Les lectures de Cinci : deux économistes à contre-courant

Je n’aime pas les économistes. Du point de vue de la philo, ils prostituent la pensée. Du point de vue des math, ils prostituent la science. Dans tous les cas, ils me débectent par leur arrogance et leur prétention à élever leur discipline au rang de science exacte exerçant un magistère tyrannique sur l’ensemble des autres disciplines inféodées à son utilitarisme. Tous ? Non. Heureusement, quelques-uns ne se vautrent pas dans l’hybris caractéristique de beaucoup de leurs confrères. En voici deux qui nous réconcilieraient presque avec les économistes : Bernard Maris et Yanis Varoufakis.

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9782246852193-xEt si on aimait la France, Bernard Maris, Grasset, 2015.

Le livre en deux mots

Le regretté Oncle Bernard nous a laissé un dernier ouvrage plein de lumière. Sans point (ni d’exclamation ni d’interrogation), il nous invite à simplement aimer notre pays. Il en livre un portrait lucide, amer parfois, amusé souvent, inquiet toujours. Continuer la lecture de Les lectures de Cinci : deux économistes à contre-courant

Quelque chose de pourri au royaume des SHS

Mais que se passe-t-il chez les chercheurs en sciences humaines et sociales (SHS) ? Sont-ils donc devenus fous ?
On aurait pu espérer que les mésaventures ahurissantes de Marcel Gauchet en 2014 ne fussent que le triste corollaire de la malfaisance de démagogues en mal de buzz. Hélas !, les cas se sont récemment multipliés de manière inquiétante. En février, la polémique qui a entouré les prises en position courageuses de l’écrivain Kamel Daoud avait de quoi laisser pantois. Dans une tribune au journal le Monde, un « collectif » de chercheurs l’a pris à partie. Comme Élisabeth Badinter quelques semaines plus tôt, il fut sommé de se taire parce qu’il avait refusé d’entrer dans le jeu des islamistes qui accusent d’« islamophobie » tout discours ferme sur la laïcité. Étrange conception de la confrontation d’idées pour des universitaires. D’autant que ce qui les rassemble paraît tenir dans une haine viscérale de la République. Certains sont même allés jusqu’à inventer le mot-valise « réac-publicain » dont ils parsèment leurs libelles, mélange révoltant de « réactionnaire », adversaire de la Révolution, et de « républicain », héritier de la Révolution : montage improbable et infamant dont ils décorent sans distinction républicains sincères et dévots de l’extrême-droite.
L’anathème remplace la joute, l’assignation au silence et l’appel au boycott empêchent volontairement le débat. Comment des universitaires peuvent-ils descendre aussi bas dans la bêtise crasse ?

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