Les crises de l’autorité

La Mort de Socrate, Jacques-Louis David (1787)

Un député de la Nation frappe un proviseur adjoint de lycée et une CPE, il écope d’une amende de 5 000 euros… qu’il paie donc avec l’argent du contribuable. Voilà ce que vaut aujourd’hui l’autorité de l’institution scolaire : 5 000 euros et le mépris violent de la représentation nationale.
Un député de la Nation achète des drogues dures avec son indemnité parlementaire à un mineur, non seulement il ne démissionne pas mais il est même montré en exemple par son parti et n’écope que d’une peine de 1 000 euros… qu’il paie donc lui aussi avec l’argent du contribuable. Voilà ce que vaut aujourd’hui l’autorité de la loi : 1 000 euros et le mépris goguenard de la représentation nationale.
Et ainsi de suite, ad nauseam.

*

L’autorité confère à l’action et à l’acteur une présomption de validité, lorsque la persuasion et les arguments de la raison ne suffisent à convaincre ni à contraindre les hommes et que l’usage de la violence est exclu. Dans sa célèbre et brillante réflexion « Qu’est-ce que l’autorité ? » [1], Hannah Arendt montre le besoin urgent que ressent Platon, après la mort de Socrate, de penser ce moyen d’assurer l’obéissance par l’établissement d’une hiérarchie indiscutable [2]. Mais si l’autorité telle que nous la concevons vient en partie de Platon et des Grecs, ce sont bien davantage les Romains qui l’ont édifiée en concept éminemment politique. Le mot lui-même est d’origine latine et appartient à la famille du verbe augere – « augmenter ». Et ce que l’autorité permet d’augmenter, c’est la fondation [3], question cruciale dans la pensée romaine, depuis les débuts de la république jusqu’à la fin de l’empire : une fois que quelque chose a été fondé, il est du devoir impérieux de chaque génération d’en préserver le caractère sacré et de le transmettre afin que perdure le monde commun [4]. C’est pourquoi les ancêtres jouissent d’un tel respect ; en tant que fondateurs, ils sont la source même de l’autorité, les maiores, les « plus grands », l’exemple que doit suivre chaque génération [5]. La tradition sert ainsi de vecteur à la transmission d’une génération à l’autre et garantit l’autorité dans son rôle de gardien du monde commun :

le passé était sanctifié par la tradition. La tradition préservait le passé en transmettant d’une génération à la suivante le témoignage des ancêtres, qui, les premiers, avaient été les témoins et les créateurs de la fondation sacrée et l’avaient ensuite augmentée par leur autorité à travers les siècles. Aussi longtemps que cette tradition restait ininterrompue, l’autorité demeurait inviolée ; et agir sans autorité et sans tradition, sans normes et modèles admis, consacrés par le temps, sans l’aide de la sagesse des pères fondateurs, était inconcevable. [6]

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Or nous assistons aujourd’hui à la destruction de ce monde commun, destruction dont Arendt avait déjà perçu les prémices dans la privatisation du langage et cette idée folle que « chacun peut définir ses termes » [7]. « La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire », affirme quant à lui Romain Gary dans son très beau roman Europa. Le massacre de la langue qui se déroule avec notre complicité n’a rien d’anodin : l’écroulement de l’autorité de la langue par sa dégradation d’une langue commune en un simple langage utilitariste destiné à la seule communication formelle sape les fondements de la culture et du monde communs. Alors que la maîtrise du français s’évanouit et que ne s’en ânonne plus qu’un ersatz réduit à quelques centaines de mots dont une partie est mal empruntée à un anglais sommaire qu’aurait répudié Shakespeare, préférant aller prendre un verre avec Molière que de voir ce que leurs descendants ont fait de leur héritage – on est encore pleinement dans la fondation et l’autorité ! –, le viol des mots et la décomposition de la langue et de son autorité se voient justifiés par une partie des clercs qui bénéficient précisément de cette même autorité !

La contestation crâne qu’opposent les demi-habiles à l’autorité de la langue en la calomniant niaisement au nom d’idéologies paresseuses n’offre pas pour seules conséquences leur visibilité médiatique et l’obtention complaisante de postes dans un monde universitaire pourri jusqu’à l’os – ce qui est déjà en soi un camouflet pour la culture – mais, infiniment plus grave, participe du mouvement général d’effondrement de toute forme d’autorité et l’encourage, paradoxalement, par l’autorité usurpée dont ils jouissent et qu’ils minent en même temps. Autrement dit : ces jean-foutre des Lettres, ces mauvaises parodies de scientifiques, ces linguistes bien plus atterrants qu’atterrés, ces précieux ridicules de l’écriture excluante – invention délirante (au sens psychopathologique du terme) et en réalité infiniment plus normative et prescriptive que toutes les dominations qu’ils fantasment –, ces Torquemada de village qui rendent la langue responsable des pires turpitudes issues de leurs imaginations vicelardes dans lesquelles la grammaire et l’orthographe sont revêtues d’une oppression chimérique, dans un pathétique geste scorpionesque d’attaque de l’autorité dont ils se réclament, seront sans nul doute bientôt eux-mêmes les dernières victimes de leur propre charlatanisme.

