Les adorateurs de la mort et leurs alliés

Le Triomphe de la Mort, Pieter Brueghel l’Ancien (1562)

Samedi dernier, 7 octobre 2023, cinquante ans et un jour après le déclenchement de la guerre du Kippour, Israël a vécu l’attaque la plus meurtrière sur son sol depuis sa création. Le Hamas, mouvement islamiste qui règne à Gaza, a lancé ses terroristes à l’assaut des villages israéliens avec un seul objectif : tuer le plus de juifs. On compte plus de mille deux cents morts, des milliers de blessés et des dizaines d’otages emmenés à Gaza. Et le bilan de ces pogroms promet de s’alourdir.

Les témoignages sont glaçants [1]. Les djihadistes ont perpétré un véritable massacre. Ils ont décimé un festival de musique où des centaines de jeunes gens dansaient… pour la paix. Ils sont entrés dans des maisons pour assassiner des familles entières. Ils ont emporté des vieillards en otages et abattu des bébés. Ils ont violé des femmes. Ils ont exécuté, égorgé, décapité des hommes, des femmes, des enfants. Ils ont exhibé et profané les corps de leurs victimes. Ils ont filmé leurs exactions et les ont fièrement diffusées.

Les mots sont importants. Ce ne sont pas là des « actes de guerre », comme le prétendent leurs alliés, mais l’expression désormais bien connue du terrorisme islamiste. Ceux qui ont commis ces horreurs en Israël sont les mêmes qui, en France, ont tué les enfants juifs de Toulouse, les dessinateurs de Charlie Hebdo, les gamins qui s’amusaient au Bataclan et sur les terrasses, le professeur Samuel Paty et tous les autres. Notre douleur au moment de ces crimes est la même que celle du peuple israélien aujourd’hui, qui a toute ma sincère amitié [2].

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Les terroristes sont les mêmes. Ils ont agi au nom de la même idéologie, avec les mêmes méthodes, dans le même objectif. Peu étonnant, dans ces circonstances, de voir leurs frères en abjection se réjouir un peu partout. Dans la foulée du drame, se sont multipliées les manifestations de soutien au Hamas dans la plupart des grandes villes occidentales. À Londres et à New York, les drapeaux palestiniens étaient de sortie ; à Sydney, la foule hurlait « gazez les Juifs » ; les grandes universités anglo-saxonnes, pourtant habituées à pondre des communiqués de presse et des grandes déclarations enflammées dès qu’il se passe quelque chose dans le monde, n’ont eu, pour la plupart, pas un mot pour condamner les atrocités mais, au contraire, les associations d’étudiants se sont empressées de publier des communiqués de soutien… au Hamas ! Et les exemples se suivent et s’accumulent, ad nauseam.

En France aussi, les campus des universités sont pleins de collabos qui adorent beugler « Allahou akhbar » et « mort aux Juifs » à la première occasion, aussi bien étudiants qu’enseignants. Les premiers, par l’intermédiaire de syndicats et d’associations comme la « Fédération Syndicale Étudiante » ou le « Poing Levé », abreuvent les réseaux dits sociaux de leur solidarité sans réserve à la « lutte du peuple palestinien » et scandent joyeusement le slogan génocidaire du Hamas, la Palestine « de la mer au Jourdain ». Les universitaires, quant à eux, se succèdent sur les plateaux des chaînes de désinformation en continu pour prêcher la bonne parole, en l’occurrence pour renvoyer dos à dos bourreaux et victimes et ménager la chèvre terroriste et le chou massacré… et encore, ils se font violence : si cela ne tenait qu’à eux, ils glorifieraient la chèvre ! « Le poisson pourrit par la tête », dit-on [3].

