Les offensés professionnels

Tintin au pays de l’or noir, Hergé (1950)

La chouinocratie gangrène notre démocratie. Étudiants traumatisés parce qu’on leur a montré un film de Kubrick (odieuse pornographie patriarcale, comme chacun sait) ou par la lecture d’un roman de Mark Twain (dans lequel le mot « nègre » apparaît sans qu’ils aient été dûment prévenus par lettre recommandée avec accusé de réception ni reçu un doudou et un bonbon pour apaiser leurs émois), croyants qui exigent péremptoirement le respect de leur religion et l’instauration d’un nouveau délit de blasphème, activistes menaçant de mort toute personne qui oserait affirmer qu’une femme est une femme… des individus à la sensibilité à fleur de peau, exaltés contre tout ce qui ne leur ressemble pas, sombrent dans la complainte victimaire et s’imaginent à la fois les plus malheureux et les plus vertueux de l’histoire de l’humanité. Le monde entier doit se mettre au diapason de leurs caprices et de leur sensiblerie autoritaire, et protéger leurs nerfs fragiles contre tout ce qui pourrait venir les contrarier. Fiers de leur « déconstruction », ils s’estiment avoir atteint le plus haut sommet de l’évolution humaine, depuis lequel ils peuvent juger l’ensemble de leurs semblables – passés et présents – à l’aune de leurs obsessions.

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Cinquante nuances de républicains

990px-22the_school_of_athens22_by_raffaello_sanzio_da_urbinoTroisième et dernier billet d’entomologie-très-scientifique-des-idéologies-contemporaines-et-de-leurs-représentants-idéaux-typiques : après les identitaires et les néolibéraux, il est temps de se pencher sur quelques spécimens de la famille républicaine.
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« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue »

Phèdre, Alexandre Cabanel (1880)
Phèdre, Alexandre Cabanel (1880)

Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.

Pourquoi le vers 274, cet alexandrin que Racine pose sur les lèvres de Phèdre à la scène 3 du premier acte [1], est-il, en toute subjectivité, le plus beau – le plus sublime, devrais-je plutôt écrire – de toute la littérature en langue française ? Lire la suite…

L’empire du moche

Rond point Malraux Pontarlier
Le « rond point Malraux » (Pontarlier), régulièrement élu « pire rond point de France »

Merci.
Du fond du cœur, je vous remercie.
Vraiment.
En quelques décennies, vous m’avez élevé au rang de valeur suprême ; vous avez fait de moi, le moche, l’emblème de votre modernité – mieux encore : sa quintessence ! J’imprègne tant vos vies et vos esprits que je suis devenu le nouveau mètre-étalon de votre inesthétique. Des jouets pour enfants aux doudous technologiques pour adultes mal grandis, des bagnoles aux vêtements, de la novlangue à l’urbanisme, de l’art contemporain à l’industrie du loisir et du divertissement que vous appelez pompeusement « culture de masse »… je suis partout.
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On achève bien la culture

« Tendre souci » pour les choses du monde, la culture crève. Rien de nouveau, dira-t-on… et « on » n’aura presque pas tort : Arendt, toujours elle, l’avait déjà bien observé et analysé dès les années 1960. Et pourtant, combien l’acuité de la grande philosophe semble juste aujourd’hui, plus encore qu’alors ! Les « philistins cultivés » ont imposé leur utilitarisme mortifère, la marchandisation de la culture et sa réduction à une simple valeur d’usage triomphent dans la société de masse, le processus vital de la société consomme toutes les œuvres culturelles pour alimenter nos désirs de loisirs et de divertissement. Lire la suite…

La culture se fiche des progressistes

Les manipulations des barbares du Progrès, l’accaparement avaricieux du commun au profit d’appétits privés et l’engloutissement dans les divertissements de masse achèvent la destruction de la culture. Devant ces ruines qui furent notre plus précieux héritage et notre plus grande responsabilité, notre ricanement nous interdit de nous prétendre humain. Lire la suite…

Langue, école, art : les barbares du progressisme culturel

Qu’il en coûte de constater l’appauvrissement de la langue, le naufrage de l’école et l’enlaidissement de l’art ! « Réac ! », « rétrograde ! », « ringard ! », « facho ! ». Les noms d’oiseau pleuvent comme à Gravelotte dès que l’on ne se prosterne pas dans le culte aveugle et niais du Progrès en ces matières. Une petite clique d’autoproclamés « experts » règne ainsi par la terreur intellectuelle, au nom de la Démocratie et d’autres gros mots dont ils ne maîtrisent guère les définitions. Il faut dire que ces tartuffes et autres gourous sectaires on fait leur gagne-pain médiatique de la barbarie et supportent mal que l’on dévoile leur démagogie criminelle. Lire la suite…

Les nouveaux iconoclastes

De nouveaux censeurs s’ingénient à réécrire l’histoire, à interdire des films ou des spectacles, à éteindre les Lumières à l’Université… c’est là une véritable tragédie. Au nom de luttes intrinsèquement justes qu’ils détournent, au nom de l’égalité qu’ils pervertissent, des groupuscules idéologiques provoquent des déferlements de bêtise violente dont le seul but est d’anéantir aveuglément la culture et la liberté d’expression. Lire la suite…

Le cinéma de Chaplin

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Rire

Penser à Charlie Chaplin, c’est esquisser un sourire. Viennent à l’esprit la silhouette de Charlot, sa démarche, une de ses innombrables cabrioles et, comme un réflexe de la mémoire, les éclats de rire de l’enfant qu’on était lorsqu’on a découvert ce drôle de petit bonhomme la première fois. Éclats de rire qui se sont répétés toutes les fois suivantes. Lire la suite…

Mécénat : quand la culture fait le tapin

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Laurent de Médicis

Bien loin des fantasmes présentant les grandes entreprises et les ultrariches d’aujourd’hui comme les descendants directs des aristocrates amis des arts et des lettres de la Renaissance italienne, le mécénat sous sa forme contemporaine n’est que l’aveu d’impuissance volontaire et consentie de l’État. Lire la suite…