La mort des partis ?

Soir bleu, Edward Hopper (1914)

Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice.
Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques

Balayés, les vieux partis du XXe siècle ! Ou du moins ce qui faisait figure d’héritiers du jadis puissant PCF et du central centrisme démocrate-chrétien ou rad-soc qui, les premiers, déclinèrent ; et puis, surtout, des deux grands partis qui, les éclipsant, animèrent longtemps la vie politique française : la SFIO/PS main dans la main avec les diverses mutations historiques du parti (post)gaulliste. Tous les grands partis d’hier sont subclaquants.

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Le bruit et le silence

Photos : AFP

Il y a cinq ans et demi, déjà, j’expliquais que « Mélenchon et Le Pen, ce n’est pas pareil ! ». Depuis cette époque, Macron a été élu, Mélenchon et Le Pen vaincus, Macron a dirigé le pays pendant cinq ans, Mélenchon a sombré dans les vertiges identitaires, Le Pen a survécu aux défections et aux attaques de son propre camp, Mélenchon a éliminé tous ses « amis » et s’est autoproclamé seul représentant de « la gauche », Macron a été réélu, Mélenchon et Le Pen de nouveau vaincus, Mélenchon a fondé la NUPES, Le Pen a changé le nom du parti familial, Mélenchon a fait passer sa défaite aux législatives pour une victoire pendant que Le Pen obtenait, elle, un succès historique.

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Quels extrêmes ?

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Méduse, Le Caravage (1597-1598)

« Extrême droite », « extrême gauche » : les expressions sont bien ancrées dans l’imaginaire politique collectif. Lieux communs, elles charrient images et références historiques et provoquent des réflexes pavloviens de rejet. Elles situent immédiatement individus et partis qui en sont qualifiés sur l’échiquier politique. Ou plutôt en-dehors de lui : de l’autre côté de frontières invisibles mais unanimement admises – les fameux « cordons sanitaires » et autres « fronts républicains ».
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2022 : le carnaval des élections

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Le combat de Carnaval et de Carême, Pieter Brueghel l’Ancien (1559)

Nous sortons, enfin, de ce cycle d’élections qui devrait nous faire honte. Le rituel détourné en spectacle ne sert ni la démocratie ni la république mais les enterre dans l’indifférence générale. S’ouvre maintenant un nouveau quinquennat qui s’annonce bien pire encore que le précédent. Youpi.

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Faut-il vraiment retenir quelque chose de ces résultats politiquement pathétiques ? Essayons…
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Les lectures de Cinci : sic transit gloria melenchoni

Mélenchon : la chute. Comment la France insoumise s’est effondrée, Hadrien Mathoux, éd. du Rocher, 2020.

fic168584hab0Le livre en deux mots

Au milieu de l’année dernière, Hadrien Mathoux, journaliste pour l’hebdomadaire Marianne, a livré un ouvrage important sur l’évolution de la France insoumise et de son chef, Jean-Luc Mélenchon, de la présidentielle de 2017 aux élections municipales de 2020. Bien écrit et surtout très renseigné, ce livre ne se contente pas du récit des vicissitudes du parti et de ceux qui l’animent, mais offre une analyse en profondeur des enjeux politiques, idéologiques, stratégiques, tactiques et humains au cœur de ce mouvement. Lire la suite…

Mélenchon et LFI : la longue agonie

La Mort de SardanapaleJ’ai voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2017. Je relis ce que j’ai publié alors, et je persiste : à l’époque, c’était le moins mauvais candidat [1]. Il était le seul à proposer un programme économique et social à la fois cohérent et opposé au néolibéralisme représenté par tous ses adversaires. Quant aux principes républicains, laïcité en tête, il y avait encore, alors, suffisamment d’humanistes à les défendre dans son parti pour que l’issue du conflit larvé ne soit pas écrite d’avance. Lire la suite…

La triste farce des régionales

Départements dans les limites des provinces d’Ancien Régime, Paul Vidal de La Blache

Dans un mois, les 20 et 27 juin, sous les hourras d’un enthousiasme inouï, auront lieu les prochaines élections régionales. Elles paraissent une illustration aussi farcesque qu’affligeante d’une idée que je tente de développer ici depuis longtemps : la démocratie n’est pas réductible au formalisme électoral [1].
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Ils ne pensent qu’à ça !

Ils me fatiguent. Ils ne pensent vraiment qu’à ça. Ça : la présidentielle, l’Élysée, bien sûr ! En pleine crise sanitaire, alors que les hôpitaux craquent et que les gens meurent, ils plastronnent et commencent à jouer des coups de billard à quatorze bandes pour griller leurs adversaires putatifs. L’intérêt général ? peu leur importe, seuls comptent les leurs, d’intérêts bien calculés. Les médias, complices de ce théâtre des vanités, s’en régalent, tirant comme toujours des plans sur la comète qui se révèleront aussi faux que les prédictions de leurs drogues sondagières. On s’en fout, ça fait vendre, coco ! À la même époque il y a cinq ans, ils n’avaient pas encore misé sur Emmanuel Macron et affirmaient haut et fort qu’Alain Juppé serait triomphalement élu… ce en quoi, finalement, ils ne se sont pas tant trompés que cela, la politique appliquée étant peu ou prou celle qu’aurait menée n’importe quel candidat LR. Quoi qu’il en soit, tout ce petit monde a décidé qu’à encore un an et demi de l’échéance, la campagne était déjà lancée. Au secours ! Lire la suite…