Les rabat-joie

Bacchus, Le Caravage (Vers 1598)

Amis Français, rions ! boustifaillons ! baisons ! jouissons ! aimons ! Ne nous laissons plus emmerder par les rabat-joie apôtres du sépulcral réalisme, par les peine-à-jouir boursouflés de moraline, par les curés froids des identités sclérosées ! À force de les subir, de dépression, même une araignée finirait par se pendre à un fil de sa toile ! Tous : les zèlèfistes et les zécologistes, les gauchistes et les wokistes, les zemmouriens et les bons Aryens, les macronards et les droitards… tous prêchent leurs religions de souffrance et de mort – identitaires de « gauche » et de « droite » comme néolibéraux du « centre » : tous. Qu’ils nous vendent leur grise austérité au nom de l’Économie ou de l’Écologie, leurs raisons raisonnables et rationnelles raisonnent à vide – la seule obsession de ces pisse-froid : la douleur. Enfin, surtout la nôtre.

*

Un funeste esprit de pesanteur empoisse les esprits. Quelle civilisation accepte que l’on assassine des caricaturistes pour leurs dessins ? L’humour, le rire sont devenus suspects – plutôt : coupables, même ! Les « humoristes » ne sont plus de sympathiques saltimbanques anarchistes aux traits trempés dans la justesse et la tendresse mais des militants politiques aux discours formatés pour leurs auditoires avides de ricanements contre leurs boucs émissaires préférés. Desproges serait passé à la kalach. Quant à nous, pauvres quidams aux paroles disséquées, toute plaisanterie doit faire face à la censure de notre milieu : gare à celui qui ose se tromper de cible, un mot suffit à basculer le plaisantin inconscient dans l’ostracisme.

Alors que le ludisme imprègne toutes les activités – l’impératif du fun métastase jusqu’au plus sérieux, au plus sacré : la profanation « pour rire » ne laisse que des ruines roses bonbon –, c’est une conception viciée du jeu qui nous sert de camisole totalitaire : aucun plaisir là-dedans, aucun rire franc, seulement des rictus forcés d’où ne peut sourdre aucun bonheur sincère. La joie n’éclate que spontanée ; or la spontanéité est pourchassée… ou ordonnée en ces « injonctions paradoxales », comme on dit maintenant, dont on se repaît mais qui rendent fou – normal : elles sont faites pour ça. « Amusez-vous ! » – pardon : « Have fun! » –, nous assène-t-on à tout bout de champ ; on peut imaginer Sisyphe heureux mais le bagnard doit-il vraiment aimer ses cailloux ?

Et s’il y a bien un domaine dans lequel et avec lequel on a cessé de se marrer, c’est celui qui occupe toutes les pensées de nos pères-la-pudeur : le sexe. À bat la gaudriole ! Une blague, même pas lourde, suffit à condamner à l’enfer le malheureux qui aura eu la folie de mal choisir son auditoire : on se les raconte comme on buvait du whisky pendant la prohibition. Il faut dire qu’il ne fait pas bon sortir du sexuellement correct à l’heure des « véhèssesse » – les fameuses « violences sexistes et sexuelles » qui mettent sur le même plan une drague maladroite et un viol en réunion… quoique cela dépende de qui commet et de qui subit, comme toujours – et des camps de rééducation sexuelle façon révolution culturelle du cul ripolinés en formations professionnelles conduites par des officines à l’idéologie martiale et au business plan bien rodé (coucou, la si bien nommée Caroline de Haas). La guerre des sexes est déclarée et tous les (mauvais) coups sont permis.

Certes, le cul a toujours été un terrain de guerre… plus ou moins tendre. Mais le manipuler a pris un nouveau sens en même temps qu’une nouvelle dimension. Pour détruire un homme, accusez-le d’avoir baladé sa bite, ses mains, ses yeux ou même sa pensée là où il ne devait pas – les preuves n’importent pas, l’accusation vaut culpabilité et condamnation médiatique et sociale (la Justice ? on s’en fout !). Avec la finesse d’un bouledogue en colère, les petit(e)s commissaires politiques s’en servent sans retenue pour évincer un concurrent (coucou Sandrine Rousseau) ou se faire mousser en déboulonnant la statue d’un mâle célèbre, mais chacun(e) peut l’utiliser à volonté pour se venger d’un collègue, d’un ami ou d’un parent sans aucun risque puisque toute contestation est interprétée comme aveu de culpabilité : Canossa ou le goulag… et même les deux en général !

