La France provincialisée

Mappe-Monde, Guillaume Delisle (1700)

On peut, on doit, remercier, louer, embrasser Donald Trump. On peut, on doit, se réjouir du boulevard gigantesque qu’il ouvre : un boulevard aussi large qu’un chemin de crête, un boulevard aussi sûr que les Champs-Élysées – ceux d’aujourd’hui, bien sûr – après 23h ; oh ! pas la Porte de la Chapelle ni Stalincrack, hein, non : les Champs-Élysées, la « plus belle avenue du monde », n’est-ce pas, – mais de quel monde ? – ; mais un boulevard quand même qu’on aurait tort de ne pas emprunter pour devenir, pour redevenir, pour être encore un peu, encore une fois, une fois seulement, ce phare, cette boussole, ce repère qu’on a été – avant.

Sauf que non.

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Another one bites the dust

Et un autre mord la poussière : Bayrou Premier ministre, c’est fini. Je ne me fais guère de souci pour lui : aussi écorché soit-il, l’animal politique saura panser ses plaies et retrouver à Pau ou ailleurs de quoi poursuivre sa vie politique. Comme son prédécesseur Barnier ; comme tant d’autres. Et pendant ce temps, nous continuons de nous enfoncer, toujours plus profond.

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La France et ses Juifs

L’olivier planté en hommage à Ilan Halimi, tronçonné dans la nuit du 13 au 14 août.

Depuis le pogrom du 7 octobre 2023 – le pire assassinat de Juifs de toute la période qui nous sépare de la Deuxième Guerre mondiale –, nous assistons à une dramatique multiplication des actes antisémites. Tout particulièrement en Occident, en Europe… et en France.

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Notre patrimoine saccagé

Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruines, Hubert Robert (1796)

À chaque manifestation collective de joie ou de colère, une foule plus ou moins nombreuse se rassemble sur la place de la République à Paris puis laisse, dans son reflux, un monument violenté, sali, abîmé. La statue subit ainsi des détériorations, insupportables d’au moins trois points de vue : financier (les coûts des restaurations répétées pèsent indûment sur la collectivité alors que seuls les coupables devraient payer), patrimonial (le monument souffre de ces dégradations, chaque nettoyage érode un peu plus la pierre et certaines peintures utilisées dans les tags restent incrustées dans le bronze) et symbolique (souiller l’allégorie de la République témoigne d’une haine profonde de la France). Le symbole de la République devient ainsi celui de tout notre patrimoine, à la fois méprisé et saccagé.

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Émeutes urbaines : les bons, les brutes et les truands

Destin des Empires – La Destruction, Thomas Cole (1836)

Samedi 31 mai 2025, victoire d’un club de football, le Paris Saint-Germain, dans une quelconque compétition ploutocratique. Onze millionnaires incultes, payés pour jouer à la baballe par un pays ennemi de la France, qui finance les déstabilisations et attentats islamistes qui ont tué des centaines de Français ces dernières années, ont gagné. Grand bien leur fasse. Dans la foulée : comme tout le monde s’y attendait – et s’ils avaient perdu, ç’aurait été la même chose –, des hordes violentes ont déferlé sur les Champs-Élysées pour tout saccager sur leur passage, détruire du mobilier urbain, vandaliser des bâtiments publics et privés, incendier des voitures, piller des boutiques et, le plus amusant aux yeux de ces adeptes de l’adrénaline pour tromper l’ennui, affronter policiers et pompiers à coups de mortiers d’artifices. Il paraît que ça s’appelle « faire la fête ». Cette manière de « faire la fête » ressemble à s’y méprendre à celle que les mêmes emploient pour « protester contre l’injustice » ou pour « manifester leur colère ». Manque d’imagination ? Quel que soit le prétexte, depuis les émeutes de 2005, en passant par celles qui ont achevé le mouvement des Gilets jaunes ou celles de 2023, nous subissons régulièrement ces bouffées de violence. Au point de nous habituer ?