Ce premier exemple est symptomatique du phénomène plus large qui affecte l’autorité et les figures qui l’incarnent. Toutes les institutions qui représentent une forme ou une autre d’autorité subissent les mêmes assauts, guidés par le refus de toute hiérarchie – ou, plus sûrement, par le désir opportuniste d’un renversement des hiérarchies. À commencer par la première relation d’autorité, la plus « naturelle », la plus évidente et qui sert de paradigme à toutes les autres : celle de l’adulte sur l’enfant, du plus vieux sur le plus jeune.

Le symptôme le plus significatif de la crise, et qui indique sa profondeur et son sérieux, est qu’elle a gagné des sphères prépolitiques, comme l’éducation et l’instruction des enfants, où l’autorité, au sens le plus large, a toujours été acceptée comme une nécessité naturelle, manifestement requise autant par des besoins naturels, la dépendance de l’enfant, que par une nécessité politique : la continuité d’une civilisation constituée, qui ne peut être assurée que si les nouveaux venus par naissance sont introduits dans un monde préétabli où ils naissent en étrangers [8].

La crise que percevait déjà Arendt il y a plus de cinquante ans atteint aujourd’hui des degrés qu’elle n’aurait peut-être pas imaginés. Les évolutions techniques majeures des trois dernières décennies servent de prétexte à un renversement de la hiérarchie de compétences et de connaissances qui fondent pour partie l’autorité des générations plus âgées sur leurs successeurs. La plus grande maîtrise des techniques avec lesquelles sont nés les plus jeunes, même si elle est très largement illusoire, leur octroie la croyance puérile d’une supériorité ontologique sur leurs aînés – croyance que ces derniers, avec une complicité démagogique certaine, sont nombreux à encourager. Ce renversement de la possession de la (prétention à la) compétence entraîne celui de la transmission : ce ne sont plus les vénérables anciens qui transmettent le savoir à leurs descendants mais les derniers arrivés dans le monde – voire ceux qui, trop jeunes, ne sont pas encore censés y pénétrer – qui s’arrogent le monopole de la transmission vers leurs aînés… avec de surcroît une morgue assumée qui renvoie les « vieux » à une ringardise tout à fait injuste, comme en témoignent, dans tous les milieux professionnels, les contestations de plus en fréquentes des cadres hiérarchiques et des règles communes d’organisation par des membres des jeunes générations qui débutent à peine dans l’univers du travail.

Il est vrai que l’arrogance juvénile et le fantasme de toute-puissance n’ont pas grand-chose de neuf et caractérisent même l’adolescence. Il y a toutefois, me semble-t-il, un phénomène anthropologique radicalement nouveau 1) dans l’excommunication que font subir les jeunes générations aux plus anciennes au nom du refus de toute transmission traditionnelle, 2) dans la confiscation de l’autorité liée à la compétence, au savoir, à la connaissance, à l’ancienneté, et enfin 3) dans le fantasme de la table rase, qui nourrit tout l’imaginaire collectif. Ce fantasme de la table rase fonctionne comme une délivrance de la généalogie, comme un rêve adamique de premier-né… non, mieux : comme une irrésistible aspiration à l’incréation ou à l’autocréation. Le rejet de tout ce qui a précédé offre une pureté virginale et ouvre la possibilité d’un monde débarrassé des miasmes, des maux et des fautes des générations précédentes – forcément, intrinsèquement, ontologiquement peccamineuses.

On a vu avec Arendt que, dans sa conception romaine, l’autorité augmente une fondation à travers une tradition ; le fantasme de la table rase a tout à voir avec l’idée d’une nouvelle fondation, de la construction d’une nouvelle tradition, de l’installation d’une nouvelle autorité débarrassée des autorités précédentes. Il ne s’agit donc pas de mettre à mal l’autorité en tant que telle, comme on peut le penser trop rapidement, mais de renverser l’ordre antérieur pour se placer soi-même au sommet, à la place de ce qu’on vient de déboulonner. Derrière les ostracismes générationnels de l’espace public (le fameux « ok boomer ! »), point ainsi quelque chose qui dépasse le traditionnel et symbolique meurtre du père (auquel ceux qui ont mal lu Freud font dire n’importe quoi).

Alors que le rôle des parents est d’instaurer un cadre clair de limites entre l’autorisé et l’interdit, cadre à l’intérieur duquel l’enfant peut exercer sa liberté en toute sécurité et construire sa personnalité, l’idée même de limite a subi une telle propagande calomniatrice que beaucoup se sont dorénavant rangés au dogme de la « bienveillance » – avec l’assentiment et l’aide active de mouvements politiques, associatifs et intellectuels pétris de bien-pensance et de bonne conscience, certains d’appartenir au camp du Bien et du Progrès – et préfèrent abdiquer leurs responsabilités de parents pour adopter la posture, bien plus gratifiante à court terme, de potes de leurs enfants. Sans se rendre compte que c’est là le pire service à leur rendre : ainsi crée-t-on des générations de monstres d’égoïsme, persuadés de la légitimité absolue de tous leurs caprices et incapables de suspendre ou de différer la résolution immédiate de leurs désirs auxquels, sans s’en rendre compte, ils ne font que s’asservir. Les parents eux-mêmes ayant renoncé à leur autorité, la contestation de celle-ci par les enfants – et demeurent enfermés dans l’enfance des individus qui ont pourtant depuis longtemps atteint l’âge d’homme – devient « normale ».

