Les (vrais) fascistes de notre temps

Guernica, Pablo Picasso (1937)

Ils ne pensent qu’à ça, ces obsédés ! « FACHOS ! », gueulent-ils à tout-va, du côté de la « gauche », de la « vraie gauche », de la pure, de la dure – même s’il faut reconnaître qu’ils ne sont pas les seuls, sur l’échiquier politique, à se servir de la reductio ad hitlerum comme seule « argumentation » pour discréditer l’autre. L’insulte politique la plus répandue, avec toutes ses variations, selon l’heure et l’humeur, se rapporte toujours à une forme de nostalgie perverse de l’expérience fasciste : « nazis », « bruit de bottes », « heures les plus sombres », « années 30 », etc. ad nauseam et tutti quanti. Lire la suite…

Où sont passés les Gilets jaunes ?

Il Quarto Stato, Giuseppe Pellizza (1901)

Le 10 septembre dernier, le mouvement « On bloque tout » a imaginé reprendre le flambeau des Gilets jaunes d’il y a cinq ans. Et en effet, il semble avoir démarré exactement là où le mouvement populaire d’alors s’était arrêté : dans la violence crapuleuse et la récupération sectaire. Bien loin des aspirations et espérances des premiers révoltés des ronds-points.

Lire la suite…

Démagogues et populistes

Oraison funèbre de Périclès, Philipp Foltz (1877)

Du mouvement d’inspiration socialiste apparu au milieu du XIXe siècle dans la jeunesse dorée russe qui s’attribuait alors un rôle d’avant-garde éducatrice des masses paysannes, ne subsiste aujourd’hui qu’une insulte permettant de rejeter aux marges du politique tous ceux qui osent évoquer les intérêts populaires. Ainsi confond-on la défense du peuple avec le populisme, devenu synonyme de démagogie.

Lire la suite…

La France, ce pays rural

La Moisson, Vincent van Gogh (1888)

On sort de l’autoroute. On ouvre la fenêtre alors que l’on s’engage sur une de ces routes limitées à 80 ou 90 mais sur lesquelles on ne passe la cinquième qu’avec étonnement, comme par erreur ou par inadvertance. Une de ces départementales encadrées de platanes ou de sapins, dont le nom sonne comme un matricule à trois, voire quatre chiffres, mais que tout le monde, dans le coin, connaît comme les routes « de chez la Martine », « des grangettes » ou « du puits-au-cochon », et sur les bords desquelles des panneaux annoncent à l’avance chaque hameau, chaque lieu-dit, chaque ferme.

Lire la suite…

Le carnaval des partis

Scène de Carnaval, ou Le Menuet, Giandomenico Tiepolo (1754)
Musée du Louvre, Département des Peintures

Les partis politiques français se livrent à un bal masqué dont plus personne n’est dupe. Dans une entreprise commune d’enfumage généralisé, l’écart entre, d’une part, le positionnement affiché et, d’autre part, les discours, programmes et idéologies, ne cesse de se creuser, à tel point qu’aucun n’occupe sur l’échiquier la place qu’il prétend être la sienne.

Lire la suite…

La mort des partis ?

Soir bleu, Edward Hopper (1914)

Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice.
Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques

Balayés, les vieux partis du XXe siècle ! Ou du moins ce qui faisait figure d’héritiers du jadis puissant PCF et du central centrisme démocrate-chrétien ou rad-soc qui, les premiers, déclinèrent ; et puis, surtout, des deux grands partis qui, les éclipsant, animèrent longtemps la vie politique française : la SFIO/PS main dans la main avec les diverses mutations historiques du parti (post)gaulliste. Tous les grands partis d’hier sont subclaquants.

Lire la suite…

RN : la grande illusion

Le RN de Marine Le Pen n’est pas le FN de Jean-Marie Le Pen. La petite entreprise familiale a bien changé.
Certains, pourtant, préfèrent feindre de croire le contraire et garder leurs vieux réflexes – aussi contreproductifs soient-il. Beugler « nazis » à chaque apparition médiatique de cadres ou militants de ce parti ne sert à rien, sinon à se faire plaisir. Il y a beaucoup d’onanisme chez les autoproclamés « antifascistes ».
D’autres,  a contrario, pourraient se laisser tenter par le chant qu’entonnent les sirènes du RN. Sensibles aux discours en rupture évidente avec ceux que le parti tenait du temps du fondateur, ils pensent y voir la résurgence d’un républicanisme tombé en disgrâce dans tout le reste du champ partisan. Poudre aux yeux ou révolution idéologique ?

Lire les suite…

Le bruit et le silence

Photos : AFP

Il y a cinq ans et demi, déjà, j’expliquais que « Mélenchon et Le Pen, ce n’est pas pareil ! ». Depuis cette époque, Macron a été élu, Mélenchon et Le Pen vaincus, Macron a dirigé le pays pendant cinq ans, Mélenchon a sombré dans les vertiges identitaires, Le Pen a survécu aux défections et aux attaques de son propre camp, Mélenchon a éliminé tous ses « amis » et s’est autoproclamé seul représentant de « la gauche », Macron a été réélu, Mélenchon et Le Pen de nouveau vaincus, Mélenchon a fondé la NUPES, Le Pen a changé le nom du parti familial, Mélenchon a fait passer sa défaite aux législatives pour une victoire pendant que Le Pen obtenait, elle, un succès historique.

Lire la suite…

Quels extrêmes ?

468px-caravaggio_-_medusa_-_google_art_project
Méduse, Le Caravage (1597-1598)

« Extrême droite », « extrême gauche » : les expressions sont bien ancrées dans l’imaginaire politique collectif. Lieux communs, elles charrient images et références historiques et provoquent des réflexes pavloviens de rejet. Elles situent immédiatement individus et partis qui en sont qualifiés sur l’échiquier politique. Ou plutôt en-dehors de lui : de l’autre côté de frontières invisibles mais unanimement admises – les fameux « cordons sanitaires » et autres « fronts républicains ».
Lire la suite…

2022 : le carnaval des élections

640px-le_combat_de_carnaval_et_de_carc3aame_pieter_brueghel_l27ancien
Le combat de Carnaval et de Carême, Pieter Brueghel l’Ancien (1559)

Nous sortons, enfin, de ce cycle d’élections qui devrait nous faire honte. Le rituel détourné en spectacle ne sert ni la démocratie ni la république mais les enterre dans l’indifférence générale. S’ouvre maintenant un nouveau quinquennat qui s’annonce bien pire encore que le précédent. Youpi.

*

Faut-il vraiment retenir quelque chose de ces résultats politiquement pathétiques ? Essayons…
Lire la suite…