La question sociale est-elle vraiment réglée ?

Le Jeune Mendiant, Bartolomé Esteban Murillo (1645-1650)

La pauvreté progresse en France. 62 % des Français l’ont déjà connue ou frôlée ; 52 % ne gagnent pas suffisamment pour épargner ; 47 % ont du mal à régler leurs factures d’énergie ; 16 % se battent contre un découvert permanent. Sur un peu plus de 68 millions de Français, 9,1 millions vivent avec moins de 1 216 € par mois, soit le seuil de pauvreté. Et l’on monte à 11,2 millions de pauvres si l’on intègre les personnes « hors logement ordinaire », pour reprendre les catégories de l’Insee. Si le taux de pauvreté en France est légèrement inférieur à celui de l’Union européenne, l’institut de statistique montre que, depuis les années 2000, les inégalités ont augmenté et que le patrimoine détermine bien plus le niveau de richesse que le travail – et encore, les données utilisées ne vont que jusqu’en 2021-2022. L’augmentation des revenus ne suffit pas à compenser l’inflation… qui, elle-même, ne mesure que très imparfaitement ce que vivent réellement les gens.

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Une indigestion normative ?

Moïse brisant les Tables de la Loi, Rembrandt (1659)

« Trop de normes ! » « Les normes nous écrasent ! » Ad nauseam
Mais de quoi parle-t-on vraiment ?
Parmi tous les sens qu’il recouvre, le mot « norme » en possède notamment trois dont les multiples confusions entraînent malentendus gênants et manipulations dangereuses.

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Inutile, injuste et idéologique : la réforme des retraites

Grève au pays de Charleroi, Robert Koehler (1886)

D’après le gouvernement, il manquera 12 milliards d’euros au système de retraites en 2027, soit un déficit cumulé d’environ 150 milliards d’euros à dix ans. Il n’y a aucun consensus à propos de ces chiffres (comme l’économie, les projections démographiques relèvent bien plus de l’astrologie que de la science), le gouvernement choisissant soigneusement les scénarios qui lui conviennent alors que différents modèles montrent pour leur part un retour rapide à l’équilibre. Admettons cependant un moment les hypothèses macronistes, largement catastrophistes.

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Le droit à la paresse

La Méridienne, Vincent van Gogh (1889-1890)

Mais qu’ont-ils fait du pamphlet de Paul Lafargue [1] ?

À l’occasion de la nouvelle réforme des retraites voulue par le Président de la République, l’espace public est saturé des empoignades entre bourgeois qui n’ont jamais travaillé de leurs mains. S’opposent dans la stratosphère des néolibéraux qui rêvent de revenir à un XIXe siècle à la Dickens et mitraillent le code du travail et les acquis sociaux au nom de la concurrence de la Chine et du Bangladesh, modèles du genre ; et des gauchistes de salon dont la vision puérile se limite à un monde entièrement voué à la jouissance sans entrave sous la tyrannie bienveillante de la moraline et de la nunucherie. Entre sacralisation et malédiction, l’idée de travail devient l’otage des postures moralisantes.

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Liberté des uns, contrôle des autres

Le Tasse à l’Hôpital Sainte-Anne de Ferrare, Eugène Delacroix (1839)

Il y a, dans l’idéologie néolibérale [1] et, plus encore, dans sa manière de s’appliquer, un paradoxe apparent : d’un côté, une défense lyrique de la liberté (malgré une définition discutable), en particulier individuelle et économique ; de l’autre, une volonté de contrôle dont l’intensité et le périmètre ne cessent de s’accroître. N’y voir qu’une contradiction ou une hypocrisie ferait passer à côté de l’essentiel.

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Il n’y a pas de sot métier ?

Quelle modernité formidable qui, pour résoudre la crise du chômage de masse, certes sans grand succès jusqu’ici, a décidé d’inventer chaque jour de nouveaux métiers shadokiens ! L’anthropologue David Graeber l’a théorisé avec l’expression « bullshit jobs », d’autres ont étendu et approfondi le concept, mais l’idée est évidente à quiconque observe avec un tant soit peu d’honnêteté le monde du travail. Celui-ci est métastasé par des boulots socialement inutiles, voire nuisibles, souvent payés une misère tout juste suffisante pour survivre – ou parfois, au contraire, une fortune scandaleusement imméritée. Et pendant ce temps, les vrais métiers peinent à trouver des volontaires, sont méprisés et sous-payés. Une époque formidable, vous dis-je [1] !

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Nous aurons froid cet hiver…

Maison de thé à Koishikawa, le matin après une chute de neige, Katsushika Hokusai (v. 1830)

Le prix de l’énergie explose, nous devons donc baisser le chauffage à 19°C – voilà la solution du gouvernement français pour résoudre la grave crise à la fois énergétique et économique qui nous tombe dessus. « C’est un peu court, jeune homme ! », rétorquerait Cyrano. En effet, rien de ce qui nous arrive ici ne résonne comme un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage. Bien au contraire ! Toutes les politiques énergétiques depuis trente ans tendaient vers cette crise ; la guerre en Ukraine n’a servi que d’étincelle au milieu d’un entrepôt savamment chargé de poudre.

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Au boulot !

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Travailleurs de retour à la maison, Edvard Munch (1913-1914)

On se bouge, bande de feignasses ! Il y en a marre de cette mentalité capitularde d’enfants gâtés, incapables de bosser cinq minutes sans venir pleurnicher que c’est trop dur gna gna gna, que le chef est méchant gna gna gna, qu’ils ont besoin de faire une pause pour poster une photo d’eux sur instagram gna gna gna… Cette démocratie décadente encourage la paresse sur fond de boursouflure égotique. Les Chinois, par exemple, c’est clairement pas des bras cassés, eux. Et c’est pour ça qu’ils conquièrent le monde.
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Il n’y a pas d’alternative ? Vraiment ?

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Sommaire :
Dans les chaînes du paradoxe
Des mythes plus réels que le réel
La nécessité d’un contre-modèle


Dans les chaînes du paradoxe

Comme souvent, Jean-Claude Michéa voit juste : Lire la suite…

Cinquante nuances de néolibéraux

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Après avoir débuté mon travail d’entomologiste par une première expérience de description très-scientifique des nombreuses espèces d’identitaires, voici le tome 2 : l’abécédaire des néolibéraux !
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