*

Une fois tombée la figure parentale, l’effet domino entraîne toutes les autres.

Les professeurs le vivent tous les jours. Aussi bien l’institution scolaire que les enseignants qui l’incarnent voient leur autorité non seulement contestée par les élèves mais sciemment sapée par les parents de ces derniers, par l’administration dans toute son échelle et par la société elle-même. Alors que l’autorité des professeurs repose sur la maîtrise irréprochable de leur matière, toutes les réformes de ces dernières décennies ont conduit à réduire toujours plus l’exigence disciplinaire dans le recrutement des maîtres, au profit de « compétences » annexes devenues centrales. Aujourd’hui encore, alors que le niveau des étudiants en licence atteint, dans bien des disciplines, à peine celui du bac, voire du brevet, d’il y a une ou deux générations, l’abaissement programmé du concours à bac+2,5 achève de transformer les futures recrues en simples garde-chiourmes incapables de transmettre un savoir qu’ils ne possèdent pas.

L’autorité des enseignants réduite à rien, celle de l’institution s’effondre de conserve avec la trahison de sa vocation : émanciper les enfants de leurs déterminismes par la transmission des savoirs et l’exercice de la raison. En l’obligeant à renoncer à l’instruction, l’école a été suicidée. Mais cela ne suffit pas encore. La dévaluation de l’Instruction publique en Éducation nationale et, maintenant, en Garderie inclusive, ne suffit toutefois pas encore à effacer les dernières traces d’autorité qui lui demeurent associées : les professeurs ne doivent pas seulement être moqués, calomniés publiquement, il faut désormais en faire des cibles : Samuel Paty, Dominique Bernard et tous les enseignants qui subissent chaque jour intimidations, menaces et violences sont les victimes de cette haine de l’autorité – autorité qu’ils symbolisent encore mais ne possèdent plus.

La disparition de cette autorité que confère le savoir s’étend bien au-delà des murs en ruines de l’école. L’inculture scientifique généralisée ne provient pas seulement d’un manque d’information ou d’un déficit d’enseignement : il y a une véritable détestation méprisante de la science, de la raison, du savoir, de la connaissance, des Lumières… en un mot : de tout ce qui représente ou appartient au domaine de l’intelligence – « intello » est devenu l’une des pires insultes que peut infliger un enfant à un de ses camarades –, détestation méprisante qui sévit jusque dans les temples qui sont censés lui être consacrés. L’obscurantisme s’est tranquillement installé au cœur des universités où jamais les clercs n’ont autant trahi leur mission. Il y règne comme un capiteux parfum de révolution culturelle : au nom de billevesées idéologiques et avec l’assentiment et la participation active d’universitaires patentés, les iconoclastes modernes y déboulonnent des statues réelles et symboliques, y interdisent des auteurs classiques, y censurent des cours, y violentent des professeurs. Et qui profite de cette délégitimation de l’autorité scientifique ? Les imposteurs de toutes obédiences. La méfiance envers la science, à laquelle de plus en plus préfèrent l’irrationnel, la superstition, la magie, la religion… fait le succès des conceptions ésotériques délirantes et des complotismes paranoïaques. Les pires obscurantismes viennent remplacer le magistère scientifique dans les esprits en proposant des autorités de substitution. La parole des gourous et religieux divers – à la profondeur toute… caverneuse : « on peut toujours compter sur le creux pour donner un écho profond » (Gary, encore lui) – remplace volontiers celle, dévaluée, des scientifiques.

Cela devient dramatique dans le domaine médical, gangrené par le soupçon et le charlatanisme. Le magistère que détenaient les médecins, forts de leurs études et de leur expérience, pâtit autant de la défiance générale à l’égard de la science et des scientifiques que de l’illusion de pouvoir trouver soi-même en ligne toutes les réponses et de devenir ainsi plus « sachant » que les savants : il suffit de trois clics pour s’autodiagnostiquer un cancer ou un trouble psychologique quelconque et les (vrais) médecins voient débarquer dans leur cabinet des patients qui les contredisent crânement, persuadés de mieux connaître la médecine parce qu’ils ont passé la nuit sur un obscur site dont ils ont pris les boniments au sérieux. La médecine se retrouve asservie à des croyances religieuses, obscurantistes, sectaires, considérées comme supérieures. Les complotistes antivaccins s’en donnent à cœur joie depuis la crise du covid pour répandre leurs mensonges aux effets délétères et, à cause d’eux, des maladies que l’on croyait éteintes refont surface ; homéopathie, osthéopathie, naturopathie, méditations ésotériques, médecines « alternatives » ou « douces », et autres exotismes de pacotille : les fausses médecines sont en vogue et séduisent largement.

