La mort des partis ?

Soir bleu, Edward Hopper (1914)

Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice.
Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques

Balayés, les vieux partis du XXe siècle ! Ou du moins ce qui faisait figure d’héritiers du jadis puissant PCF et du central centrisme démocrate-chrétien ou rad-soc qui, les premiers, déclinèrent ; et puis, surtout, des deux grands partis qui, les éclipsant, animèrent longtemps la vie politique française : la SFIO/PS main dans la main avec les diverses mutations historiques du parti (post)gaulliste. Tous les grands partis d’hier sont subclaquants.

Lire la suite…

RN : la grande illusion

Le RN de Marine Le Pen n’est pas le FN de Jean-Marie Le Pen. La petite entreprise familiale a bien changé.
Certains, pourtant, préfèrent feindre de croire le contraire et garder leurs vieux réflexes – aussi contreproductifs soient-il. Beugler « nazis » à chaque apparition médiatique de cadres ou militants de ce parti ne sert à rien, sinon à se faire plaisir. Il y a beaucoup d’onanisme chez les autoproclamés « antifascistes ».
D’autres,  a contrario, pourraient se laisser tenter par le chant qu’entonnent les sirènes du RN. Sensibles aux discours en rupture évidente avec ceux que le parti tenait du temps du fondateur, ils pensent y voir la résurgence d’un républicanisme tombé en disgrâce dans tout le reste du champ partisan. Poudre aux yeux ou révolution idéologique ?

Lire les suite…

Le bruit et le silence

Photos : AFP

Il y a cinq ans et demi, déjà, j’expliquais que « Mélenchon et Le Pen, ce n’est pas pareil ! ». Depuis cette époque, Macron a été élu, Mélenchon et Le Pen vaincus, Macron a dirigé le pays pendant cinq ans, Mélenchon a sombré dans les vertiges identitaires, Le Pen a survécu aux défections et aux attaques de son propre camp, Mélenchon a éliminé tous ses « amis » et s’est autoproclamé seul représentant de « la gauche », Macron a été réélu, Mélenchon et Le Pen de nouveau vaincus, Mélenchon a fondé la NUPES, Le Pen a changé le nom du parti familial, Mélenchon a fait passer sa défaite aux législatives pour une victoire pendant que Le Pen obtenait, elle, un succès historique.

Lire la suite…

Quels extrêmes ?

468px-caravaggio_-_medusa_-_google_art_project
Méduse, Le Caravage (1597-1598)

« Extrême droite », « extrême gauche » : les expressions sont bien ancrées dans l’imaginaire politique collectif. Lieux communs, elles charrient images et références historiques et provoquent des réflexes pavloviens de rejet. Elles situent immédiatement individus et partis qui en sont qualifiés sur l’échiquier politique. Ou plutôt en-dehors de lui : de l’autre côté de frontières invisibles mais unanimement admises – les fameux « cordons sanitaires » et autres « fronts républicains ».
Lire la suite…

2022 : le carnaval des élections

640px-le_combat_de_carnaval_et_de_carc3aame_pieter_brueghel_l27ancien
Le combat de Carnaval et de Carême, Pieter Brueghel l’Ancien (1559)

Nous sortons, enfin, de ce cycle d’élections qui devrait nous faire honte. Le rituel détourné en spectacle ne sert ni la démocratie ni la république mais les enterre dans l’indifférence générale. S’ouvre maintenant un nouveau quinquennat qui s’annonce bien pire encore que le précédent. Youpi.

*

Faut-il vraiment retenir quelque chose de ces résultats politiquement pathétiques ? Essayons…
Lire la suite…

Tout ça pour ça

b9730206641z.1_20220309093148_0002bg2sk2aisp.2-0
Photo : Joël Saget / Eric Feferberg / AFP

Au lendemain du premier tour, petite revue à vif des résultats peu étonnants [1]. Il y a, bien sûr, beaucoup plus à dire ; les réflexions et analyses plus charpentées viendront en leur temps.
Lire la suite…

Éric Zemmour : les synthèses impossibles

(Farce tragique en trois actes)

eric-zemmour-relaxe-en-appel-pour-des-propos-anti-islam-et-anti-immigration-tenus-en-2019
Photo : Joel Saget/AFP

Éric Zemmour est peut-être, dans cette élection, le plus intéressant des candidats – non par l’éventuelle proximité entre lui et moi que certains se plaisent à imaginer (ce billet risque de les décevoir et j’ai déjà dit, la semaine dernière, ma préférence [1]) mais, de mon point de vue, pour ce qu’il fait et dit de la guerre idéologique à l’œuvre. Les trois idéaux-types des familles de pensée politique que j’observe et analyse ici depuis un petit moment [2] – républicanisme, néolibéralisme et identitarisme – me semblent toujours une grille d’analyse pertinente… d’autant plus en ce qui concerne celui qui voudrait en incarner la synthèse impossible.
Lire la suite…

La triste farce des régionales

Départements dans les limites des provinces d’Ancien Régime, Paul Vidal de La Blache

Dans un mois, les 20 et 27 juin, sous les hourras d’un enthousiasme inouï, auront lieu les prochaines élections régionales. Elles paraissent une illustration aussi farcesque qu’affligeante d’une idée que je tente de développer ici depuis longtemps : la démocratie n’est pas réductible au formalisme électoral [1].
Lire la suite…

Ils ne pensent qu’à ça !

Ils me fatiguent. Ils ne pensent vraiment qu’à ça. Ça : la présidentielle, l’Élysée, bien sûr ! En pleine crise sanitaire, alors que les hôpitaux craquent et que les gens meurent, ils plastronnent et commencent à jouer des coups de billard à quatorze bandes pour griller leurs adversaires putatifs. L’intérêt général ? peu leur importe, seuls comptent les leurs, d’intérêts bien calculés. Les médias, complices de ce théâtre des vanités, s’en régalent, tirant comme toujours des plans sur la comète qui se révèleront aussi faux que les prédictions de leurs drogues sondagières. On s’en fout, ça fait vendre, coco ! À la même époque il y a cinq ans, ils n’avaient pas encore misé sur Emmanuel Macron et affirmaient haut et fort qu’Alain Juppé serait triomphalement élu… ce en quoi, finalement, ils ne se sont pas tant trompés que cela, la politique appliquée étant peu ou prou celle qu’aurait menée n’importe quel candidat LR. Quoi qu’il en soit, tout ce petit monde a décidé qu’à encore un an et demi de l’échéance, la campagne était déjà lancée. Au secours ! Lire la suite…

Complices !

couverture charlie caricaturesVendredi 16 octobre 2020, il y a trois jours, un professeur d’histoire et de géographie, Samuel Paty, a été assassiné. Parce qu’il avait fait son métier, parce qu’il avait tenté d’éveiller les consciences de ses élèves, parce qu’il leur avait fait un cours sur la liberté d’expression, parce qu’il leur avait montré et expliqué les caricatures du prophète de l’islam publiées dans Charlie Hebdoil a été décapité [1]. L’assassin n’est pas le seul coupable. Ses complices doivent répondre de ce crime. Leur place est devant un tribunal [2] : Lire la suite…