Trop d’État… ou trop peu ?

Postulant que l’État incarne le principal danger pour les libertés individuelles, les libéraux de gauche comme de droite suspectent toutes ses initiatives de dérive autoritaire. En particulier, ils réclament que son ingérence dans les affaires économiques soit circonscrite à un cercle toujours plus étroit… si possible même vide.
À ce sujet, une petite anecdote personnelle, une fois n’est pas coutume : il y a de cela quelques années, un recruteur, en plein entretien d’embauche, m’infligea cette « blagounette » : « quelle est la différence entre l’État et la mafia ? » Réponse, selon lui : « le taux d’extorsion, plus élevé pour l’État. » Ah. Ah. Ah. (rictus crispé devant tant de bêtise).

Lire la suite Trop d’État… ou trop peu ?

Wargame idéologique : l’échiquier renversé

Après avoir décrit le paysage idéologique à gauche et à droite, il est temps de conclure la trilogie sur ce jeu de guerre.

*

Le plateau est brisé ; les pièces, hagardes. Mélangées. Certaines ont disparu. On se rassemble, non par appartenance antérieure à un camp ou l’autre, mais par ressemblance.

Lire la suite Wargame idéologique : l’échiquier renversé

Wargame idéologique à droite

Il y a quelques semaines, je décrivais la guerre idéologique à gauche et tentais une typologie des courants de pensée qui s’y affrontent. Comme je ne suis pas sectaire, il est largement temps de faire le même exercice avec la droite.
Lire la suite Wargame idéologique à droite

Écologie : pour une réponse républicaine

Troisième et dernier billet sur l’écologie. On a démasqué les tartuffes néolibéraux et mis en garde contre les techno-béats, puis rejeté les prophètes d’apocalypse et fustigé la pensée magique. Il est temps maintenant de réfléchir à ce que serait une conception humaniste et républicaine de l’écologie.

Il y a une affinité presque « naturelle » du républicanisme pour les enjeux environnementaux : importance du bien commun et de l’intérêt général ; édification continue d’un lien entre les morts, les vivants et les à-naître ; responsabilités réciproques de l’individu et de la société ; conception exigeante de la citoyenneté et de la participation à la vie de la Cité ; collégialité et délibération comme méthodes de la décision ; prééminence du politique sur l’économique ; réflexion critique et balancée sur la modernité… Autant de caractéristiques de la pensée républicaine qui devraient la rendre particulièrement à même d’appréhender les questions écologiques, non par l’angle étroit et misérable de la seule économie ni d’une eschatologie bas de gamme, mais bien du point de vue politique.
Nous sommes face à un enjeu de civilisation qui nous impose de proposer une vision claire et cohérente de la société que nous voulons édifier.
Et de cette vision découlent les actions à mettre en œuvre[1].

Lire la suite Écologie : pour une réponse républicaine

Écologie : entre tartuffes et idiots inutiles

Avec le retour du printemps, j’inaugure ici une série de trois petits billets sur l’écologie. Chacun pourra être lu séparément même s’ils forment un tout cohérent.

Le réchauffement planétaire[1] est le plus grave danger qui pèse sur l’homme, ses sociétés et l’ensemble de la planète. Dire que nos générations seront jugées sur leur capacité à y répondre, c’est ne pas comprendre qu’il n’y aura sans doute personne pour nous juger si nous échouons.
Rien de moins.
Et toutes les questions environnementales sont liées : réchauffement planétaire, destruction de la biodiversité, extinction des ressources fossiles et crise énergétique, pollutions, agriculture intensive, malbouffe… Chacune doit recevoir des réponses adaptées, mais aucune ne peut être pensée indépendamment des autres : c’est là l’une des difficultés principales.

Lire la suite Écologie : entre tartuffes et idiots inutiles

Wargame idéologique à gauche

Soyons clair : derrière l’expression « wargame idéologique », je n’entends pas ici les hommes ni les femmes politiques qui s’étripent pour une place au soleil médiatique. Ce ne sont pas non plus les partis dans leurs luttes internes ou externes qui m’intéressent dans ce billet, ou alors à la diagonale de leurs idées… quand ils en ont.