Plus largement, c’est toute parole appuyée sur l’expertise, sur le travail, sur l’expérience, qui a perdu sa capacité à convaincre. L’espace public en archipel que dominent les réseaux dits sociaux offre une iségorie de façade. Si chacun a la licence d’y paraître et d’y faire porter sa voix, l’apparente égalité d’expression repose en réalité sur une mystification qui satisfait les boursouflures égotiques de tous ceux qui alimentent ces machines à produire du vide. Umberto Eco était encore trop optimiste lorsqu’il affirmait, à propos des réseaux dits sociaux qu’« ils ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. » Le « même droit de parole » n’est qu’une apparence trompeuse puisqu’en réalité les légions d’imbéciles, par le jeu des algorithmes et des effets de meute, ont en général une audience bien supérieure à celle des prix Nobel. La compétence niée, la connaissance effacée, l’expertise méprisée, l’autorité de celui qui les possède a disparu de cette contrefaçon d’espace public… alors que l’argument d’autorité, lui, ne s’est jamais si bien porté : chacun peut se réclamer d’une qualité usurpée pour prétendre à une légitimité supérieure – et définitive – de ses opinions présentées comme des faits ; et les « toutologues », ces spécialistes autoproclamés de tous les sujets, squattent tous les plateaux pour déblatérer leur platitudes.

L’autorité assise sur des bases rationnelles est pulvérisée, à l’image de l’espace public lui-même, laissant à terre médias et journalistes, victimes collatérales de cet aplatissement horizontal de la diffusion d’information : dans un monde où chacun dispose des moyens de propager son propre point de vue et de se faire « journaliste citoyen » – expression évidemment trompeuse puisque filmer sa vie et la balancer sur des réseaux ne fait pas de soi un journaliste et encore moins un citoyen –, l’autorité des journalistes professionnels et des médias en tant qu’institutions éprouve nécessairement une contestation existentielle. Autres cibles des complotismes triomphants, les discours qu’ils mettent en forme sont immédiatement soupçonnés et rejetés, quel que soit le sérieux de l’enquête menée – voire : plus l’enquête est fouillée et le travail journalistique professionnel et irréprochable, plus le journaliste sera malmené ; plus il avancera des faits, plus on lui opposera des opinions. Peu étonnant, dans ces conditions, de voir de plus en plus de professionnels de l’information embrasser les nouvelles règles de l’espace public et, à l’instar de ces universitaires qui ont éteint les Lumières, confondre sciemment leur métier avec le militantisme dans son acception la plus bornée.

Adultes en général, enseignants en particulier, universitaires et scientifiques, experts en tous genres et journalistes professionnels, ainsi que toutes les institutions qu’ils incarnent, qu’ils représentent… mais aussi, mais bien sûr, les policiers et la police ! « ACAB » (acronyme détestable de « all cops are bastards », « tous les flics sont des bâtards »), « la police tue », « tout le monde déteste la police »… les slogans de haine pure sont régulièrement scandés dans des manifestations factieuses, fascisantes, non seulement par des adeptes de la voyoucratie – caïds et militants – mais aussi par des élus qui préfèrent le lumpencaïdat mafieux à l’ordre républicain. Les forces de l’ordre subissent défiance, calomnie et violence, précisément en tant qu’autorité. Et avec elles, tous les représentants de la sécurité, de l’ordre et de la loi. Depuis longtemps, maintenant, dans les territoires abandonnés de la République, policiers, pompiers et même médecins et ambulanciers tombent dans des traquenards spécifiquement montés contre eux. Cette violence s’étend et se banalise. Un pompier volontaire a été récemment percuté alors qu’il tentait d’arrêter un rodéo urbain – délibérément percuté parce que pompier par un gamin qui lui a ensuite craché dessus alors qu’on lui prodiguait les premiers secours !

Les analyses qui, dans cette violence qui recherche et prend sciemment pour cibles les symboles et représentants de l’autorité, voient une résurgence de l’anarchisme, la volonté d’une abolition pure et simple de toute autorité dans la perspective d’un idéal émancipateur, une sorte de « ni Dieu ni Maître » à la sauce 2.0, se plantent complètement ! Le caïdat possède ses propres autorités. C’est même, comme toute mafia, un système hautement autoritaire et hiérarchique qui ne supporte aucune concurrence et impose ses lois privées contre les lois communes. Or, de Platon à Montesquieu et à Rousseau (et au-delà !), la liberté, dans sa définition civique, exigeante, d’autonomie (auto-nomos : qui se donne à lui-même sa propre loi), ne peut justement exister que sous l’autorité des lois dûment conçues conformément à la volonté générale et dans l’intérêt général : « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescritte est liberté [9]. »

« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant ? » Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution. [10]

La liberté est la reconnaissance de l’autorité des lois et l’obéissance à leurs prescriptions. Par contraposée, le refus de toute limite signifie la confusion entre liberté et licence et le basculement dans l’hybris [11]. Or les lois et ceux qui ont la lourde charge de les appliquer voient leur autorité non seulement concurrencée par des codes qui appartiennent au tribalisme le plus primaire, mais surtout par des comportements ouvertement factieux. Et, en tant que représentants de la Loi et de l’ordre républicain, les magistrats, exactement comme les autres figures d’autorité citées précédemment, sont menacés, décrédibilisés, diffamés. En même temps que l’école a perdu son caractère d’enceinte sacrée de la transmission des savoirs, les tribunaux, régulièrement profanés (dorénavant, on se castagne jusque dans les salles d’audience !), ont déchu et ne sont plus les lieux symboliques d’application de la loi.

