
Les forces morales de la France sont paralysées ; les masses se sont retirées de la scène, et l’on se fatiguerait inutilement à chercher le dénouement dans la logique des idées. Quand les drames sont embrouillés à ce point, il n’y a que le deus ex machina qui puisse trouver une issue. C’est un des moments où les peuples sont si las et si désorientés qu’ils laissent à des individus le soin de les sauver. Ce n’est pas qu’il n’y ait de grandes et d’extraordinaires choses à faire, mais les masses n’ont plus l’inspiration de ces choses-là ! Il dépend de quelques hommes de relever et de sauver l’humanité.
Lettre d’Edgar Quinet à son ami Jules Michelet, Bruxelles, 23 novembre 1852
« Las et désorientés ». On ne saurait mieux dire. Collectivement et individuellement, nous sommes las. Et désorientés. Et nous ne pouvons guère compter sur un quelconque deus ex machina pour nous « relever » : il n’existe plus de Clemenceau ni de de Gaulle pour sauver la nation. Nos héros sont des nains ; toute grandeur est depuis longtemps congédiée. Sinistres temps.
Lire la suite…