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Ces « élites intellectuelles » qui s’autoproclament « de gauche » s’entendent à merveille avec leurs homologues politiques. Dans le concert de soutien au peuple meurtri d’Israël, une voix manquait, dont le solo ignoble a couvert toutes les autres voix : la France insoumise, par des communiqués à l’ambiguïté assumée, par des interventions volontairement alambiquées, par des déclarations nauséabondes, a poursuivi sa longue marche dans l’ignoble. Après avoir défilé dans des manifestations où l’on gueulait « mort aux Juifs », l’antisémitisme de ce parti n’avait, hélas, guère besoin de cette nouvelle démonstration [4].

Le parti de Jean-Luc Mélenchon s’est comporté comme la représentation officielle du Hamas en France. Si certains élus de LFI doivent leur siège aux alliances opérées avec les mafias criminelles et religieuses qui tiennent les territoires abandonnés de la République, l’association avec les islamistes n’est pas seulement du clientélisme opportuniste. Les discours sur les « nouveaux damnés de la Terre » sont sans doute très sincères… même s’ils sont suicidaires.

Il est en effet navrant de voir nos identitaires prétendument de gauche – islamogauchistes et autres wokes qui sortent les drapeaux palestiniens dans toutes les manifestations, quel qu’en soit le mot d’ordre, et osent s’élever aujourd’hui contre l’idée d’importer le conflit en France – défendre la pire extrême droite religieuse, qui applique la charia avec le plus grand zèle, qui condamne à mort les homosexuels, qui enferme les femmes dans des prisons de tissu, leur dénie tout droit et les traite comme de la viande ou des machines à produire des djihadistes. Les idiots gauchistes de l’islamisme ne se rendent même pas compte que leurs très chères victimes par nature n’hésiteraient pas une seconde à les massacrer.

Ils tracent pourtant sans ciller un signe égal entre terroristes du Hamas et armée régulière d’Israël, exactement comme ils le font en France entre les délinquants et la police, et osent comparer les assassins islamistes aux résistants français… oubliant au passage que les résistants ne tuaient pas des civils, ne violaient pas des femmes, ne kidnappaient pas des vieillards et des enfants, ne décapitaient pas des bébés, ne profanaient pas les corps des soldats Allemands… Mais tout cela n’a guère d’importance, puisque le réel lui-même n’a guère d’importance lorsqu’il ne correspond pas à l’image créée par l’idéologie.

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« Gaza est une prison à ciel ouvert », nous dit-on. Et c’est vrai. Mais qui sont les geôliers de Gaza ? Le Hamas ! Israël a quitté Gaza depuis plus de vingt ans ; c’est le Hamas qui tient sa propre population en otage. Les Gazaouis manquent de gaz et d’électricité, d’eau et de nourriture, d’abris et de protection… parce que le Hamas détourne l’argent de l’aide internationale pour armer les terroristes, fabriquer des tunnels et des bunkers pour leurs armes et leurs missiles, et se construire des villas de luxe dans lesquelles se planquent les chefs qui ne profitent pas de l’accueil généreux des pétromonarchies du Golfe, Qatar en tête. Il faut cesser de vouloir faire pleurer dans les chaumières : le Hamas est un régime corrompu qui affame le peuple qu’il prétend défendre.

Et s’en sert comme bouclier en cachant ses installations au milieu des civils. Aveuglés par leur idéologie folle, les islamistes révèrent la mort et méprisent la vie. Il faut voir les images de ces enfants palestiniens élevés dans la haine d’Israël et la vénération du martyre, dont les jeux à l’école maternelle ou primaire sont de véritables entraînements à la guerre – déguisés en djihadistes, ils vont jusqu’à mimer le deuil des martyrs. Il faut voir les images de ces parents qui envoient leurs enfants contre les soldats israéliens en souhaitant ardemment les y voir mourir. Quel genre de parent agit ainsi ?

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Le gouvernement israélien est tout à fait critiquable ; comme toutes les démocraties, Israël est une démocratie imparfaite ; les manifestations qui ont agité le pays depuis plusieurs mois contre la réforme de la justice en témoignent tout autant qu’elles témoignent de la vitalité de la vie publique israélienne. Imagine-t-on des manifestations similaires à Gaza contre le gouvernement du Hamas ? Elles seraient immédiatement réprimées dans le sang. Et nos imbéciles habituels réussiraient à en blâmer… Israël !