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Tous les symboles traditionnels de l’autorité abolis, le spectre entier de ses incarnations est emporté par sa crise : à une extrémité les parents, à l’autre les dirigeants politiques. L’autorité parentale en représente la version prépolitique la plus immédiate, la plus « naturelle », c’est pourquoi elle a servi de modèle aux autres – et pourquoi sa remise en question radicale affecte mécaniquement tous les modèles fondés sur sa métaphore [12]. Or cette conception, d’origine grecque, efface celle, romaine, de la fondation [13], conception éminemment politique, elle. En calquant l’autorité politique sur des modèles prépolitiques, se perd la distinction importante entre l’autorité des éducateurs et celle des dirigeants politiques : les premiers doivent préparer à la participation au monde des enfants qui y entrent par effraction ; les seconds ont affaire à des adultes libres et égaux qui participent pleinement aux affaires publiques et n’ont plus l’âge de subir la « pédagogie » que prétendent leur imposer des politiques qui se trompent, sciemment, de rôle – le mot « pédagogie », dans la bouche d’un gouvernant, est une insulte à la nation et à la raison.

Que les politiques prennent de plein fouet la crise de l’autorité est une chose ; qu’ils y participent activement et soient en grande partie responsables de leur propre chute en est une autre, bien plus dramatique. Nous avons sans nul doute aujourd’hui affaire à la classe politique la plus déplorable de notre histoire moderne. Non qu’elle fût particulièrement glorieuse par le passé – mais au moins, elle permettait, à chaque génération, à quelques figures dignes, de se hausser au-dessus de la mêlée, de remonter la moyenne et de sauver l’honneur d’un personnel politique médiocre dans son ensemble. Même cela n’est plus possible. Quelle autorité peuvent revendiquer des dirigeants politiques qui ont tous, d’une manière ou d’une autre, trahi la nation et l’État ? qui, plus pitoyable encore, assument et promeuvent eux-mêmes la fin de leur propre autorité ?

Lorsqu’un président de la République fraîchement élu explique doctement que l’expérience est une tare, que l’amateurisme est une qualité, que la méfiance doit être la règle envers ceux qui ont déjà été élus par le passé – en raison non pas de leurs échecs répétés et avérés (ce qui ne serait que justice) mais seulement de leur ancienneté –, c’est toute l’autorité des représentants de la nation qui s’effondre par la faute du premier d’entre eux. Dans les mois qui ont suivi l’accession d’Emmanuel Macron à l’Élysée, nous avons été les témoins des tensions les plus vives à l’Assemblée nationale entre les députés ayant quelque expérience (ainsi que les fonctionnaires parlementaires, souvent gardiens des procédures législatives) et leurs nouveaux collègues qui méprisaient les codes et les règles, et voulaient explicitement les « disrupter ». Ce navrant spectacle a été ensuite suivi de la profanation du Parlement par des élus de la nation qui s’y comportent comme de vulgaires voyous : autant de coups mortels portés au peu qui restait d’autorité à nos représentants, au Parlement et, surtout, à notre conception de la démocratie représentative – ici encore, incarnations et institutions chutent de conserve.

Quant à l’exécutif, la valse de ministres interchangeables parce qu’incompétents dans tous les domaines achève le peu d’autorité qu’ils pouvaient encore espérer détenir. Plus grave : ils entraînent dans leur faillite tout l’État qu’ils sont censés diriger. La privatisation de l’État, qu’elle se fasse par la vente au privé des pans de services publics qui pourront rapporter gros, par le détournement de l’argent public des administrations vers des entreprises parasites qui vivent sur le dos de l’État, ou par l’utilisation des moyens régaliens au profit du plus vil clientélisme, participe à et de la déligitimation de l’autorité de l’administration et des fonctionnaires – déjà passablement diffamés dans l’opinion publique. De même, l’organisation méthodique à des coûts exorbitants de courts-circuits de toutes les fonctions étatiques – « conventions citoyennes », « autorités administratives indépendantes », « comités techniques » issus des cerveaux dérangés de technocrates enfermés dans leurs tableaux de chiffres, partenariats public-privé, « budgets participatifs »… – démantèle l’État et les services publics, sape l’autorité des Assemblées et des gouvernants, entérine l’impuissance publique et dilue le politique en lui retirant sa fonction première de décision.