– Bon, ok, mais alors de quoi ça va parler ?!
– D’un truc qui me tient drôlement à cœur : les idéologies.

J’ai déjà écrit combien il est urgent de « réidéologiser » le politique, de réintroduire de la pensée, de s’équiper d’un outillage intellectuel solide et de favoriser la confrontation d’idées différentes. Si la plupart des partis, à gauche comme à droite, présentent, hélas !, un électroencéphalogramme plat, cela ne signifie pas pour autant que tout se résume à un champ de ruine intellectuel.
J’examinerai le cas de la droite plus tard, pour l’instant, observons ce qui se passe à gauche. Ou du moins du côté de ceux qui se définissent comme « de gauche ».

Lire la suite Wargame idéologique à gauche

Le réalisme tyrannique des imbéciles

L’impératif de réalisme me fatigue. Franchement, être réaliste, ça veut dire quoi ? En 40, qui était réaliste : celui qui acceptait la débâcle ou celui qui partait à Londres pour poursuivre le combat ? C’est au nom du « réalisme », du « pragmatisme », tant vantés aujourd’hui, que l’on jugeait préférable de se soumettre et que l’on considérait De Gaulle comme un idéaliste n’ayant rien compris au film. Le réalisme, je le laisse aux petits comptables de sous-préfecture[1] qui ont une calculette à la place de l’encéphale.

Lire la suite Le réalisme tyrannique des imbéciles

L’enlèvement d’Europe par les cabris

Fable hommage à un python humaniste

Une grande catastrophe les avait tous hébétés :
Un continent entier avait tenté de se suicider,
Deux fois dans le temps d’une vie d’homme.
Alors, malheureux et perdus, ils se regardaient :
« Qu’avons-nous fait ? » Et ils tournaient dans un sens.
« Qu’allons-nous faire ? » Et ils tournaient dans l’autre.

Lire la suite L’enlèvement d’Europe par les cabris

« Réidologiser » la politique : une urgence !

Le champ politique crève de son inanité intellectuelle. Aucune idée nouvelle, aucun projet de société, aucune vision du monde et de l’homme n’en émerge. On a chanté l’effondrement des idéologies et la fin de l’Histoire, comme autant de bonnes nouvelles. C’est bien à la fin de la pensée que l’on a assisté. Quelles propositions nous font les dirigeants politiques ? À qui ou à quoi se réfèrent-ils ? Sur quoi légitiment-ils leurs discours ? Pourquoi sont-ils à ce point coupés du fourmillement intellectuel que l’on voit dans la « société civile » ?

Lire la suite « Réidologiser » la politique : une urgence !

Valeur, coût et droit du travail

« Le travail coûte trop cher » répètent ad nauseam, sur tous les écrans, les amis du Medef, qu’ils soient de l’UMP, du PS ou d’ailleurs. Alors qu’il n’y a pas si longtemps la mode était à la « valeur travail », voilà que celui-ci est devenu brusquement une charge. Comment a-t-on pu glisser de la « valeur travail » si chère à Nicolas Sarkozy, à l’obsession pour le « coût du travail » ?

En 2007, Nicolas Sarkozy développe tout un discours sur le travail comme activité essentielle qui aurait été dévalorisée, dénigrée, abandonnée par la société (hypothèse purement gratuite dont la démonstration n’a jamais été ne serait-ce qu’effleurée !). Avec son fameux « travailler plus gagner plus », il entend remettre cette « valeur » au cœur de son projet politique. Mais de fait, est-ce bien « travailler plus » qui compte ici ou, plutôt, « gagner plus » ? L’ambiguïté n’est qu’apparente : la fin, c’est le gain, le moyen, c’est le travail. Celui-ci n’a pour but ni l’épanouissement du travailleur, ni le développement de son entreprise, ni l’augmentation de la richesse globale de la société, ni la participation au collectif. Travailler plus POUR gagner plus. Ou, encore une fois, le sarkozysme comme expression pure de la rapacité.

Lire la suite Valeur, coût et droit du travail