Le réalisme tyrannique des imbéciles

L’impératif de réalisme me fatigue. Franchement, être réaliste, ça veut dire quoi ? En 40, qui était réaliste : celui qui acceptait la débâcle ou celui qui partait à Londres pour poursuivre le combat ? C’est au nom du « réalisme », du « pragmatisme », tant vantés aujourd’hui, que l’on jugeait préférable de se soumettre et que l’on considérait De Gaulle comme un idéaliste n’ayant rien compris au film. Le réalisme, je le laisse aux petits comptables de sous-préfecture[1] qui ont une calculette à la place de l’encéphale.

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L’enlèvement d’Europe par les cabris

Fable hommage à un python humaniste

Une grande catastrophe les avait tous hébétés :
Un continent entier avait tenté de se suicider,
Deux fois dans le temps d’une vie d’homme.
Alors, malheureux et perdus, ils se regardaient :
« Qu’avons-nous fait ? » Et ils tournaient dans un sens.
« Qu’allons-nous faire ? » Et ils tournaient dans l’autre.

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Je suis Charlie

Pas envie d’écrire. Seulement de pleurer.

Mais il faut se forcer : dégueuler les mots, noircir les pages, dessiner, parler, murmurer, hurler, rire – vivre. Les faire vivre.

Ils ont été exécutés au nom d’une loi qui se prétend au-dessus des lois des hommes.

Des hommes ont décidé que d’autres hommes devaient mourir parce qu’ils exprimaient publiquement des idées jugées blasphématoires. Ces assassins ont refusé à leurs victimes le droit de paraître dans l’espace public afin d’y partager leur vision du monde : une vision laïque, provocante, humoristique, portée par un foutu talent.

En France, le blasphème n’est pas un crime, c’est une tradition – un exercice de liberté.

Nous sommes Charlie.

Cincinnatus,

« Réidologiser » la politique : une urgence !

Le champ politique crève de son inanité intellectuelle. Aucune idée nouvelle, aucun projet de société, aucune vision du monde et de l’homme n’en émerge. On a chanté l’effondrement des idéologies et la fin de l’Histoire, comme autant de bonnes nouvelles. C’est bien à la fin de la pensée que l’on a assisté. Quelles propositions nous font les dirigeants politiques ? À qui ou à quoi se réfèrent-ils ? Sur quoi légitiment-ils leurs discours ? Pourquoi sont-ils à ce point coupés du fourmillement intellectuel que l’on voit dans la « société civile » ?

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Paris, une « ville-musée » ? Et pourquoi pas ?

Paris deviendrait une « ville-musée ». Ah ben merde alors ! Je comprends mieux pourquoi tous les matins deux cents touristes étrangers m’entourent pour me prendre en photo !

Bon, sérieusement, c’est quoi cette histoire ?
Ça veut dire quoi, une « ville-musée » ?

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Ils voient des tabous partout

À longueur d’interviews, à droite comme à gauche, au centre comme aux extrêmes : « nous n’avons pas de tabou », « ce n’est pas un tabou » ou encore « il faut faire sauter les tabous ». Pauvres tabous qui n’en demandaient pas tant ! Pourquoi cette haine ? Pourquoi voient-ils des tabous partout ?

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Valeur, coût et droit du travail

« Le travail coûte trop cher » répètent ad nauseam, sur tous les écrans, les amis du Medef, qu’ils soient de l’UMP, du PS ou d’ailleurs. Alors qu’il n’y a pas si longtemps la mode était à la « valeur travail », voilà que celui-ci est devenu brusquement une charge. Comment a-t-on pu glisser de la « valeur travail » si chère à Nicolas Sarkozy, à l’obsession pour le « coût du travail » ?

En 2007, Nicolas Sarkozy développe tout un discours sur le travail comme activité essentielle qui aurait été dévalorisée, dénigrée, abandonnée par la société (hypothèse purement gratuite dont la démonstration n’a jamais été ne serait-ce qu’effleurée !). Avec son fameux « travailler plus gagner plus », il entend remettre cette « valeur » au cœur de son projet politique. Mais de fait, est-ce bien « travailler plus » qui compte ici ou, plutôt, « gagner plus » ? L’ambiguïté n’est qu’apparente : la fin, c’est le gain, le moyen, c’est le travail. Celui-ci n’a pour but ni l’épanouissement du travailleur, ni le développement de son entreprise, ni l’augmentation de la richesse globale de la société, ni la participation au collectif. Travailler plus POUR gagner plus. Ou, encore une fois, le sarkozysme comme expression pure de la rapacité.

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Consentement à l’impôt et justice fiscale

Un sondage OpinionWay montrerait que (c’est d’ailleurs par ces mots que commencent nombre de blagues de sociologues à la machine à café… chacun connaît la crédibilité de cet institut) 37 % des personnes interrogées considèreraient l’impôt comme « une extorsion de fonds ».

Rien que ça !

Je ne demanderai même pas quel crétin bas du front a pu imaginer la question de cette manière, en qualifiant l’impôt d’extorsion de fonds ! Et pourquoi pas un sondage où l’on demanderait si l’argent de poche donné aux enfants, c’est du racket ?!

Plus généralement, ce « sondage » stupide est symptomatique d’un mouvement de fond qui commence à me taper sur le système.

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Je n’aime pas les films de Christopher Nolan

Avertissements : des spoilers peuvent se cacher dans ce billet. Rien de bien méchant mais je préfère prévenir.
Oh ! Et puis certains passages supposent une certaine familiarité avec le cinéma de Nolan.
Ah ! Et puis aucun épis de maïs n’a été blessé pendant la rédaction de ce billet : on n’est pas chez Faulkner, non plus !
Voilà, c’est tout pour les avertissements, on peut commencer.

J’ai découvert Nolan avec Memento que j’avais trouvé à la fois malin et séduisant. Malin dans l’idée et la construction, séduisant dans l’esthétique. Ses films suivants ont confirmé ce jugement : Nolan est un réalisateur talentueux, brillant même. Il maîtrise la technique et la narration. Il sait construire à chaque fois un univers à l’esthétique recherchée et à l’ambiance convaincante. Ses films sont diablement séduisants.

Et pourtant, je ne les aime pas.

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Ce que Sarkozy a fait à la France

Nicolas Sarkozy, qui n’était jamais parti, est revenu… à la tête de l’UMP. Les militants ont réélu celui qui leur avait fait perdre toutes les élections de 2008 à 2012, celui qui avait laissé derrière lui un champ de ruine à la direction du parti en provoquant puis en encourageant la guéguerre Copé-Fillon, celui qui avait ruiné son parti. Et encore ! ce qu’il a fait à son propre parti n’est rien, comparé à ce qu’il a infligé à la France. La présidence de François Hollande a beau être désespérante, cela doit-il faire oublier le quinquennat précédent ? Parmi la myriade de souffrances, parmi les innombrables humiliations que Nicolas Sarkozy a portées au pays, je n’en retiendrai que trois. Trois raisons pour lesquelles, quels que soient les renoncements et les faiblesses de l’actuel Président, si je devais de nouveau choisir entre les deux, je n’hésiterais pas un instant et voterais contre Nicolas Sarkozy.

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