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Les partis politiques se vautrent dans le renversement des autorités, la mode étant aux mouvements « flous », « gazeux »… qui ne peuvent contrôler la dissidence interne qu’au prix d’un caporalisme strict et de purges régulières. L’autorité elle-même y disparaît ainsi au profit de l’autoritarisme ou… de rien. Émergent alors des personnalités en apparence fortes qui font le pari d’un retour du charismatique et du pouvoir personnel, substitut à l’autorité politique qui verse lui-même trop facilement dans la négation de l’autorité et du politique. Arendt rappelle la méfiance des Grecs à l’égard de la transposition dans la polis de la forme domestique d’autorité qui détruit littéralement le domaine public, et cite l’Antigone de Sophocle : « une polis qui appartient à un seul homme n’est pas une polis ». Le despote entretient une relation de maître à esclave avec ceux qu’il ne gouverne pas mais domine. Or « l’autorité implique une obéissance dans laquelle les hommes gardent leur liberté [14] ».

La confusion est certes ancienne mais aujourd’hui plus facile que jamais « de l’autorité avec la tyrannie, et du pouvoir légitime avec la violence [15]. » Il y a là néanmoins une méprise majeure : l’autorité, depuis Platon, est étrangère à la violence, elle est justement le moyen d’obtenir l’obéissance sans faire appel à la violence. Aussi bien ceux qui combattent l’autorité que ceux qui rêvent de la réinstaurer à leur propre et unique bénéfice – ce sont bien souvent les mêmes, d’ailleurs, mais à différents moments, selon leur humeur et leur intérêt, selon la victime et le bourreau – se plaisent à assimiler violence et autorité. Ainsi crient-ils tous de joie lorsque la violence est employée : les uns pour saluer un fallacieux retour de l’autorité là où il n’y a en réalité que de la brutalité, les autres pour se rengorger de la « justesse de leur analyse » et vilipender plus encore une autorité qui n’en est pas une – ce qui les arrange bien.

Les figures alternatives qui cherchent à ravir l’autorité connaissent ainsi un succès certain. Influenceurs médiatiques, clowns démagogiques, gourous sectaires et religieux obscurantistes (qui, pour un certain nombre ont bien compris l’intérêt de ranimer les peurs de châtiments éternels post mortem quelque peu effacés mais qui ont longtemps (depuis Platon) appuyé l’obéissance) profitent de l’effondrement des formes traditionnelles d’autorité et usent de la violence, en général envers d’opportuns et bien commodes boucs émissaires – procédé d’une efficacité éprouvée –, pour asseoir leurs dominations, leurs dogmes, leurs lois, et, ayant assis leur fausse autorité et leur véritable autoritarisme, écraser du même geste la liberté, l’égalité et la fraternité.

Cincinnatus, 19 mai 2025


[1] Hanna Arendt, « Qu’est-ce que l’autorité ? », in La Crise de la Culture, Folio essais, 1989, p. 121-185.

[2]

Puisque l’autorité requiert toujours l’obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir ou de violence. Pourtant l’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition ; là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. L’autorité, d’autre part, est incompatible avec la persuasion qui présuppose l’égalité et opère par un processus d’argumentation. Là où on a recours à des arguments, l’autorité est laissée de côté. Face à l’ordre égalitaire de la persuasion, se tient l’ordre autoritaire, qui est toujours hiérarchique. S’il faut vraiment définir l’autorité, alors ce doit être en l’opposant à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments. (La relation autoritaire entre celui qui commande et celui qui obéit ne repose ni sur une raison commune ni sur le pouvoir de celui qui commande ; ce qu’ils ont en commun, c’est la hiérarchie elle-même, dont chacun reconnaît la justesse et la légitimité, et où tous deux ont d’avance leur place fixée.) Ce point est historiquement important ; un aspect de notre concept de l’autorité est d’origine platonicienne, et quand Platon commença d’envisager d’introduire l’autorité dans le maniement des affaires publiques de la polis, il savait qu’il cherchait une solution de rechange aussi bien à la méthode grecque ordinaire en matière de politique intérieure, qui était la persuasion (πείθειν), qu’à la manière courante de régler les affaires étrangères, qui était la force et la violence (βία).

Ibid., p. 123.

[3]

L’autorité reposait sur une fondation dans le passé qui lui tenait lieu de constante pierre angulaire, donnait au monde la permanence et le caractère durable dont les êtres humains ont besoin précisément parce qu’ils sont les mortels – les êtres les plus fragiles et les plus futiles que l’on connaisse. Sa perte équivaut à la perte des assises du monde, qui, en effet, depuis lors, a commencé de se déplacer, de changer et de se transformer avec une rapidité sans cesse croissante en passant d’une forme à une autre, comme si nous vivions et luttions avec un univers protéen où n’importe quoi peut à tout moment se transformer en quasiment n’importe quoi. Mais la perte de la permanence et de la solidité du monde – qui, politiquement, est identique à la perte de l’autorité – n’entraîne pas, du moins pas nécessairement, la perte de la capacité humaine de construire, préserver et prendre à cœur un monde qui puisse nous survivre et demeurer un lieu vivable pour ceux qui viennent après nous.

Ibid., p. 126.

