La privatisation de l’espace public

Café de la Paix, Constantin Korovine (v. 1939)

Paris est en train de crever. Certes, elle n’est pas la seule : d’autres villes françaises subissent le même sort. Mais notre capitale demeure sans doute l’exemple le plus éclatant et le plus navrant de ce à quoi l’incompétence et l’idéologie de ceux qui la gouvernent peuvent conduire. La politique dictée par le clientélisme ne s’intéresse qu’aux copains (c’est-à-dire à ceux qui ont la chance d’appartenir au même monde que les élus) qui profitent ainsi pleinement de la confiscation de l’espace public et de la disparition forcée de la vie publique, sur fond d’extension infinie de l’égoïsme individualiste.

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« L’enfer, c’est les autres »

Noli me tangere, Hans Holbein le Jeune (1532-1533)

L’agressivité règne depuis longtemps comme mode hégémonique de relation à l’autre – ce qui n’empêche pas que le phénomène continue de croître et de s’aggraver. Tout semble se passer comme si un esprit de suspicion généralisée s’était abattu sur nous.

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Une pandémie d’incivisme

Image de la Mort. Gravure sur bois de Michael Wolgemut, dans La Chronique de Nuremberg (1493)
Image de la Mort, Michael Wolgemut, dans La Chronique de Nuremberg (1493)

Quand retombent les billevesées du « vivre-ensemble » auxquelles plus personnes ne feint de croire, apparaît dans toute sa crudité l’anéantissement des solidarités. La crise sanitaire agit, à ce sujet, comme un cruel révélateur du chacun-pour-soi qui dicte nos comportements. Pour beaucoup, l’épidémie en cours n’est qu’une « maladie de vieux » au nom de laquelle on bride leurs chères libertés individuelles. Ne plus pouvoir aller au restaurant, au cinéma ni dans les bars est vécu comme une atteinte à leurs droits fondamentaux. Nous sommes devenus un peuple de sales gosses capricieux et pourris gâtés qui ne montrons aucun scrupule à affirmer haut et fort qu’on aurait mieux fait de laisser crever les vieux et les faibles.

Quelle société mérite de survivre qui se plaint de ne pas pouvoir se retrouver au bar mais n’a aucune pensée pour ses vieux qui meurent seuls ?
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De l’égoïsme en milieu confiné

« Le sordide et l’admirable font meilleur ménage en l’homme qu’on ne le croit d’ordinaire et le problème est de tirer le second du premier. »
André Malraux, Le Démon de l’absolu

Depuis le début de la crise sanitaire, toute la classe politique française, exécutif et majorité parlementaire en tête, est affligeante d’incurie. Le mélange d’incompétence et de cynisme du pouvoir actuel les rend responsables des milliers de morts qui auraient pu être évités s’ils avaient fait preuve du minimum de vertu civique et de sens des responsabilités que l’on est en droit d’attendre de nos gouvernants. Leurs atermoiements, ambigüités et mensonges n’ont pu, en outre, que troubler les esprits et encourager les individus à prendre à la légère le drame collectif.
Faut-il pour autant dédouaner les citoyens de leurs responsabilités ?
Certainement pas, tant les comportements de certains de nos contemporains révèlent l’égoïsme qui les meut et le mépris dans lequel ils tiennent toute forme de monde commun. Le narcissisme de l’enfant qui joue au président ne reflète que celui de ses arrogants sujets [1].
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