Discours (imaginaire) à la nation (2016)

Dans quelques jours, le Président s’adressera à la nation pour ses traditionnels vœux du 31 décembre. S’il manque d’idées, je lui offre un discours tout prêt. Allez François, c’est cadeau.

Françaises, Français, mes chers compatriotes,

L’année qui se termine ce soir fut douloureuse pour notre nation. Au-delà des mots. Par deux fois, en janvier puis en novembre, nos valeurs, notre culture, tout ce qui nous relie a été frappé avec une violence inédite sur notre territoire. Ces attaques lâches nous ont bouleversés. Et en même temps nous avons montré une capacité inouïe de faire front ensemble, de ressouder la nation. Oui : la nation française, c’est cette volonté politique de partager un destin, de s’ancrer dans une histoire, de vivre pour construire quelque chose de plus grand, qui nous dépasse, d’édifier des ponts, des liens, entre nous, d’augmenter les fondations que nous héritons de nos prédécesseurs et de léguer, à notre tour, un monde qui nous soit commun. Tout cela, mes chers compatriotes, vous avez su le porter comme le message ferme et définitif de ce qu’est la France, de ce qu’elle a toujours été et sera toujours. Je vous remercie d’avoir ainsi pu rappeler au monde que le peuple français constitue une nation politique dont la vocation est inscrite dans sa devise universelle : liberté, égalité, fraternité.

Lire la suite Discours (imaginaire) à la nation (2016)

Sur la logique de fronts

C’est la rentrée pour les carnets de Cincinnatus. Pour lancer cette nouvelle saison, je choisis de ne pas revenir tout de suite sur les élections d’hier en Grèce, même si d’autres s’y risquent avec talent, ici ou . En ce qui me concerne, pour l’actualité chaude, je préfère d’autres lieux.

Vous êtes peut-être passés à côté mais, cet été, le landernau médiatico-intellectuel a bruit d’une polémique comme il les aime tant. Tout est parti d’une saillie de Jacques Sapir, économiste à l’EHESS et chantre de la lutte contre l’euro, publiée sur Figarovox. Immédiatement accusé d’appeler à un rapprochement de la gauche souverainiste et anti-européenne avec le FN, il s’est défendu, multipliant interviews et billets sur son blog RussEurope. Nombreuses furent les réactions, notamment celle de Frédéric Lordon, figure intellectuelle majeure de la gauche dite radicale. Les commentateurs et analystes ont commentaté et analysté. Certains mieux que d’autres, comme souvent.
Maintenant que le soufflé retombe doucement, à moi de m’y mettre (la chouette de Minerve, tout ça tout ça…).

Lire la suite Sur la logique de fronts

Écologie : pour une réponse républicaine

Troisième et dernier billet sur l’écologie. On a démasqué les tartuffes néolibéraux et mis en garde contre les techno-béats, puis rejeté les prophètes d’apocalypse et fustigé la pensée magique. Il est temps maintenant de réfléchir à ce que serait une conception humaniste et républicaine de l’écologie.

Il y a une affinité presque « naturelle » du républicanisme pour les enjeux environnementaux : importance du bien commun et de l’intérêt général ; édification continue d’un lien entre les morts, les vivants et les à-naître ; responsabilités réciproques de l’individu et de la société ; conception exigeante de la citoyenneté et de la participation à la vie de la Cité ; collégialité et délibération comme méthodes de la décision ; prééminence du politique sur l’économique ; réflexion critique et balancée sur la modernité… Autant de caractéristiques de la pensée républicaine qui devraient la rendre particulièrement à même d’appréhender les questions écologiques, non par l’angle étroit et misérable de la seule économie ni d’une eschatologie bas de gamme, mais bien du point de vue politique.
Nous sommes face à un enjeu de civilisation qui nous impose de proposer une vision claire et cohérente de la société que nous voulons édifier.
Et de cette vision découlent les actions à mettre en œuvre[1].

Lire la suite Écologie : pour une réponse républicaine

Le déficit budgétaire expliqué à ma mère

Petit dialogue familial.

Maman de Cincinnatus (MdC) : Tiens, j’ai fait une tarte Tatin en dessert.

Cincinnatus (C) : Hmmmm merci m’man !

MdC : Dis-moi Cinci, il y a un truc que j’ai du mal à comprendre : c’est quoi cette histoire de « règle d’or » et de 3% de déficit ? 3% de quoi ? Déficit de quoi ?

C : Vastes questions ! En gros, on parle de deux choses. Le déficit budgétaire, c’est la différence entre les recettes et les dépenses dans le budget de l’État. Le déficit public, c’est la même chose, la différence entre les recettes et les dépenses, mais pour l’ensemble des administrations publiques, c’est-à-dire à la fois l’État, les collectivités territoriales, les administrations de sécurité sociale, etc. La règle des 3%, c’est pour le déficit public.

MdC : Et donc ce déficit ne doit pas dépasser 3%… de quoi ?!

Lire la suite Le déficit budgétaire expliqué à ma mère

L’enlèvement d’Europe par les cabris

Fable hommage à un python humaniste

Une grande catastrophe les avait tous hébétés :
Un continent entier avait tenté de se suicider,
Deux fois dans le temps d’une vie d’homme.
Alors, malheureux et perdus, ils se regardaient :
« Qu’avons-nous fait ? » Et ils tournaient dans un sens.
« Qu’allons-nous faire ? » Et ils tournaient dans l’autre.

Lire la suite L’enlèvement d’Europe par les cabris