[4] Voir la série de billets que j’ai consacrés au concept de monde commun chez Hannah Arendt :

1 – L’édification du monde commun
2 – L’intime et le monde commun, entre ombre et lumière
3 – L’extension du privé, entre intime et public
4 – L’explosion du monde commun
5 – Épilogue : fuir le monde commun pour jouir du privé ?

[5]

Les hommes dotés d’autorité étaient les anciens, le Sénat ou les patres, qui l’avaient obtenue par héritage et par transmission de ceux qui avaient posé les fondations pour toutes les choses à venir, les ancêtres, que les Romains appelaient pour cette raison les maiores. L’autorité des vivants était toujours dérivée, dépendante des auctores imperii Romani conditoresque, selon la formule de Pline, de l’autorité des fondateurs, qui n’étaient plus parmi les vivants. L’autorité, au contraire du pouvoir (potestas), avait ses racines dans le passé, mais ce passé n’était pas moins présent dans la vie réelle de la cité que le pouvoir et la force des vivants.

Hanna Arendt, « Qu’est-ce que l’autorité ? », op. cit., p. 160-161.

[6] Ibid. p. 163.

[7]

Il est évident que ces réflexions et ces descriptions s’appuient sur la conviction qu’il est important d’établir des distinctions. Insister sur une telle conviction semble un truisme gratuit étant donné que personne, pour autant que je sache en tout cas, n’a encore affirmé ouvertement que les distinctions n’ont pas de sens. Il existe pourtant un accord tacite dans la plupart des discussions entre spécialistes en sciences sociales et politiques qui autorise chacun à passer outre aux distinctions et à procéder en présupposant que n’importe quoi peut en fin de compte prendre le nom de n’importe quoi d’autre, et que les distinctions ne sont significatives que dans la mesure où chacun a le droit de « définir ses termes ». Mais ce droit bizarre, que l’on en est venu à s’accorder sitôt que l’on s’occupe de choses d’importance – comme s’il était vraiment identique au droit d’avoir son opinion – n’indique-t-il pas déjà que des termes comme « tyrannie », « autorité », « totalitarisme » ont tout simplement perdu leur signification commune, ou que nous avons cessé de vivre dans un monde commun où les mots que nous avons en commun possèdent un sens indiscutable, de sorte que, pour ne pas nous trouver condamnés à vivre verbalement dans un monde complètement dépourvu de sens, nous nous accordons les uns aux autres le droit de nous retirer dans nos propres mondes de sens et exigeons seulement que chacun d’entre nous demeure cohérent à l’intérieur de sa terminologie privée ? Si, dans ces circonstances, nous nous assurons que nous nous comprenons encore les uns les autres, nous ne voulons pas dire par là que nous comprenions ensemble un monde commun à nous tous, mais que nous comprenons la cohérence des arguments et du raisonnement, du processus de l’argumentation sous son aspect purement formel.

Ibid., p. 126-127.

[8] Ibid., p. 122.

[9] Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, livre I chap. 8.

[10] Ibid., livre I chap. 6.

[11] Les mouvements qui prétendent s’affranchir de toute loi et de tout contrôle, exactement comme le caïdat cité à l’instant, respectent en réalité un autre système d’autorité. Même les oligarques libertariens transhumanistes de la Silicon Valley qui, d’après Giuliano da Empoli, veulent « s’affranchir de toute autorité et de tout contrôle pour poursuivre leurs ambitions post-humaines » (entretien à l’Express, 1er avril 2025), respectent des formes d’autorité – qui leur conviennent – conformément à leur idéologie.

[12]

Étant donné son caractère simple et élémentaire, cette forme d’autorité a servi de modèle, durant toute l’histoire de la pensée politique, à une grande variété de formes autoritaires de gouvernement. Par conséquent, le fait que même cette autorité prépolitique qui présidait aux relations entre adultes et enfants, maîtres et élèves, n’est plus assurée, signifie que toutes les métaphores et tous les modèles de relations autoritaires traditionnellement à l’honneur ont perdu leur plausibilité. En pratique aussi bien qu’en théorie, nous ne sommes plus en mesure de savoir ce que l’autorité est réellement.

Hanna Arendt, « Qu’est-ce que l’autorité ? », op. cit., p. 122.

[13]

tandis que tous les modèles, prototypes et exemples des relations autoritaires – tels que, pour l’homme d’État, ceux du guérisseur et médecin, du spécialiste, du timonier, du maître qui sait, de l’éducateur, du sage – tous grecs d’origine, ont été fidèlement conservés et réemployés jusqu’à devenir des platitudes vides, l’unique expérience politique qui a introduit l’autorité comme mot, concept et réalité dans notre histoire – l’expérience romaine de la fondation – semble avoir été entièrement perdue et oubliée.

Ibid., p. 178.

[14] Ibid., p. 140.