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Les crises de l’autorité

La Mort de Socrate, Jacques-Louis David (1787)

Un député de la Nation frappe un proviseur adjoint de lycée et une CPE, il écope d’une amende de 5 000 euros… qu’il paie donc avec l’argent du contribuable. Voilà ce que vaut aujourd’hui l’autorité de l’institution scolaire : 5 000 euros et le mépris violent de la représentation nationale.
Un député de la Nation achète des drogues dures avec son indemnité parlementaire à un mineur, non seulement il ne démissionne pas mais il est même montré en exemple par son parti et n’écope que d’une peine de 1 000 euros… qu’il paie donc lui aussi avec l’argent du contribuable. Voilà ce que vaut aujourd’hui l’autorité de la loi : 1 000 euros et le mépris goguenard de la représentation nationale.
Et ainsi de suite, ad nauseam.

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La question sociale est-elle vraiment réglée ?

Le Jeune Mendiant, Bartolomé Esteban Murillo (1645-1650)

La pauvreté progresse en France. 62 % des Français l’ont déjà connue ou frôlée ; 52 % ne gagnent pas suffisamment pour épargner ; 47 % ont du mal à régler leurs factures d’énergie ; 16 % se battent contre un découvert permanent. Sur un peu plus de 68 millions de Français, 9,1 millions vivent avec moins de 1 216 € par mois, soit le seuil de pauvreté. Et l’on monte à 11,2 millions de pauvres si l’on intègre les personnes « hors logement ordinaire », pour reprendre les catégories de l’Insee. Si le taux de pauvreté en France est légèrement inférieur à celui de l’Union européenne, l’institut de statistique montre que, depuis les années 2000, les inégalités ont augmenté et que le patrimoine détermine bien plus le niveau de richesse que le travail – et encore, les données utilisées ne vont que jusqu’en 2021-2022. L’augmentation des revenus ne suffit pas à compenser l’inflation… qui, elle-même, ne mesure que très imparfaitement ce que vivent réellement les gens.

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Pour un républicanisme radical

Papier peint révolutionnaire décorant la salle de réunion du Comité de Salut public

Extirper le mal à la racine.

Appeler à un « républicanisme radical », c’est sonner le rassemblement – au nom d’une vision du monde qui, bien qu’elle prenne (ou plutôt parce qu’elle prend) sa source aux origines de notre civilisation, n’a rien perdu de sa puissance ni de sa pertinence. Un appel au rassemblement, donc. Car nos adversaires sont nombreux ; et nos ennemis peut-être plus encore. Les premiers veulent notre défaite dans l’arène politique ; les seconds ne désirent que notre mort. Sans nous enivrer de niais fantasmes eschatologiques, nous devons prendre la mesure existentielle de nos combats.

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2027 : la dernière chance

Le Pandemonium, John Martin (1841)

Le scénario de la prochaine élection présidentielle semble écrit d’avance avec la victoire annoncée de Marine Le Pen. En tout cas, tout est fait pour que les prédictions sondagières deviennent réalité. Certes, nous pouvons nous attendre à ce qu’un trublion quelconque à la popularité aussi subite qu’artificielle sorte opportunément du chapeau de nos prestidigitateurs médiatiques pour épicer quelque peu une histoire bien plate. Faire monter la sauce tout en connaissant la conclusion : tout cela a pourtant un furieux air de déjà-vu !

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Amateurs ou professionnels de la politique ?

Le Ventre Législatif, Honoré Daumier (1834)

Soyez fiers d’être des amateurs !
Emmanuel Macron, 11 février 2020

Le cri du cœur (on ignorait qu’il en eût un) du Président à « ses » députés moins de trois ans après sa première élection sonnait déjà faux à l’époque. Le « renouvellement » de la classe politique par le macronisme se prétendait la version « gendre idéal » du dégagisme mélenchonien. Or les Français se sont vite aperçus que les promesses n’étaient pas tenues et qu’à la fraîcheur et à la nouveauté s’était substitué un rattrapage (comme au bac) de tout ce que les autres partis possédaient de tocards à la carrière en cul-de-sac, auxquels s’ajoutaient nombre d’opportunistes arrivés là par hasard ou copinage. De ce gloubi-boulga peu enthousiasmant surgissait une telle quantité de bourdes que, pour sauver les apparences, en un tour de passe-passe aux ficelles bien connues, les communicants de l’Élysée eurent cette idée de transformer l’incompétence en qualité. La question du recrutement du personnel politique mérite néanmoins mieux que ces entourloupes à la petite semaine : pour le bien de la Cité, nos dirigeants doivent-ils être des amateurs ou des professionnels de la politique ?

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