Immigration : le temps de la lucidité ?

Les Émigrants, Honoré Daumier (1857)

S’il est un sujet saturé d’affect et d’idéologie alors qu’il devrait être traité avec la plus grande rigueur et pour seules boussoles la raison et nos principes républicains, c’est bien l’immigration. Instrumentalisée, manipulée au service d’intérêts particuliers et d’ambitions politiques personnelles, la question de l’immigration nous renvoie au visage la vanité et la médiocrité de notre classe politique, incapable de s’en saisir sérieusement, et creuse les fractures béantes au sein de notre nation. Pourrait-on, enfin, montrer un minimum de lucidité et la traiter à la hauteur des enjeux politiques, culturels, économiques et sociaux qu’elle charrie ?

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Another one bites the dust

Et un autre mord la poussière : Bayrou Premier ministre, c’est fini. Je ne me fais guère de souci pour lui : aussi écorché soit-il, l’animal politique saura panser ses plaies et retrouver à Pau ou ailleurs de quoi poursuivre sa vie politique. Comme son prédécesseur Barnier ; comme tant d’autres. Et pendant ce temps, nous continuons de nous enfoncer, toujours plus profond.

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Les rabat-joie

Bacchus, Le Caravage (Vers 1598)

Amis Français, rions ! boustifaillons ! baisons ! jouissons ! aimons ! Ne nous laissons plus emmerder par les rabat-joie apôtres du sépulcral réalisme, par les peine-à-jouir boursouflés de moraline, par les curés froids des identités sclérosées ! À force de les subir, de dépression, même une araignée finirait par se pendre à un fil de sa toile ! Tous : les zèlèfistes et les zécologistes, les gauchistes et les wokistes, les zemmouriens et les bons Aryens, les macronards et les droitards… tous prêchent leurs religions de souffrance et de mort – identitaires de « gauche » et de « droite » comme néolibéraux du « centre » : tous. Qu’ils nous vendent leur grise austérité au nom de l’Économie ou de l’Écologie, leurs raisons raisonnables et rationnelles raisonnent à vide – la seule obsession de ces pisse-froid : la douleur. Enfin, surtout la nôtre.

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Si seuls

Automat, Edward Hopper (1927)

« Quand je vous lis, je me sens moins seul. »
Il m’arrive de recevoir des compliments par des lecteurs de ces carnets ; si tous me touchent, celui-là m’atteint peut-être le plus. Quel paradoxe : comment pouvons-nous être si nombreux à nous sentir si… seuls ?
Comme une impression de tourner en rond, de prêcher dans le désert. Car « nombreux », c’est encore beaucoup dire : parmi les quelques-uns qui passent plus ou moins régulièrement par ici, tous ne ressentent pas cette solitude. Et encore : la ressentiraient-ils tous, combien de divisions ? que serions-nous dans cette communion négative par rapport à l’extase épiphanique des millions de fans que subjugue la première influenceuse tiktokeuse à faux ongles venue. Double vertige des grands nombres et de la bêtise.

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La question sociale est-elle vraiment réglée ?

Le Jeune Mendiant, Bartolomé Esteban Murillo (1645-1650)

La pauvreté progresse en France. 62 % des Français l’ont déjà connue ou frôlée ; 52 % ne gagnent pas suffisamment pour épargner ; 47 % ont du mal à régler leurs factures d’énergie ; 16 % se battent contre un découvert permanent. Sur un peu plus de 68 millions de Français, 9,1 millions vivent avec moins de 1 216 € par mois, soit le seuil de pauvreté. Et l’on monte à 11,2 millions de pauvres si l’on intègre les personnes « hors logement ordinaire », pour reprendre les catégories de l’Insee. Si le taux de pauvreté en France est légèrement inférieur à celui de l’Union européenne, l’institut de statistique montre que, depuis les années 2000, les inégalités ont augmenté et que le patrimoine détermine bien plus le niveau de richesse que le travail – et encore, les données utilisées ne vont que jusqu’en 2021-2022. L’augmentation des revenus ne suffit pas à compenser l’inflation… qui, elle-même, ne mesure que très imparfaitement ce que vivent réellement les gens.

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Pour un républicanisme radical

Papier peint révolutionnaire décorant la salle de réunion du Comité de Salut public

Extirper le mal à la racine.

Appeler à un « républicanisme radical », c’est sonner le rassemblement – au nom d’une vision du monde qui, bien qu’elle prenne (ou plutôt parce qu’elle prend) sa source aux origines de notre civilisation, n’a rien perdu de sa puissance ni de sa pertinence. Un appel au rassemblement, donc. Car nos adversaires sont nombreux ; et nos ennemis peut-être plus encore. Les premiers veulent notre défaite dans l’arène politique ; les seconds ne désirent que notre mort. Sans nous enivrer de niais fantasmes eschatologiques, nous devons prendre la mesure existentielle de nos combats.

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Les mondes parallèles

Le Visage de la guerre, Salvador Dali (1940) – Musée Boijmans Van Beuningen (Rotterdam)

Pas question ici d’un amusant spectacle de science-fiction à la manière du multivers Marvel. Quoique. Si, de ce côté de l’écran, aucun justicier en collant, cape ni armure ne traverse les univers parallèles, notre société semble malgré tout bien fragmentée en une multitude de mondes qui s’ignorent ou s’affrontent. Ils sont nombreux à avoir décrit et pensé l’archipel français (Jérôme Fourquet), les fractures sociales et territoriales qui nous enferment et nous morcellent (Christophe Guilluy, Benjamin Morel…), la sécession des élites (Christopher Lasch), la promotion de la diversité et des minorités au détriment de l’égalité (Walter Benn Michaels), etc. : dire que l’on ne sait pas serait mentir. Et pourtant, rien ne paraît enrayer ce processus profond de dislocation à l’œuvre. Au contraire, les bulles d’entre-soi se multiplient et renforcent en leurs membres le refus de l’autre, au prix d’une terrible balkanisation du monde commun.

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Le carnaval des partis

Scène de Carnaval, ou Le Menuet, Giandomenico Tiepolo (1754)
Musée du Louvre, Département des Peintures

Les partis politiques français se livrent à un bal masqué dont plus personne n’est dupe. Dans une entreprise commune d’enfumage généralisé, l’écart entre, d’une part, le positionnement affiché et, d’autre part, les discours, programmes et idéologies, ne cesse de se creuser, à tel point qu’aucun n’occupe sur l’échiquier la place qu’il prétend être la sienne.

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Élections européennes : ah bon, on vote ?

Électeurs le 9 juin 2024
ou Une baignade à Asnières, Georges Seurat (1884)

Le 9 juin prochain, nous devons élire nos représentants au Parlement européen. Ces élections remportent systématiquement la palme de la désaffection et, une fois encore, le désintérêt domine. Entre le dévoiement de la campagne électorale et la rupture consommée entre les institutions européennes et le peuple, le scénario d’un nouveau fiasco se déroule sans accroc.

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Les voleurs d’enfance

The Kid, Charlie Chaplin (1921)

Nos enfants font l’objet de toutes les attentions de bien des bonimenteurs, manipulateurs et autres idéologues qui se livrent une rude concurrence pour emporter le marché des jeunes esprits. Petite galerie de portraits… non exhaustive, hélas !

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