
La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire.
Romain Gary, Europa
La fin d’une civilisation, c’est d’abord la prostitution de son vocabulaire.
Romain Gary, Europa
L’exécutif
Le Président et le gouvernement ont décidé d’utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution française pour clore la séquence politique déplorable que nous vivons avec cette réforme des retraites. Qu’ils aient sincèrement pu penser que cela mettrait fin à la crise paraît ahurissant. Comme si la discussion avortée au Parlement pouvait signifier l’extinction de la colère populaire et le « retour à la normale », quoi que cela veuille dire.
Lire la suite…L’agressivité règne depuis longtemps comme mode hégémonique de relation à l’autre – ce qui n’empêche pas que le phénomène continue de croître et de s’aggraver. Tout semble se passer comme si un esprit de suspicion généralisée s’était abattu sur nous.
Lire la suite…D’après le gouvernement, il manquera 12 milliards d’euros au système de retraites en 2027, soit un déficit cumulé d’environ 150 milliards d’euros à dix ans. Il n’y a aucun consensus à propos de ces chiffres (comme l’économie, les projections démographiques relèvent bien plus de l’astrologie que de la science), le gouvernement choisissant soigneusement les scénarios qui lui conviennent alors que différents modèles montrent pour leur part un retour rapide à l’équilibre. Admettons cependant un moment les hypothèses macronistes, largement catastrophistes.
Lire la suite…Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice.
Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques
Balayés, les vieux partis du XXe siècle ! Ou du moins ce qui faisait figure d’héritiers du jadis puissant PCF et du central centrisme démocrate-chrétien ou rad-soc qui, les premiers, déclinèrent ; et puis, surtout, des deux grands partis qui, les éclipsant, animèrent longtemps la vie politique française : la SFIO/PS main dans la main avec les diverses mutations historiques du parti (post)gaulliste. Tous les grands partis d’hier sont subclaquants.
Lire la suite…La Révolution a bon dos ! Fichez-lui la paix ! Cessez donc, quel que soit votre camp politique, de récupérer grossièrement, d’instrumentaliser indûment ce moment si dramatique et si complexe de l’histoire. Lieu commun du débat public, ses évocations n’en sont que plus saturées d’idéologies, au point que les faits disparaissent derrière vos clichés et caricatures.
Lire la suite…Nos représentants ne représentent plus rien ni personne. Plus grave encore : ils déshonorent le Parlement, ils avilissent leur fonction, ils anéantissent le politique.
Lire la suite…Mais qu’ont-ils fait du pamphlet de Paul Lafargue [1] ?
À l’occasion de la nouvelle réforme des retraites voulue par le Président de la République, l’espace public est saturé des empoignades entre bourgeois qui n’ont jamais travaillé de leurs mains. S’opposent dans la stratosphère des néolibéraux qui rêvent de revenir à un XIXe siècle à la Dickens et mitraillent le code du travail et les acquis sociaux au nom de la concurrence de la Chine et du Bangladesh, modèles du genre ; et des gauchistes de salon dont la vision puérile se limite à un monde entièrement voué à la jouissance sans entrave sous la tyrannie bienveillante de la moraline et de la nunucherie. Entre sacralisation et malédiction, l’idée de travail devient l’otage des postures moralisantes.
Lire la suite…L’idée revient aussi régulièrement que les marronniers journalistiques sur le classement des hôpitaux ou les réseaux secrets des francs-maçons : taxons les riches ! Pour financer les retraites, la transition écologique, le remboursement de la dette ou le sauvetage des services publics, ponctionner les plus riches paraît à certains intellectuels, militants et dirigeants politiques la solution à tous les maux de la société – ceci dit, pour d’autres, c’est la suppression pure et simple des impôts ou encore le développement d’applis… personne, visiblement, n’a le monopole du simplisme.
Lire la suite…On se laisse aller à la douce flânerie dans les rayons d’une librairie, que l’on soit entré au prétexte d’un ouvrage particulier à quérir ou simplement pour profiter d’un moment suspendu. La compagnie des livres rappelle celle d’amis fidèles, accompagnés de la cohorte de ceux que l’on ne connaît pas mais que l’on aimerait rencontrer ; les Romains avaient raison : la culture c’est l’art de se faire des amis parmi les morts. Lire la suite…