La calomnie vertueuse détruit des vies sous les hourras hilares des tartuffes et tartuffettes – il faut bien être inclusif avec ces néoféministes aux combats soigneusement choisis qui vilipendent le « patriarcat » partout où il n’est pas (avec des slogans d’une sublime élégance, comme on a pu le constater avec l’indépassable « patriarcaca » scandé et étalé sur les murs pendant des manifestations « féministes ») et sont victimes d’une soudaine cécité lorsqu’il porte la barbe de l’islamisme. Ce deux poids deux mesures n’a rien d’arbitraire, au contraire : il répond à des critères très précis, que ce soit pour les bourreaux réels ou imaginaires ou pour les victimes : la crédibilité de la parole ne tient pas aux faits mais à l’identité – selon qui tu es, « on te croit »… ou pas. À ce jeu, comme à tous les autres d’ailleurs, mieux vaut éviter d’être juive.

Comme toujours, les précieux ridicules du Camp du Bien© emploient un vocabulaire qui ne permet aucune discussion (« La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire », Romain Gary) : à l’école la « bienveillance » (qui peut être contre la bienveillance ?) sert à propager la démagogie ; au pieu, le « consentement » (qui peut être contre le consentement ?) sert à la police du slip pour condamner tous ceux dont la gueule ne leur revient pas. Très pratique pour les épurations dans les partis, les entreprises, et partout où le ressentiment, la haine et la jalousie peuvent trouver dans les chambres à coucher les prétextes rêvés aux petites vengeances qui puent le goulag. Pour s’assurer une partie de jambe-en-l’air sans risque, sortez couverts. Les assistés de la jouissance, les procéduriers de la baise transforment le sexe en une épreuve bureaucratique. Vous me remplirez le formulaire B42 en soixante exemplaires avant d’envisager la possibilité d’une caresse. Comment jouir avec l’ombre d’un gestapiste derrière l’épaule ?

Ces médiocres Torquemada du pauvre injurient les relations entre les hommes et les femmes plus encore que tous les autres en les supposant peccamineuses par nature. Toute séduction est suspecte… alors qu’elle est la vie. La galanterie ? coupable de « misogynie bienveillante » ! La volupté d’une rencontre, l’ambiguïté des premiers regards, l’art du demi-refus et les contournements savants des corps qui jouent à se frôler… toute la parade qui élève l’humanité au sommet de son génie érotique relève dorénavant du pénal. La délicatesse du non-dit qui fit les plus beaux poèmes, les plus riches romans et les meilleures baises envoie directement à la geôle. Toute complexité se voit interdite, toute nuance abolie… les alcôves n’ont plus de secrets, seulement des caméras pour partager avec le monde de froids exploits formatés. Quant à l’amour, ce vieux truc suranné, les as de la rancœur, les champions de l’impuissance, ils n’en connaissent rien du tout. La contractualisation de tous les rapports humains convient parfaitement à cette époque de sécheresse sentimentale ; la codification extrême des identités et des individus nous enferme dans des petites cases à l’intérieur desquelles il est interdit de bouger : l’orientation du désir érotique multiplie les barbarismes, sans plus laisser de place à l’improvisation, à la découverte, à la surprise, à l’indéfini… nos inquisiteurs au petit pied prétendent ainsi régir tous les détails de nos vies jusque dans la chambre à coucher.