Renvoyer dos à dos le gouvernement israélien et le Hamas est pire qu’un sophisme : c’est une faute criminelle. Il ne faut jamais confondre adversaire et ennemi. Les adversaires se combattent à l’intérieur du cercle du politique ; les ennemis se combattent armes à la main. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou peut tout à fait être un adversaire ; les terroristes islamistes nous ont désignés comme ennemis. Et comme Carl Schmitt l’a bien montré, on ne peut refuser la désignation de soi par l’autre comme ennemi [5].

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Des ennemis, donc. Mais des humains. En effet, au risque de choquer, je refuse l’expulsion hors de l’humanité des salopards qui ont commis les atrocités de ce week-end. Ce ne sont pas des « animaux » ni des « monstres », comme on peut l’entendre ici et là. Ce sont bel et bien des êtres humains qui ont commis ces horreurs. Et ce n’est pas là une manière de les excuser : au contraire ! Car, s’ils ne sont pas humains, alors leurs actions trouvent une justification dans cet en-dehors ; s’ils sont des monstres, alors il est normal qu’ils se comportent comme des monstres, comment le leur reprocher ? Leur dénier leur appartenance à l’humanité, c’est leur offrir une légitimité sur un plateau. En revanche, en les maintenant dans le champ humain, on leur ôte toute excuse : ils sont responsables de leurs actes. Ils appartiennent à la même espèce que nous, ils sont humains comme nous, et c’est au nom de cette commune humanité que leurs abjections peuvent et doivent être jugées et condamnées.

Cincinnatus, 12 octobre 2023


[1] Lire, entre autres, le récit d’une rescapée du festival et le journal d’Olivier F. Delasalle, écrivain français vivant en Israël.

[2] J’ai déjà beaucoup écrit à propos du terrorisme islamiste et sans doute faut-il sans cesse répéter les mêmes mots pour que la révolte jamais ne s’atténue. J’invite ici le lecteur intéressé à lire ces quelques billets : « Je suis Charlie », « “Islamo-fascisme”, vraiment ? », « Face à l’horreur : penser et agir », « Complices ! » et « Vous avez ma haine ! ».

[3] Lire la tribune d’Olivier Vial : « Les réactions après l’attaque contre Israël confirment l’emprise de l’islamo-gauchisme à l’université ».

[4] Lire l’article d’Anne Rosencher qui montre la constance de ce parti : « LFI et la complaisance envers l’antisémitisme : la preuve par 5 ».

[5] Lire le billet « Adversaires ou ennemis ? ».

Publié par

Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

5 réflexions au sujet de “Les adorateurs de la mort et leurs alliés”

  1. Bonjour,

    Pour conserver toute sa puissance à ce texte et éviter de fournir des éléments de contestation à ceux qu’il vise, il conviendrait de ne pas y laisser le moindre élément discutable : il semble a priori démontré que « les bébés dans les cages », c’est un fake, antérieur à l’attaque du Hamas, dont on connaît encore mal l’origine. À retirer donc, simplement.

    Merci pour vos réflexions en général qui m’aident souvent à faire le point.

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  2. Bonjour,

    pour une fois je suis en désaccord avec une partie de votre article.

    Gaza serait une prison à ciel ouvert à cause exclusivement du Hamas ? Vous ne croyez pas que l’état voisin d’Israël y est un tout petit peu pour quelque chose quand même ?!

    Depuis l’assassinat de Rabin, les gouvernements israéliens ont joué la politique du pire, en écartant toujours l’autorité palestinienne au profit de ses adversaires plus extrémistes (Hamas et autres), dans le but de ne jamais avoir à concéder un État aux palestiniens. Après les accords d’Oslo, il y avait cet « adversaire » dont vous parlez, et même un partenaire en face. Netanyahou et une bonne partie du pays ont préféré le mettre de côté, et maintenant il ne reste qu’un ennemi…

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