Fraternité

Le Serment des Horaces, Jacques-Louis David (1784-1785)

Homo sum nil hominum a me alienum puto
Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger
Térence, L’Héautontimorouménos

Peut-être la grossièreté est-elle la seule incarnation vraie et complète de la fraternité de nos jours.
Gary, L’affaire homme

Le troisième terme de notre devise, qui la conclut et donc l’ouvre ou la clôt, semble toujours un peu décalé par rapport au deux autres, à un autre niveau. Nul débat enflammé, comme à propos de la liberté ; aucune attaque de front, comme au sujet de l’égalité ; tout juste une forme de dédain envers un concept qui passe aisément pour naïf ou illusoire à ses détracteurs… et même, in petto, à certains de ses défenseurs. La fraternité se trouve ainsi reléguée au second plan, comme effacée par le bruit et la fureur que les deux autres principes ou concepts génèrent dans la pensée et dans la discussion. Sans doute parce que la liberté et l’égalité appartiennent pleinement au domaine politique alors que la fraternité se conçoit intuitivement ailleurs, en-deçà ou au-delà du politique. Au point que l’équilibre de la devise puisse être remis en cause par cet ajout en apparence hétérogène.

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Égalité

Séance de la Nuit du 4 Août 1789, Charles Monnet

La première et la plus vive des passions que l’égalité des conditions fait naître, je n’ai pas besoin de le dire, c’est l’amour de cette même égalité.
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique II

Le deuxième terme de notre devise républicaine en est la clef de voûte. Et pourtant, des trois concepts, l’égalité est sans doute celui qui subit le plus d’attaques de front car, si personne ne se déclare ouvertement contre la liberté, les opposants assumés à l’égalité ne sont pas rares. Mais faut-il encore savoir de quoi l’on parle puisque, au moins autant que la liberté, l’égalité fait l’objet de tant de détournements de sens qu’il devient difficile de s’y retrouver.

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Tyrannie de la minorité

déclaration dh 1789
Article premier : « Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »

En démocratie, la crainte est toujours justifiée d’une « tyrannie de la majorité » [1]. Or on assiste aujourd’hui à une autre forme d’asservissement : celle de l’espace public par les revendications identitaires de minorités, ou plutôt d’individus se considérant comme discriminés selon une dimension de leur être qu’ils affirment à la fois essentielle et minoritaire. La lutte contre les discriminations, en temps normal parfaitement légitime, se trahit et laisse place à des revendications agressives, l’affirmation du droit à la différence basculant dans l’exigence d’une différence de droits à raison d’une identité unidimensionnelle fantasmée.
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