La saturation pornographique à laquelle même les mômes sont soumis multiplie les images et transforme le sexe en performance quantitative. Et le plaisir dans tout ça ? Une cocasserie suspecte, une anecdote marginale, un effet de bord tout juste toléré. En dépit de l’agitation frénétique des bassins, le jouir est nié – et cette négation est une véritable lèpre. L’orgasme sans plaisir s’impose comme paradigme de la perte d’imagination érotique. Non plus jouir avec mais jouir de : la réification de l’autre réduit à son sexe. Et le moi glorifié. Les Narcisse modernes ne sont plus fascinés par leur nombril mais par leur entre-jambe. Les petits-enfants des soixante-huitards ont transformé la libération sexuelle en prison du conformisme. Leurs partouzes tristes ressemblent à des colloques d’experts comptables. Ils ne parlent que de ça, ne pensent qu’à ça : les obsédés du slibard y voient tout… sauf ce qui s’y trouve : pour eux, outil de domination, symbole de l’oppression, marché pour de fructueux business, matrice pour une démographie idéologique, etc. Ou comment fabriquer à la chaîne des petits tyrans frustrés, des mal-baisés qui ne carburent qu’au ressentiment.

Peu étonnant que ces peine-à-jouir s’attaquent à tout ce qui dépasse le fatras écœurant de leur historique youporn ; ils adorent le porno mais exigent de recouvrir les statues antiques pour en masquer la nudité afin de complaire à leurs alliés barbus avec qui ils partagent le goût de la censure. Les intellectuels organiques de la « gauche » identitaire multiplient les oukases médiatiques contre les figures de la culture – dernier en date : Brassens ! Le poète serait misogyne… Mais qu’ils sont cons ! La lecture que font ces sycophantes des chansons du Sétois montre autant leur mauvaise foi que leur inculture. Et l’on découvre que même la langue et l’orthographe sont misogynes – bah voyons ! De manière générale, nos demi-instruits puritains détestent la culture, l’art et la beauté et vouent un véritable culte au moche. Peu étonnant que leurs happenings militants prennent si souvent la forme d’une dégradation d’œuvres d’art, de monuments historiques, etc. avec une frénésie névrotique de salissure. L’exhibition de leur vertu usurpée s’accompagne de l’avilissement du génie humain : juchés sur les épaules de géants, les nains prétentieux se contentent de chier dessus. Ils n’aiment pas l’art mais qu’est-ce qu’ils aiment la merde ! Les excréments et toutes les sécrétions possibles et imaginables prennent une telle importance qu’il ne peut y avoir là qu’une pathologie psychiatrique à soigner d’urgence. La beauté est révolutionnaire, l’esthétique commande l’éthique ; c’est pourquoi le beau est à ce point haï et pourchassé par les puritains adorateurs du moche qui vomissent l’imagination, l’affabulation, le lyrisme, l’invention. Nos iconoclastes de salon s’érigent en point terminal de l’histoire et stérilisent la création, font souffler un vent de mort sur la culture qu’ils rêvent d’achever dans leur vulgarité. La lumière est mise en minorité et jugée immorale par les ténèbres.

Les « wokistes » ne sont pas seuls : les donneurs de leçon, les puritains et les emmerdeurs se retrouvent aussi bien du côté de la « gauche identitaire » que chez les « néolibéraux » et les « identitaires de droite » qui, tous, ne bandent que des prohibitions qu’ils infligent aux autres : interdit de faire, de dire, de lire, de penser. Les nouvelles tables de la Loi alignent les commandements façon Décalogue, « tu ne feras pas ci ; tu ne feras pas ça », et remplissent des bottins entiers ; les listes d’œuvres mises à l’index pullulent aussi bien à gauche qu’à droite. Au nom de causes parfois similaires, parfois opposées, tous les censeurs à col romain ou col Mao nous abreuvent de la même extraction du jus de souffrance, exigent les mêmes sacrifices expiatoires et exhibent les mêmes affects tristes dans une forme abêtie et caricaturale de religiosité. Douleur, exaltation de la douleur, encouragement à la douleur, vénération de la douleur… avec eux, la douleur devient vertu comme dans tous les bons catéchismes. Les pisse-vinaigre prennent des airs hypocrites de pietà de supermarché pour célébrer le culte de la souffrance, ne parlent que d’épines et de désolation. Une joie mauvaise émane d’eux lorsqu’ils évoquent toutes les privations, tous les renoncements qu’ils nous ordonnent ; et pendant qu’ils nous assomment de leurs oraisons eschatologiques, ces adeptes des plaisirs doloristes se tripotent tranquillement le cilice.