[15] Et Arendt de poursuivre avec des mots qui devraient résonner particulièrement à nos oreilles :

La différence entre la tyrannie et le gouvernement autoritaire a toujours été que le tyran gouverne conformément à sa volonté et à son intérêt, tandis que même le plus draconien des gouvernements autoritaires est lié par des lois. Ses actes sont contrôlés par un code dont l’auteur ne fut pas un homme, comme dans le cas de la loi de la nature, des commandements de Dieu, ou des idées platoniciennes, ou du moins aucun des hommes qui sont effectivement au pouvoir. La source de l’autorité dans un gouvernement autoritaire est toujours une force extérieure et supérieure au pouvoir qui est le sien ; c’est toujours de cette source, de cette force extérieure qui transcende le domaine politique, que les autorités tirent leur « autorité », c’est-à-dire leur légitimité, et celle-ci peut borner leur pouvoir.

Ibid., p.128-129.

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Cincinnatus

Moraliste (presque) pas moralisateur, misanthrope humaniste, républicain râleur, universaliste lucide, défenseur de causes perdues et de la laïcité, je laisse dans ces carnets les traces de mes réflexions : philosophie, politique, actualité, culture…

5 commentaires sur “Les crises de l’autorité”

  1. Bonjour,

    Certains textes de ce site sont tellement proches de ce que l’on pourrait appeler des « textes de référence » que l’on éprouve souvent le désir de les relire ou d’y revenir à l’occasion afin d’alimenter d’autres discussions. Pour ce faire, une relecture en version papier, sereine et à l’abri des contraintes de la lecture sur écran est largement préférable.

    Personnellement, la lecture de documents un peu longs à l’écran m’est pénible. Je fais un copier/coller dans Word ou un autre traitement de texte, je sauvegarde et j’imprime le PDF résultant. Tout le monde n’a pas accès à cette procédure de conversion. Le téléchargement direct d’un PDF serait probablement plus pratique pour certains visiteurs. Si les articles du site sont initialement rédigés via un traitement de texte et non en ligne, la mise à disposition directe d’une version PDF de l’article serait probablement accueillie très favorablement. Ou bien ai-je manqué quelque chose ?

    Je conçois bien évidemment que des problèmes de droits puissent se poser. Dans ce cas, je suggère qu’une réflexion sur la publication papier des meilleures pages de Cincivox soit engagée (mais où sont les moins bonnes ?).

    Bien cordialement.

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    1. Bonjour,

      je vous remercie pour votre message très sympathique. La publication de mes billets est une idée séduisante mais qui se heurte à la réalité : quel éditeur aurait envie de publier des textes déjà pleinement disponibles en ligne ? Si vous en connaissez, je veux bien leur contact !

      Cinci

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      1. Ce qui peut convaincre un éditeur de publier un blog, c’est justement sa fréquentation. Lire ou relire « Quelque chose en lui de Bartleby » de Philippe Delerme. Mais bon, d’accord, c’est un roman :-))) .

        Je n’ai pas de lien privilégié avec le monde de l’édition, d’ailleurs je cherche également un éditeur pour un ou deux livres photo+texte collectifs. Je peux simplement confirmer que la tâche est rude.

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  2. Excellente et brillante analyse d’un monde qui se défait car sa clef de voûte s’effrite.

    Dans cet inventaire des causes du désastre il me semble essentiel de rappeler que le rôle des idéologies de gauche a été le principal élément de cette catastrophe. «  Du passé faisons table rase » est tout de même un des slogans les plus stupides (avec « viva la muerte » et « venez comme vous êtes », ce qui prouve que la stupidité est universelle…) que l’Humanité ait entendu. La France ne s’est jamais remise de la Révolution.

    C’est pourquoi l’analyse qui est faite ici de certaines formes de violences contre l’autorité, ainsi des agressions à l’égard des pompiers, médecins et autres enseignants, ne me semble pas probante. Elles ne sont en rien le symptôme d’une contestation de l’autorité mais au contraire celui de l’apparition d’une nouvelle forme de celle-ci.

    En effet le mouvement de détestation de l’autorité, qui ne touche que l’Occident, n’y prend cette forme radicale que dans quelques pays et pour des raisons qui lui sont étrangères.  Pour l’écrire avec plus de clarté il s’agit d’un conflit de pouvoir entre deux autorités dans lequel celle qui est légitime a du mal à recourir à la violence car elle a oublié qu’elle en est issue pour mieux la réduire, alors que celle qui qui veut s’installer y fait au contraire appel de façon naturelle. Les différents incidents ne sont qu’un remake de la stratégie des « milles entailles », vieux supplice venant de Chine, “popularisée“ par la gauche…

    En fait dans cet Occident lassé de lui-même dans lequel l’autorité est abandonnée, comme toute autre forme de responsabilité, nous assistons au surgissement irrésistible d’une autre volonté, responsable et autoritaire, qui profite du gigantesque travail de destruction fourni par la Gauche.

    Cette autre volonté est bien entendu celle de l’islam qui illustre à merveille ce qu’est l’Autorité, et comme celle-ci nous semble indispensable à la survie de notre société il sera difficile de refuser son offre (vigoureuse) de service. Ce qui explique la fascination de notre personnel politique.

    Hannah nous manque !  

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    1. Cher ami,

      « Elles ne sont en rien le symptôme d’une contestation de l’autorité mais au contraire celui de l’apparition d’une nouvelle forme de celle-ci. » : mais je ne dis pas autre chose dans tout le billet !

      Cinci

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