
La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire.
Romain Gary, Europa
La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire.
Romain Gary, Europa
Un sentiment de révolte impuissante sous forme de platitudes.
Rien ne peut justifier ni légitimer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que je condamne sans réserve. Le peuple ukrainien et ses dirigeants – le président Volodymyr Zelensky en tête –, aux prises avec l’une des plus puissantes armées au monde aidée des islamistes tchétchènes de Kadyrov et des mercenaires néonazis du groupe Wagner, font preuve d’une bravoure historique.
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Troisième et dernier billet d’entomologie-très-scientifique-des-idéologies-contemporaines-et-de-leurs-représentants-idéaux-typiques : après les identitaires et les néolibéraux, il est temps de se pencher sur quelques spécimens de la famille républicaine.
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Si l’état de nature est toujours présenté comme une hypothèse dans laquelle les hommes vivent en-dehors de tout rapport civil, alors se pose la question : comment est-on passé de cet état à l’état civil que l’on connaît ? La théorie du contrat social apporte la réponse à ce problème. Pour ses premiers penseurs, elle est d’abord destinée à combattre et à remplacer la doctrine du droit divin dans laquelle le pouvoir politique prend son origine en Dieu. En établissant que le fondement de l’autorité se trouve non plus dans une transcendance mais dans la libre acceptation contractuelle des sujets d’obéir au souverain, la théorie du contrat social ouvre la voie à l’expression des libertés individuelles face au Prince, dorénavant soumis à des devoirs inscrits dans le pacte (et porte donc en elle le droit de résistance). Portant, la théorie du contrat social peut aussi servir de justification à l’absolutisme du souverain monarque (Hobbes), ou à la souveraineté populaire d’une République (Rousseau). Chaque auteur conçoit donc sa version, en variant les contractants et les termes du contrat, afin de légitimer ses propres vues sur la nature et l’étendue du pouvoir politique.
Sommaire
Jurisconsultes du droit naturel : le pacte de soumission
Hobbes : le contrat social au service de l’absolutisme
Locke : liberté individuelle et droit de résistance
Rousseau : la souveraineté des citoyens
– Le contrat social
– La liberté civile
– La volonté générale
Je m’éloigne quelques semaines de l’écume de l’actualité pour me ressourcer aux œuvres de ces classiques dont les pensées peuvent éclairer nos réflexions. Les théories de l’état de nature et du contrat social occupent une place centrale dans la pensée politique moderne. Quoiqu’elles semblent passées de mode, elles continuent pourtant d’irriguer, de manière presque subliminale, toutes nos conceptions contradictoires et conflictuelles de l’État, de la souveraineté, de la démocratie, de la république, de la citoyenneté… Il ne s’agit donc en rien d’objets surannés, de ratiocinations de philosophes d’un autre âge qui, pris dans les affaires de leur temps, n’auraient plus rien à nous dire. Au contraire ! Si ces systèmes philosophiques répondaient alors à des considérations très concrètes auxquelles devaient faire face leurs auteurs, ceux-ci ont eu l’intelligence de s’en abstraire pour forger des concepts universels qui nous parviennent avec une puissance inchangée. Voilà une raison de plus pour s’y intéresser, si le simple bonheur de côtoyer des géants de la pensée ne suffisait pas à convaincre de l’intérêt de se frotter à ces textes [1].
Sommaire :
Introduction
Des mythes politiques
Hobbes et Locke : la guerre et la paix
L’homme naturel chez Rousseau : un « animal stupide et borné »
L’évolution de l’état de nature chez Rousseau : vers le contrat social
Oh ! Tout n’a pas débuté avec Sarkozy.
Non : ce serait lui faire trop d’honneur que d’en faire le premier de quoi que ce soit. Lire la suite…
Le républicanisme est une pensée politique, pas une doctrine économique. Et pourtant, de sa vision du monde cohérente – sa Weltanschauung –, peuvent se déduire des principes en matière d’économie.
Penser l’homme, le monde et la société conduit à penser les rapports économiques réels et souhaités : observer l’être et imaginer le devoir-être sans toutefois chercher à déduire le second du premier, ni légitimer le premier par le second, fautes logiques trop répandues. En d’autres termes : construire un idéal régulateur, un horizon désirable, qui doit servir à fois de boussole et de pierre de touche à la critique du réel [1].
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Avant les vacances, petits conseils de lectures : voici deux essais stimulants sur l’effacement progressif de la souveraineté populaire au profit de la technocratie et de l’idéologie néolibérale. Bonnes lectures !
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Natacha Polony et le Comité Orwell, Bienvenue dans le pire des mondes, Plon, 2016
Le livre en deux mots
Natacha Polony a réuni autour d’elle le Comité Orwell, « collectif de journalistes pour la défense de la souveraineté populaire et des idées alternatives dans les médias », avec lequel elle a publié un essai vigoureux au titre provocateur inspiré non d’Orwell mais de Huxley. Consacré à leur thème de prédilection – la disparition de souveraineté –, il démontre comment nous nous engageons en souriant dans une nouvelle forme d’asservissement, dont il dresse le portrait sous le nom de « soft totalitarisme ». Continuer la lecture de Les lectures de Cinci : la souveraineté sous les assauts du néolibéralisme