Tous, quel que soit leur bord, empruntent aux religions ce qu’elles ont de plus morbide en effaçant soigneusement leurs éblouissements. Spiritualité et transcendance ? Que dalle ! Chefs-d’œuvre artistiques et réflexions métaphysiques ? Rien à fiche ! Mais ces petits bondieusards vont même plus loin en s’alliant explicitement avec les plus orthodoxes, les plus rétrogrades, les plus intégristes des religieux patentés : identitaires de gauche avec les islamistes, de droite avec les cathos les plus tradi… et néolibéraux avec tout le monde puisque les communautés religieuses représentent autant de parts de marché et de segments marketing bien formatés ! Parce que l’ami barbu imaginaire, les peurs de fin du monde, les contraintes quotidiennes d’habillement, de boustifaille, etc., tout le business communautariste, c’est tout bénef, coco !

De l’éthique protestante, les prêtres du dogme néolibéral ont gardé le pire. Ces grands prêcheurs du pain noir et du serrage de ceinture, des larmes et du sang, de la crise et de la rigueur budgétaire, de la chasse aux assistés et de la réduction des droits… – le tout sous l’égide de la sainte trinité : au nom de la Raison économique, du Dieu-pognon et du saint Marché, Amen (l’oseille !) –, avec leurs gueules de croque-mort (coucou Éric Woerth), ces petits besogneux combinards, ces infects gestionnaires au tiroir-caisse en guise de cœur et au tableur excel à la place du cerveau prônent l’austérité pour tous – sauf pour eux-mêmes – et adorent le fric – que cette mafia de gangsters, d’héritiers, de rentiers et d’escrocs se font sur le dos des autres. Ce culte pue le sacrifice humain.

A priori, rien d’étonnant à subir les diffamations du plaisir et de l’insouciance, venant des camps de l’Argent ou de la Morale. Chacun à sa place, néolibéraux et identitaires de droite surjouent leurs rôles de prêtres ascétiques en professant leurs catéchismes caricaturaux. Mais il y a comme un paradoxe apparent lorsque la gauche les dépasse dans le dolorisme et le rigorisme moral, en opposition flagrante avec les fondements de leurs utopies et idéologies. Apparent seulement : il y a soixante ans, Romain Gary les avait déjà repérés et moqués, ces traîtres à la beauté, ces calomniateurs de la vie :

établir un lien entre la volupté esthétique et le socialisme, dire que la société sans classes est une conception née avant tout d’une vision de beauté du monde, une conception esthétique et hédoniste de l’épanouissement de la vie dans un foisonnement toujours plus grand des fruits de la jouissance, voilà qui frise l’outrage aux bonnes mœurs, voilà qui sent la décadence, voilà qui fait ressortir de derrière le rideau le museau du diable incitateur à la débauche, voilà une définition du socialisme qui relève de la plus franche cochonnerie. [1]

