
La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire.
Romain Gary, Europa
La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire.
Romain Gary, Europa
L’exécutif
Le Président et le gouvernement ont décidé d’utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution française pour clore la séquence politique déplorable que nous vivons avec cette réforme des retraites. Qu’ils aient sincèrement pu penser que cela mettrait fin à la crise paraît ahurissant. Comme si la discussion avortée au Parlement pouvait signifier l’extinction de la colère populaire et le « retour à la normale », quoi que cela veuille dire.
Lire la suite…D’abord, s’accorder sur les principes fondamentaux, intangibles. Une colonne vertébrale idéologique solide, cohérente ; une vision du monde, de la société et de l’homme. Elle existe depuis longtemps. Elle est bien connue, précisément définie. Elle porte différents noms selon le point de vue que l’on choisit d’adopter, selon le chemin intellectuel que l’on a emprunté pour l’embrasser : républicanisme, humanisme civique, universalisme… [1]
Le peuple serait doué d’une forme de morale intuitive lui permettant de distinguer « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas » [1]. Telle est la thèse, ainsi outrageusement résumée, derrière la notion de « décence commune », chère à George Orwell et reprise par Jean-Claude Michéa. Toute l’œuvre du premier est parcourue par cette conviction que le peuple – au sens, ici, des classes laborieuses, singulièrement les ouvriers – possèderait cette capacité viscérale de s’orienter et de choisir entre le Bien et le Mal, entre le juste et l’injuste, entre, surtout, le décent et l’indécent – capacité que les classes supérieures auraient, quant à elles, perdue. Orwell, le socialiste antitotalitaire, increvable défenseur des plus misérables, irréprochable humaniste, défend toujours et partout la dignité humaine – c’est à travers ce prisme, je pense, qu’il faut comprendre cette notion de « common decency » : la dignité pour seul horizon et seul combat [2].
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Le thème de la « fracture sociale » fut soufflé à Jacques Chirac pour la campagne de 1995 par le visionnaire Philippe Séguin. Presque trente ans plus tard, le regretté gaulliste social et ardent défenseur de la souveraineté nationale au destin contrarié [1] aurait sans doute bien des choses à nous dire. La question, difficile à l’époque, semble être devenue insoluble, tant elle subsume, aujourd’hui, un nombre vertigineux d’autres tensions dans la société française. À la fracture sociale, sans doute à mettre elle-même au pluriel, s’ajoutent des fractures économiques, culturelles, identitaires, territoriales, générationnelles, idéologiques… qui, sans se superposer tout à fait, s’aggravent mutuellement et concourent ensemble à accroître le ressentiment national.
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On s’en méfie : le peuple rassemble les couches inférieures, dangereuses, séditieuses, anarchiques.
On le flatte : le peuple s’oppose aux élites corrompues, par son monopole de la « décence commune ».
On le sacralise : le peuple est le synonyme incarné de la nation et du souverain.
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Troisième et dernier billet d’entomologie-très-scientifique-des-idéologies-contemporaines-et-de-leurs-représentants-idéaux-typiques : après les identitaires et les néolibéraux, il est temps de se pencher sur quelques spécimens de la famille républicaine.
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Ne te plains pas, ça pourrait être pire : tu pourrais être…
Combien de fois n’a-t-on pas entendu ce genre de phrase, assortie d’un soupir condescendant ? Quelle que soit la cause de votre souffrance (morale, psychologique, physique, existentielle…), par la confidence, vous cherchez en l’autre compassion ou compréhension… et vous ne recevez que la désignation d’une misère tierce, toujours pire que la vôtre, qui légitimerait l’intimation à vous taire. Selon ce sophisme dit « de la double faute », constater l’existence que quelqu’un, quelque part, souffre plus que soi interdirait toute récrimination, toute revendication. Le relativisme de la peine impose le silence. Mais quelle espèce de morale perverse est-ce là ? Lire la suite…
Je n’ai que réticences à commenter ici l’actualité « chaude » : « la chouette de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit » rappelait Hegel. L’étripage en règle entre les partisans du mouvement des « gilets jaunes » et ses opposants auquel j’assiste depuis plusieurs jours expose moult arguments, plus ou moins convaincants. Quoique je répugne à me jeter dans cette mêlée, il semble que chacun soit sommé de se positionner et de donner son avis : ne reculant devant aucune occasion de me faire des ennemis, à mon tour !
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Hier, soirée électorale. Réactions en vrac.
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Passons sur la durée que France 2 lui a accordée. Ou plutôt non, commençons par cela : une vingtaine de minutes avant de lancer « le reste des infos » et le film du dimanche soir. Une honte ! À ce rythme, qu’aurons-nous en 2017 ? À 20h00 la tête du nouveau président et à 20h02 Les Bronzés font du ski ? Bravo le service public audiovisuel !
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