Si l’état de nature est toujours présenté comme une hypothèse dans laquelle les hommes vivent en-dehors de tout rapport civil, alors se pose la question : comment est-on passé de cet état à l’état civil que l’on connaît ? La théorie du contrat social apporte la réponse à ce problème. Pour ses premiers penseurs, elle est d’abord destinée à combattre et à remplacer la doctrine du droit divin dans laquelle le pouvoir politique prend son origine en Dieu. En établissant que le fondement de l’autorité se trouve non plus dans une transcendance mais dans la libre acceptation contractuelle des sujets d’obéir au souverain, la théorie du contrat social ouvre la voie à l’expression des libertés individuelles face au Prince, dorénavant soumis à des devoirs inscrits dans le pacte (et porte donc en elle le droit de résistance). Portant, la théorie du contrat social peut aussi servir de justification à l’absolutisme du souverain monarque (Hobbes), ou à la souveraineté populaire d’une République (Rousseau). Chaque auteur conçoit donc sa version, en variant les contractants et les termes du contrat, afin de légitimer ses propres vues sur la nature et l’étendue du pouvoir politique.
Sommaire
Jurisconsultes du droit naturel : le pacte de soumission
Hobbes : le contrat social au service de l’absolutisme
Locke : liberté individuelle et droit de résistance
Rousseau : la souveraineté des citoyens
– Le contrat social
– La liberté civile
– La volonté générale