Les dirigeants politiques des partis prétendument de gauche et leurs militants intoxiqués déversent leur moraline comme pissent les marins dans le port d’Amsterdam. La nunucherie totalitaire nous écrase sous son abondance de bons sentiments. Il n’est pire méchanceté que la contrefaçon de gentillesse. Pouah ! Le peuple, cette masse imbécile incapable de comprendre le génie de son avant-garde de demi-instruits et de funèbres fumistes, doit être rééduqué : en novlangue, cela s’appelle « faire de la pédagogie », expression utilisée par tous les camps politiques et qui, pour une fois, veut dire exactement ce qu’elle veut dire : traiter des adultes comme des enfants. L’infantilisation, particulièrement assumée par la gauche fière d’être morale, éveillée, consciente, etc., consiste à nous prendre tous pour des cons. En jouant sur les sentiments les plus triviaux qui soient : la peur et la récompense. La catastrophe climatique et environnementale – bien réelle – ne mérite pas d’être abordée scientifiquement, avec raison et lucidité, mais se voit détournée comme moyen au service des intérêts privés de ces moralisateurs de bas étage aux connaissances scientifiques inexistantes et qui préfèrent l’ésotérisme et la pensée magique (coucou Marine Tondelier et tous les zécologistes). Ainsi nous peignent-ils d’abord un tableau cataclysmique de fin du monde très simpliste avant de nous culpabiliser en rejetant toute la responsabilité sur nous pour, enfin, nous dicter nos comportements. Réjouissez-vous : en faisant pipi sous la douche, en vous gelant les miches en hiver et en éteignant la lumière derrière vous, vous sauverez le monde… la théorie du colibri et tout ce fatras de responsabilité individuelle masquent les enjeux réels, à la fois scientifiques et politiques, et effacent un peu plus encore le citoyen engagé derrière le consommateur avachi. La manipulation est grossière mais fonctionne, hélas !, très bien puisqu’il est bien plus confortable de se dire qu’on a fait tout ce qu’on pouvait en fermant le robinet d’eau froide plutôt que d’utiliser son cerveau. Ainsi nos imposteurs de l’écologie fondent-ils leur existentialisme sans profondeur sur des angoisses mortelles qu’ils propagent volontairement. Leur haleine pue la mort.

Les dévots puritains sermonnent sans cesse sur tous les sujets et ne rêvent que de transformer la vie en une parodie de mort. Les étalons de morale n’ont que le sacrifice à la bouche et cherchent à diriger chaque détail de nos comportements… jusqu’à ce que nous bouffons ! Même leurs menus de fête ressemblent à des pénitences. En-dehors du quinoa bio fermenté aux pousses de soja, point de salut ! Avec eux, c’est Carême et Ramadan tous les jours. Les prémisses anthropologiques qui président à leur ersatz de pensée dépassent toutes les culpabilités imaginées par les religions pour assurer le contrôle social : l’homme est à tel point peccamineux par nature qu’il mérite son éradication programmée. Et, en attendant, il faut payer, il faut souffrir de faim et de froid dans un hiver sans fin. Toutes les punitions sont bienvenues… enfin, surtout pour les autres. Les curés froids ont le puritanisme sélectif : ascèse bien ordonnée commence par les autres. Le péquin de base n’a pas le droit de prendre l’avion – ou alors il doit expier son pêché et publiquement s’excuser du mal qu’il fait –, en revanche, les grands éveilleurs de consciences, tels ces élus zécologistes au portefeuille bien garni de miles, eux, peuvent s’envoyer en l’air à tout bout de champ puisque le kérosène brûlé sert alors à évangéliser les esprits qui n’ont pas encore été touchés par la grâce de leur lumière obscurantiste… et accessoirement s’ils peuvent en profiter pour se payer des vacances à l’autre bout de monde, pourquoi se priver, hein ?

*

Cette putasserie de la vertu exhibée est écœurante, une perversion puritaine de faux bigots, une supercherie de tartuffes pudibonds, le charlatanisme de bonimenteurs coincés du cul. À eux les crimes, à nous les châtiments. Le cynisme hideux appuyé au bras de la condescendance humiliante. Tout en nous infantilisant, ils condamnent les plaisirs simples de l’enfance, incapables qu’ils sont de comprendre la légèreté, la gratuité, la joie, l’insouciance, la jouissance de la vie sans arrière-pensée. Rabelais, reviens ! ils sont devenus fous ! Nous devons refuser la résignation et incarner, avec impudeur, la joie de l’ivresse. « Il faut être toujours ivre », nous dit le poète. C’est cette ivresse, comme un culte rendu à la vie et à la beauté, comme un outrage à leur esprit d’abattoir que nous devons chérir pour ne plus étouffer sous les oukases de la médiocrité. Jouir de la vie comme on jouit d’un verre de champagne, c’est-à-dire en un instant mousseux. Amis, rions ! boustifaillons ! baisons ! jouissons ! aimons ! Vivons !

Cincinnatus, 17 mars 2025


[1] Romain Gary, Pour Sganaralle, Folio, p. 282.

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Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

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