On bâillonne un professeur

Philosophe en méditation, Rembrandt (1632)

René Chiche est un emmerdeur par vocation et profession. Professeur de philosophie, membre du Conseil supérieur de l’éducation, syndicaliste Action & Démocratie CFE-CGC – syndicat avec lequel il combat la vulgate pédagogiste qui gangrène l’Éducation nationale depuis quatre décennies –, il abreuve les réseaux dits sociaux, twitter en tête, de ses diatribes et rodomontades. Ses coups de sang et de gueule, en parfaite adéquation avec les us et coutumes qui régissent ces petits théâtres de l’absurde et de l’hyperbole, ne passent guère inaperçus et lui valent bien des haines et rancœurs.

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Iségorie ?

Vue idéale de l’Acropole et de l’Aréopage à Athènes, Leo von Klenze (1846)

L’iségorie, concept central dans la démocratie athénienne, assure à tous les citoyens le droit égal à la prise de parole au sein de l’agora. Contrairement aux apparences, pourtant, l’iségorie n’appartient pas au seul régime de l’égalité mais peut-être plus encore à celui de la liberté. L’égalité de parole garantit d’abord et avant tout la liberté d’expression ; l’iségorie en est, en quelque sorte, le reflet au miroir de la démocratie. A priori, tous les citoyens sortis de l’ombre du domaine privé pour entrer dans la lumière du public, cet espace d’apparence où chacun partage paroles et actions dans l’objectif d’édifier un monde commun, disposent de la même légitimité à exprimer leur opinion, leur vision du monde, leur conception du bien commun et de l’intérêt général. Quels que soient son métier, sa richesse, ses origines, ses croyances ou ses chromosomes, tout citoyen, par le seul fait qu’il est citoyen, possède le même droit inaliénable de prendre part au politique et de constituer le souverain.

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Les lectures de Cinci : le courage d’une jeune femme

Je suis le prix de votre liberté, Mila, Grasset, 2021.

9782246827894-001-TLe livre en deux mots

Depuis deux ans, Mila est menacée de mort. Elle a 18 ans. Tout le monde pense connaître « l’affaire Mila », tant elle a été médiatisée. Dans ce livre, la victime expose les faits et la manière dont elle a vécu – et vit encore – leurs conséquences. Lire la suite…

Les réseaux sociaux, les GAFAM et la démocratie

Prométhée par Theodoor RomboutsDonald Trump a été banni de Twitter – ses comptes ont été également supprimés d’autres réseaux sociaux et plateformes en ligne. L’entreprise à l’oiseau bleu a osé interdire l’accès à ses services à un futur-ancien-président-des-États-Unis. Avec lui, quelques dizaines de milliers de ses partisans ne pourront plus gazouiller ni accéder à certains services en lignes comme Airbnb. Ces conséquences de la « prise du Capitole » du 6 janvier 2021 semblent prendre des proportions presque plus importantes encore que l’événement lui-même. On se déchire sur les plateaux télé, les stations de radio et – surtout ! – lesdits réseaux sociaux. Les gros mots sont de sortie : « (ir)responsabilité », « justice », « dictature », « démocratie en danger »… on s’émeut, ça fait le buzz. Avant de vite passer à autre chose. Lire la suite…

Les nouveaux iconoclastes

De nouveaux censeurs s’ingénient à réécrire l’histoire, à interdire des films ou des spectacles, à éteindre les Lumières à l’Université… c’est là une véritable tragédie. Au nom de luttes intrinsèquement justes qu’ils détournent, au nom de l’égalité qu’ils pervertissent, des groupuscules idéologiques provoquent des déferlements de bêtise violente dont le seul but est d’anéantir aveuglément la culture et la liberté d’expression. Lire la suite…

Unité nationale : quelle escroquerie !

Clemenceau_-_Manet

« Le droit d’insulter les membres du gouvernement est inviolable. »
Georges Clemenceau, note adressée le 8 juin 1918 au Bureau de presse

En réponse à la crise sanitaire gravissime que nous subissons, le Président de la République appelle à « l’unité nationale ». Étrange rhétorique de la part de celui qui, en bon disciple de Sarkozy, a dressé les Français les uns contre les autres et dont la responsabilité est majeure dans la débandade actuelle.
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De l’anonymat et du pseudonymat en ligne

L’anonymat sur les réseaux sociaux n’existe pas. On s’y présente toujours sous une apparence choisie, sous une identité réelle ou d’emprunt. Le pseudonyme n’est pas un anonymat, il porte en lui un sens, un imaginaire et une volonté. Il affirme un message avant même toute prise de parole sur ces scènes publiques, à la manière du costume revêtu pour se présenter à la lumière de l’espace public réel. Son choix ne peut être neutre parce qu’il est en soi un acte de monstration et de démonstration. Mais le masque du pseudonyme est un Janus bifront, source simultanée de liberté et d’irresponsabilité dont la puissance de dissimulation et de révélation excite les désirs de censure.
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Dieu est mort, foutez-nous la paix !

Il n’y a de blasphème que dans l’esprit du croyant. Celui qui ne croit pas ne blasphème pas : il se rit des superstitions des autres. De haute lutte, cette notion inique de blasphème a été extirpée du droit français pour laisser la place aux libertés de conscience et d’expression. Aucun délit de blasphème ne peut ni ne doit exister. Répétons-le : en France, se moquer des religions n’est pas un crime, c’est une tradition – un exercice de liberté !
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