Les (vrais) fascistes de notre temps

Guernica, Pablo Picasso (1937)

Ils ne pensent qu’à ça, ces obsédés ! « FACHOS ! », gueulent-ils à tout-va, du côté de la « gauche », de la « vraie gauche », de la pure, de la dure – même s’il faut reconnaître qu’ils ne sont pas les seuls, sur l’échiquier politique, à se servir de la reductio ad hitlerum comme seule « argumentation » pour discréditer l’autre. L’insulte politique la plus répandue, avec toutes ses variations, selon l’heure et l’humeur, se rapporte toujours à une forme de nostalgie perverse de l’expérience fasciste : « nazis », « bruit de bottes », « heures les plus sombres », « années 30 », etc. ad nauseam et tutti quanti. Lire la suite…

La France et ses Juifs

L’olivier planté en hommage à Ilan Halimi, tronçonné dans la nuit du 13 au 14 août.

Depuis le pogrom du 7 octobre 2023 – le pire assassinat de Juifs de toute la période qui nous sépare de la Deuxième Guerre mondiale –, nous assistons à une dramatique multiplication des actes antisémites. Tout particulièrement en Occident, en Europe… et en France.

Lire la suite…

Libérez Boualem Sansal !

Man in prison, Johann Adam Ackermann (1833)

Le 16 novembre dernier, le régime algérien arrêtait Boualem Sansal à son arrivée à l’aéroport. Depuis, l’écrivain âgé de 75 ans et atteint d’un cancer croupit en prison. Il a attendu plus de quatre mois pour que se tienne, le jeudi 20 mars, son procès devant le tribunal de Dar El Beida – un « procès » qui n’a duré qu’une vingtaine de minutes et s’est appuyé sur des conversations privées volées dans son téléphone et son ordinateur –, au cours duquel ont été requis dix ans de prison et un million de dinars d’amende (soit environ 7 000 euros) pour « atteinte à l’unité nationale, outrage à corps constitué [i.e. insulte envers l’armée], atteinte à l’économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité nationales », échappant à l’accusation d’« intelligence avec l’ennemi », un temps retenue mais finalement écartée. Une semaine plus tard, le jeudi 27 mars, le verdict est tombé : Boualem Sansal est condamné à cinq ans de prison ferme et à une amende d’un demi-million de dinars.

Lire la suite…

Affaire Daoud : un attentat contre la littérature

Femmes d’Alger dans leur appartement, Eugène Delacroix (1834)

Ce billet a été préalablement publié le 17 février 2025 par Le Point, que je remercie sincèrement.

*

l’art ouvre une plaie infectée d’absence au flanc de la réalité
Romain Gary, Pour Sganarelle

En août dernier, l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud publie Houris, son nouveau roman. Le 2 novembre, j’en débute la lecture ; le 4 novembre, il remporte le prix Goncourt (malgré leur enchaînement chronologique, ces deux événements n’ont probablement pas de relation de cause à effet). J’ai donc lu Houris – ce en quoi je diffère de la plupart de ses critiques.

Lire la suite…

10 ans après Charlie

Nous venons de commémorer le dixième anniversaire du massacre de Charlie Hebdo. Le 7 janvier 2015, aux alentours de 11h30, deux terroristes pénètrent dans les bureaux du journal satirique et y assassinent une partie de l’équipe ainsi que deux policiers. Dans les jours qui suivent, leur complice tue une policière puis quatre personnes dans la prise d’otage de l’Hyper Casher de la porte de Vincennes. Les noms des victimes ne doivent pas être oubliés :

Lire la suite…

Les lectures de Cinci : bourreaux et victimes de l’islamisme

Deux livres remarquables ont paru récemment, qui abordent, chacun à sa manière, le fléau islamiste. Le premier s’intéresse aux bourreaux, féminins en l’occurrence ; l’autre aux victimes, Samuel Paty en particulier. Tous deux doivent être lus, étudiés, discutés pour que nous comprenions enfin, collectivement, ce à quoi nous sommes confrontés et qui sont ceux qui nous ont déclarés leurs ennemis.

Lire la suite Les lectures de Cinci : bourreaux et victimes de l’islamisme

Imagine…

Le Massacre des Innocents, Domenico Ghirlandaio (1485-1490)

Imagine qu’en octobre dernier, après des années de harcèlement à coup de roquettes, d’attentats et d’enlèvements, Daech ait lancé une attaque inouïe contre la France, depuis sa base retranchée à Molenbeek en Belgique, faisant près de 10 000 morts, pas loin de 24 000 blessés et plus de 1 700 otages – non, d’ailleurs, pour bien imaginer, ce n’est même pas la peine de faire une règle de trois entre la population française et la population israélienne (rapport de un à sept) : gardons tels quels les chiffres du 7 octobre… imagine, donc, que Daech ait assassiné plus de 1 400 français, en ait blessé plus de 3 400 et pris en otages plus de 250… c’est déjà pas mal, non ?

Lire la suite…

Les voleurs d’enfance

The Kid, Charlie Chaplin (1921)

Nos enfants font l’objet de toutes les attentions de bien des bonimenteurs, manipulateurs et autres idéologues qui se livrent une rude concurrence pour emporter le marché des jeunes esprits. Petite galerie de portraits… non exhaustive, hélas !

Lire la suite…

Les lectures de Cinci : l’internationale islamiste

Le frérisme et ses réseaux, l’enquête, Florence Bergeaud-Blackler, Odile Jacob, 2023

Le livre en deux mots

Il y a un an, Florence Bergeaud-Blackler publiait le fruit de décennies de travaux sur les Frères musulmans. L’ouvrage a immédiatement provoqué une vague d’insultes et de calomnies contre l’anthropologue, chargée de recherche au CNRS, y compris venant de chercheurs aux accointances pour le moins critiquables. Contrairement à ses adversaires, auteurs de tribunes diffamatoires, j’ai lu ce livre. Et j’invite tout le monde à en faire autant. Lire la suite…

Une bonne guerre ! 4. Les derniers hommes

Le Siège de Paris, Ernest Meissonnier (1884)

23 mars 2…

L’aspiration à un retour à la « vie normale » imprégnait à ce point tous les esprits que la « normalisation » – tel était le nom donné au grand plan de pacification et de réparation dessiné par l’Allemagne et la Russie, avec l’assentiment des États-Unis et de l’Union européenne, afin de sortir de la crise intense qui avait secoué le pays – ne fut pas même discutée. Pas plus que la signature du traité de Versailles qui instaurait une nouvelle Constitution et entérinait, de fait, la disparition de la souveraineté de la France. Officiellement, les institutions de l’Union européenne se chargeaient de la « sauvegarde » politique et économique du pays ; en réalité, le dominion germano-russe en commandait dorénavant les destinées.

Lire la suite…