Paris vaut bien une messe

Entrée de Henri IV à Paris le 22 mars 1594, François Gérard (1817)

Les prochaines municipales devraient être l’occasion de rectifier les aberrations des dernières élections, organisées en pleine crise du Covid, avec une campagne biaisée et un taux d’abstention record. Bien que sa légitimité fût très contestable, l’équipe municipale a saccagé Paris en toute sérénité jusqu’à aujourd’hui. Dans quelques mois, les Parisiens pourront donc se prononcer sur cette politique et choisir, peut-être, une autre voie pour leur ville. D’autant que la capitale, comme Lyon et Marseille, est enfin rentrée dans le droit commun et qu’il est dorénavant possible d’élire les maires de ces trois villes hors des scrutins d’arrondissements, l’ancienne loi PLM étant aussi bancale qu’injuste. Dans ces conditions, un candidat pas complètement stupide – mais n’est-ce pas déjà trop demander ? – pourrait aisément gagner une immense majorité de Parisiens, en répondant à leurs aspirations avec un programme très simple autour de trois idées : sécurité, propreté, beauté.

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Complicités coupables : les traîtres à la nation

Samson et Dalila, Le Guerchin (1654)

À VENDRE !
Dirigeant politique français doté d’un important carnet d’adresses et dénué de toute conscience ou colonne vertébrale,
prêt à servir n’importe quelle cause étrangère contre les intérêts de la nation.
Allégeances multiples possibles.
Toutes les offres seront examinées sans a priori et avec la plus grande bienveillance.

Ah ! Ils sont nombreux à pouvoir déposer ce genre d’offre de services, nos représentants de la nation qui représentent bien plus sûrement les intérêts de leurs mécènes étrangers ; nombreux à être prêts à tapiner n’importe quel pouvoir ennemi du moment que ça remplit la gamelle ; nombreux à n’avoir que la reptation pour vision et la trahison pour politique.

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Libérez Boualem Sansal !

Man in prison, Johann Adam Ackermann (1833)

Le 16 novembre dernier, le régime algérien arrêtait Boualem Sansal à son arrivée à l’aéroport. Depuis, l’écrivain âgé de 75 ans et atteint d’un cancer croupit en prison. Il a attendu plus de quatre mois pour que se tienne, le jeudi 20 mars, son procès devant le tribunal de Dar El Beida – un « procès » qui n’a duré qu’une vingtaine de minutes et s’est appuyé sur des conversations privées volées dans son téléphone et son ordinateur –, au cours duquel ont été requis dix ans de prison et un million de dinars d’amende (soit environ 7 000 euros) pour « atteinte à l’unité nationale, outrage à corps constitué [i.e. insulte envers l’armée], atteinte à l’économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité nationales », échappant à l’accusation d’« intelligence avec l’ennemi », un temps retenue mais finalement écartée. Une semaine plus tard, le jeudi 27 mars, le verdict est tombé : Boualem Sansal est condamné à cinq ans de prison ferme et à une amende d’un demi-million de dinars.

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Les trahisons des élus

Il ne faut pas grand-chose pour qu’un rituel tourne à la mascarade. Pour que le sacré se profane et que ce qui devrait être choyé ne mérite que d’être raillé. Pour que la ferveur cède à l’amertume. L’élection, procédure symbolique centrale dans nos démocratie modernes – au point que beaucoup, à tort, confondent les deux concepts – est viciée. L’abstention fait gloser, les élus sont méprisés, la représentation n’en finit pas d’être « en crise » (comme si cela voulait dire quoi que ce soit)… mais l’inertie a ceci de confortable qu’elle évite de penser et d’agir. Chaque génération d’élus peut ainsi se montrer plus médiocre que la précédente et trahir plus ouvertement la nation sans que cela n’émeuve grand monde.

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La République à chaque coin de rue

Devise républicaine

Partout où l’État s’est retiré, les mafias identitaires et/ou criminelles se sont installées, encouragées par les dévots du saint-marché. Face à l’extension du domaine du caïdat, mais aussi, plus généralement, pour sortir la France du marasme dans lequel l’ont plongée des décennies de néolibéralisme (les deux sont liés), une seule politique sérieuse et digne est possible : un réinvestissement massif de la République et de l’État. Pour cela, les politiques dites de la ville et de l’aménagement du territoire doivent être reprises en main avec ce seul objectif : « la République à chaque coin de rue ». Lire la suite…

Ma première grève

Pour la première fois, jeudi 9 janvier 2020, j’ai fait grève. Non que l’envie m’en ait manqué auparavant, ayant eu moult occasions et bonnes raisons de participer à d’autre mouvements de protestation contre des mesures gouvernementales iniques ou pour manifester une colère civique à l’encontre d’évolutions qui me semblaient néfastes. Trois raisons m’ont conduit à débuter ainsi l’année, trois écœurements qui ont justifié ce geste symbolique : la réforme des retraites, la destruction des services publics et la politique menée par le pouvoir actuel.
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Malaise dans la représentation : 5. Élection

Parce que la forme contemporaine de démocratie représentative repose sur l’élection régulière et ritualisée de représentants par les citoyens, le vote tend à s’imposer dans l’imaginaire comme synonyme de démocratie. Or, on ne le répètera jamais assez : la démocratie n’est pas réductible au seul rituel du vote pour des représentants et, réciproquement, l’élection n’appartient pas par essence au seul domaine de la démocratie. Si leur intersection est non-vide, chacun des deux concepts excède ce qu’ils ont en commun et confondre les deux, par malice ou paresse, demeure une faute intellectuelle autant que politique [1].
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Le cirque des jeux

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Les JO 2024 se tiendront à Paris. Youpi. Tout le monde est content de vivre cette grande communion internationale dans le sport !
Tout le monde ? Non !
En réalité, ces jeux sont une très très mauvaise nouvelle…

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De la vertu en République

Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu
Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu

C’est dans le gouvernement républicain que l’on a besoin de toute la puissance de l’éducation. La crainte des gouvernements despotiques naît d’elle-même parmi les menaces et les châtiments ; l’honneur des monarchies est favorisé par les passions, et les favorise à son tour ; mais la vertu  politique est un renoncement à soi-même, qui est toujours une chose très pénible.
On peut définir cette vertu, l’amour des lois et de la patrie. Cet amour, demandant une préférence continuelle de l’intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières ; elles ne sont que cette préférence.
Cet amour est singulièrement affecté aux démocraties. Dans elles seules, le gouvernement est confié à chaque citoyen. Or le gouvernement est comme toutes les choses du monde ; pour le conserver, il faut l’aimer.

(Montesquieu [1])

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Les lectures de Cinci : le règne des médiocres

La Médiocratie, Alain Deneault, Lux, 2015.

1776045-gfLe livre en deux mots

Le philosophe et professeur de science politique à Montréal Alain Deneault pourfend avec une joyeuse ironie l’extension du domaine de la médiocrité. S’attaquant successivement aux mondes 1/ de l’université et de l’expertise, 2/ des grandes entreprises et de la finance, et 3/ de la culture, il décrit un paysage ravagé par la rapacité et l’égoïsme, valeurs cardinales du néolibéralisme. Ce regard, porté depuis le Canada, offre une perspective salutaire. Lire la suite Les lectures de Cinci : le règne des médiocres