Tous responsables !

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La Nef des fous, Jérôme Bosch (1500)

Il y a de quoi désespérer, tant l’offre politique est affligeante. De tous les côtés : de sinistres pantins identitaires, des clones tristes néolibéraux ; aucun dirigeant d’envergure, doté d’un minimum de culture et du sens des responsabilités ; rien que des velléitaires n’ayant pour toute justification de leur ambition qu’un pitoyable : « après tout, pourquoi pas moi ? ». Les derniers squatteurs de l’Élysée ont bien montré l’exemple.
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Quel monde pour toi, ma fille ?

Tu viens d’avoir trois ans, ma fille. Dans quel monde en auras-tu trente, vers le mitan du siècle ? Ce siècle dans lequel je suis entré à déjà vingt. Enfant du vingtième et homme du vingt-et-unième, je me sens surtout millénaire. Frémiras-tu, toi aussi, au souvenir de cette mer Égée qui porte les vaisseaux des Achéens vers l’Est et l’immortalité ? Ou toutes ces histoires qui me constituent vous seront-elles étrangères, à toi et à tes compagnons temporels ? Je sens aujourd’hui survenir la rupture du fil ténu qui relie les vivants aux morts, les présents aux passés. L’augmentation des fondations, conception romaine de la culture qui m’est parvenue non sans mal, signifiait un respect critique et cette volonté de transmission que je t’assène dans mon effroi devant son obsolescence. Le monde commun semble s’anéantir sous nos yeux, à mesure que la culture s’éteint. Nous avons dilapidé notre héritage, faute de nous y intéresser, de chérir ce patrimoine comme il se doit. Que vous lèguerons-nous, sinon un monde amnésique – le contraire d’un monde, donc ? Fin de la transmission [1]. Lire la suite…

On achève bien la culture

« Tendre souci » pour les choses du monde, la culture crève. Rien de nouveau, dira-t-on… et « on » n’aura presque pas tort : Arendt, toujours elle, l’avait déjà bien observé et analysé dès les années 1960. Et pourtant, combien l’acuité de la grande philosophe semble juste aujourd’hui, plus encore qu’alors ! Les « philistins cultivés » ont imposé leur utilitarisme mortifère, la marchandisation de la culture et sa réduction à une simple valeur d’usage triomphent dans la société de masse, le processus vital de la société consomme toutes les œuvres culturelles pour alimenter nos désirs de loisirs et de divertissement. Lire la suite…