut aussi souligner une certaine ou malhonnêteté, ou naïveté, ou idiotie chez M. Onfray sur ce même site de FrontPopulaire.fr pour justifier de ne pas voter comme il le fait toujours selon ses dires finalement, et condamnant les deux candidats du second tour car ne voulant pas de Frexit. Or, on a vu que ceux qui se déclaraient pour un Frexit n’ont pas eut les parrainages des maires (ces derniers reçoivent des subventions européennes…). On pourrait penser qu’en bon stratège, un candidat ne va pas déclarer qu’il est pro-Frexit. M. Onfray fait ce reproche mais ce serait comme un général sur le champ de bataille déclarant à ses ennemis son plan de bataille.
    Il est possible que Le Pen pense sérieusement à un Frexit mais ne va pas le dire; ce serait idiot compte-tenu des circonstances politiques.

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  5. Merci pour ce nouveau billet, très bon résumé du dilemme qui se pose à nous. J’attendais fort impatiemment votre avis depuis quelques jours…
    En ce qui me concerne, j’ai tranché.
    Quand on regarde depuis plusieurs années la sociologie du vote en France, on se rend compte que les petites gens, ouvriers (pour ce qu’il en reste), monde rural, etc… votent pour Lepen ( et ont rejeté Zemmour qui réalise ses meilleurs scores dans les arrondissements les plus bourgeois de la capitale). Guidés par un reste de bon sens populaire (ou peut-être par la common decency orwellienne), ces citoyens qui modestement ne demandaient qu’à vivre une petite vie honnête et tranquille (et il n’y a rien de honteux à vouloir vivre une petite vie honnête et tranquille) se rendent bien compte que c’est le capitalisme libéral financiarisé qui en 30-40 ans a détruit méthodiquement leur petit monde ( services publiques, tissus industriel d’antan… ).
    Macron ( et toute sa clique de corrompus ) est indiscutablement le candidat de la caste ploutocratique solidement en place depuis 20 ans. Quand on voit ce qui s’est passé durant les 5 années écoulées, je pense qu’un second mandat serait sanglant ( au sens propre du terme ).
    Dans ma logique, j’ose espérer que la mère Lepen sera peut-être un peu « tenue » par la nécessité de ne pas trop déplaire à sa base électorale populaire… Et donc que son pouvoir de nuisance sera quelque peu contenu… On peut rêver…
    Le fait qu’on assiste depuis 10 jours à un déferlement politico-médiatique de la caste parasitaire mondaine ( petit gotha télévisuel, showbiz subventionné, sportifs friqués,… ) contre « Marine la Fasciste » ( bis repetita de 2002 et 2017 ) n’est pas non plus étranger à ma décision. Faire la nique à tous ces honnêtes gens si instruits, grands donneurs de leçon démocratique sera une petite consolation…
    J’ai voté Asselineau au 1er tour ( donc nul ), car j’aime bien ses analyses dans lesquelles il me semble essayer de s’adresser à la raison des gens et non à leurs affects…
    J’irai très certainement voter Lepen au second tour.

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