Les (vrais) fascistes de notre temps

Guernica, Pablo Picasso (1937)

Ils ne pensent qu’à ça, ces obsédés ! « FACHOS ! », gueulent-ils à tout-va, du côté de la « gauche », de la « vraie gauche », de la pure, de la dure – même s’il faut reconnaître qu’ils ne sont pas les seuls, sur l’échiquier politique, à se servir de la reductio ad hitlerum comme seule « argumentation » pour discréditer l’autre. L’insulte politique la plus répandue, avec toutes ses variations, selon l’heure et l’humeur, se rapporte toujours à une forme de nostalgie perverse de l’expérience fasciste : « nazis », « bruit de bottes », « heures les plus sombres », « années 30 », etc. ad nauseam et tutti quanti. Lire la suite…

L’homme en souffrance (Jo Zefka)

À propos d’Épuisé, de Johann Margulies (éditions de l’Observatoire, 2025)

Ce billet est une histoire d’amitiés. D’abord, celle qui me lie depuis de nombreuses années à Jo Zefka, l’une de ces trop rares personnes qui font que les réseaux dits sociaux ne sont pas seulement un immonde cloaque ; ensuite, celle que j’entretiens depuis aussi longtemps avec Johann Margulies, le premier auteur invité à avoir publié un billet dans ces carnets et dont l’humour, l’intelligence et l’humanité n’ont rien à envier à ceux du précédent ; enfin, et peut-être surtout, celle entre ces deux-là, qui a donné naissance à cette très belle recension par le premier du livre écrit par le second : Épuisé. Jo a lu l’ouvrage aussi profond que bouleversant de Johann – le récit à la fois intime, philosophique et politique de sa maladie. Ensemble, avec ce billet et ce livre, ils nous font des cadeaux précieux. Il faut lire ce texte de Jo ; il faut lire le bouquin de Johann.

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Paris vaut bien une messe

Entrée de Henri IV à Paris le 22 mars 1594, François Gérard (1817)

Les prochaines municipales devraient être l’occasion de rectifier les aberrations des dernières élections, organisées en pleine crise du Covid, avec une campagne biaisée et un taux d’abstention record. Bien que sa légitimité fût très contestable, l’équipe municipale a saccagé Paris en toute sérénité jusqu’à aujourd’hui. Dans quelques mois, les Parisiens pourront donc se prononcer sur cette politique et choisir, peut-être, une autre voie pour leur ville. D’autant que la capitale, comme Lyon et Marseille, est enfin rentrée dans le droit commun et qu’il est dorénavant possible d’élire les maires de ces trois villes hors des scrutins d’arrondissements, l’ancienne loi PLM étant aussi bancale qu’injuste. Dans ces conditions, un candidat pas complètement stupide – mais n’est-ce pas déjà trop demander ? – pourrait aisément gagner une immense majorité de Parisiens, en répondant à leurs aspirations avec un programme très simple autour de trois idées : sécurité, propreté, beauté.

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La France provincialisée

Mappe-Monde, Guillaume Delisle (1700)

On peut, on doit, remercier, louer, embrasser Donald Trump. On peut, on doit, se réjouir du boulevard gigantesque qu’il ouvre : un boulevard aussi large qu’un chemin de crête, un boulevard aussi sûr que les Champs-Élysées – ceux d’aujourd’hui, bien sûr – après 23h ; oh ! pas la Porte de la Chapelle ni Stalincrack, hein, non : les Champs-Élysées, la « plus belle avenue du monde », n’est-ce pas, – mais de quel monde ? – ; mais un boulevard quand même qu’on aurait tort de ne pas emprunter pour devenir, pour redevenir, pour être encore un peu, encore une fois, une fois seulement, ce phare, cette boussole, ce repère qu’on a été – avant.

Sauf que non.

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Immigration : le temps de la lucidité ?

Les Émigrants, Honoré Daumier (1857)

S’il est un sujet saturé d’affect et d’idéologie alors qu’il devrait être traité avec la plus grande rigueur et pour seules boussoles la raison et nos principes républicains, c’est bien l’immigration. Instrumentalisée, manipulée au service d’intérêts particuliers et d’ambitions politiques personnelles, la question de l’immigration nous renvoie au visage la vanité et la médiocrité de notre classe politique, incapable de s’en saisir sérieusement, et creuse les fractures béantes au sein de notre nation. Pourrait-on, enfin, montrer un minimum de lucidité et la traiter à la hauteur des enjeux politiques, culturels, économiques et sociaux qu’elle charrie ?

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Où sont passés les Gilets jaunes ?

Il Quarto Stato, Giuseppe Pellizza (1901)

Le 10 septembre dernier, le mouvement « On bloque tout » a imaginé reprendre le flambeau des Gilets jaunes d’il y a cinq ans. Et en effet, il semble avoir démarré exactement là où le mouvement populaire d’alors s’était arrêté : dans la violence crapuleuse et la récupération sectaire. Bien loin des aspirations et espérances des premiers révoltés des ronds-points.

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Le blues du manager

Nighthawks, Edward Hopper (1942)

Remets-m’en un, Sam, ne laisse pas venir la sécheresse, j’veux pas la sentir. Pas maintenant. Pas ce soir. Pourquoi je fais la gueule ? Tu veux dire : aujourd’hui en particulier ? Bof. Peut-être parce qu’on a beau être misanthrope, il reste toujours un peu d’humanisme au fond de soi pour continuer de désespérer. Des mots… oui, des mots. Et alors ? Tu en veux encore, des mots ? Je vais t’en donner, moi, des mots. Assez pour faire des histoires. Mais attention : des mauvaises histoires, des petites, des banales, des un peu minables. Des histoires qu’on n’a pas envie de raconter. Ni d’entendre surtout. Des histoires qui ont honte d’être. Et pourtant.

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Complicités coupables : les traîtres à la nation

Samson et Dalila, Le Guerchin (1654)

À VENDRE !
Dirigeant politique français doté d’un important carnet d’adresses et dénué de toute conscience ou colonne vertébrale,
prêt à servir n’importe quelle cause étrangère contre les intérêts de la nation.
Allégeances multiples possibles.
Toutes les offres seront examinées sans a priori et avec la plus grande bienveillance.

Ah ! Ils sont nombreux à pouvoir déposer ce genre d’offre de services, nos représentants de la nation qui représentent bien plus sûrement les intérêts de leurs mécènes étrangers ; nombreux à être prêts à tapiner n’importe quel pouvoir ennemi du moment que ça remplit la gamelle ; nombreux à n’avoir que la reptation pour vision et la trahison pour politique.

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Une jeune fille meurt

Depuis plus d’un mois, une image me hante. Celle d’une toute jeune femme, à peine sortie de l’adolescence, recroquevillée sur son siège de métro, les genoux remontés jusqu’au menton, les mains crispées autour du cou, le regard ivre de terreur, qui se voit mourir, seule au milieu de la foule, sans comprendre pourquoi elle, ici et maintenant.

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On assassine en politique

L’assassinat de Lincoln (vers 1900)

Charlie Kirk, 31 ans, figure médiatique de la droite trumpienne, a été assassiné le 10 septembre à Orem, ville d’environ 100 000 habitants au sud de Salt Lake City dans l’Utah.
Il a été assassiné alors qu’il discutait avec des étudiants au sein de l’université d’Utah Valley, dans le cadre d’une conférence-débat.
Il a été assassiné d’une balle dans le cou.
Il a été assassiné devant sa famille.
Il a été assassiné en raison de ses idées.

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